Les entreprises vers la neutralité carbone grâce aux EAC

Plusieurs standards internationaux, notamment celui de l’initiative Science Based Targets (SBTi), incitent les entreprises à atteindre la neutralité carbone. Ces plans ambitieux participent à l’objectif commun, qui est le maintient de la température globale sous la barre de 1,5°C. 

Evidemment, la consommation d’électricité d’origine renouvelable fait partie des démarches incontournables. La SBTi impose par exemple une consommation volontaire d’électricité verte de minimum 85% avant 2025 et 100% avant 2030. Ce point pourrait engendrer un impact considérable sur le marché futur des Energy Attribute Certificates (EAC), car ils sont souvent utilisés pour atteindre ces objectifs.

De nombreux standards reconnaissent et recommandent l’utilisation des EAC comme moyen de progresser vers la neutralité carbone.

Le GHG Protocol : la référence internationale de la comptabilité carbone 

Les grandes multinationales utilisent Le GHG Protocol comme outil de référence. Il leur permet de calculer et recenser leurs émissions carbones annuelles. Pour cela, l’organisation propose un guide pour chaque scope d’émission (scopes 1, 2 et 3), ainsi que de nombreux contenus pour une meilleure compréhension des sujets techniques.

Les scopes d'émissions carbones pour atteindre la neutralité carbone
Source : GHG Protocol

Le scope 2 attribue les émissions indirectes liées à la consommation d’énergies, notamment l’électricité. Dans son guide du scope 2, le GHG Protocol reconnaît l’utilisation d’EAC comme vecteur de réduction des émissions du scope. Si une entreprise utilise des EAC pour consommer 100% d’électricité d’origine renouvelable, elle réduit ainsi son scope 2 à 0 gCO2eq/MWh[1]. Le standard recommande même l’utilisation d’EAC, considérés comme le moyen le plus précis de tracer l’électricité.

La Science Based Target initiative (SBTi) : maintenir le cap sous la barre des 2°C

La SBTi propose aux entreprises des objectifs pour répondre à l’enjeu du réchauffement climatique, en fonction de leur domaine d’activité. Ces objectifs sont conformes aux dernières recommandations scientifiques pour limiter le réchauffement climatique. Si toutes les entreprises d’un secteur d’activité suivent les objectifs fixés par l’organisation, alors ce secteur aura fait le nécessaire, à son échelle, pour maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C. Les entreprises les plus ambitieuses peuvent même suivre une trajectoire sous le 1,5°C.


L’initiative reconnaît bien l’utilisation d’EAC pour attester de la consommation d’électricité renouvelable.

Le Carbon Disclosure Project (CDP) : l’évaluation de l’impact environnemental d’une entreprise

Le CDP note les entreprises internationales sur l’impact environnemental global de leur activité. Trois domaines concernent les entreprises : le changement climatique, l’impact forestier et l’impact sur l’eau. Les entreprises doivent rendre compte de leurs stratégies dans chacune des catégories et faire le bilan de leurs progrès chaque année pour être notées.

Le CDP utilise le GHG Protocol comme source fiable du rapport des émissions carbones. L’utilisation d’EAC est donc reconnu par le CDP dans la notation pour le changement climatique.

La RE100 : la mobilisation internationale qui oeuvre pour la neutralité carbone

L’initiative RE100 rassemble quelques unes des plus grandes multinationales qui s’engagent dans la démarche d’une consommation d’électricité 100% renouvelable à travers le monde. Ces entreprises affichent des objectifs ambitieux. Un engagement minimum de 60% de consommation d’ici 2030 est imposé. L’utilisation des EAC est fortement conseillée pour atteindre les 100%, du fait de la difficulté de couvrir la totalité de sa consommation via l’autoconsommation ou les PPAs.  

Les Garanties d’Origine, RECs et I-RECs, qui sont les trois principaux systèmes de traçabilités de l’électricité verte sont donc indispensables pour répondre aux objectifs et standards internationaux. Ces différents programmes valorisent la politique environnemental d’une entreprise et leur permettent d’être plus transparentes auprès de leurs parties prenantes. 


[1] GHG Protocol Scope 2 Guidance, Page 51, table 6.5

Qu’attendre du marché des Garanties d’Origine en 2022 ?

L’année 2021 arrive bientôt à son terme. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a été mouvementée pour le marché des GO, notamment avec les montagnes russes des prix. Mais alors, que peut-on attendre du marché des Garanties d’Origine en 2022 ? La tendance à la hausse des prix de 2021 va-t-elle se confirmer ? Est-ce une année charnière pour le marché ? Focalisons-nous sur quelques points clefs.

La demande et le prix à la hausse ?

Voilà maintenant quelques mois que le prix des GO maintient un niveau élevé, que l’on n’avait pas vu depuis 2019. Mais encore faut-il que cela se concrétise en 2022.

A ce propos, nous observons une demande de plus en plus importante et un intérêt fort de nouveaux consommateurs à utiliser des GO pour couvrir leur consommation de 2022. Cette même tendance se fait ressentir dans les autres pays du monde, avec une augmentation de la demande et des prix plus ou moins accentuée en fonction de la zone géographique. Par exemple, les RECs en Amérique du Nord connaissent une forte hausse de la demande mais surtout des prix. Ceux-ci ont flambé au cours de l’année 2021 et se maintiennent autour de 5€/MWh pour des REC Eolien Green-e 2021, alors que nous aurions pensé à un essoufflement sur les derniers mois de l’année. Du côté du Royaume-Uni, les REGOs valent plus de 4 £/MWh en spot.

Néanmoins sur 2021, le marché est pour le moment incertain. Il est approvisionné par des volumes importants en provenance d’enchères organisées par les Etats italiens, portugais, français, croates et encore luxembourgeois. Etonnamment ces volumes trouvent preneurs jusqu’à présent. Est-ce tenable jusqu’à la fin de l’année ? Si le marché se retrouve short, alors les prix sur 2022 s’écrouleront.

D’un autre côté, l’engagement dans la démarche de consommation d’électricité verte en Europe et dans le monde s’accélère. Le fleurissement des offres vertes des fournisseurs d’électricité participe à cela. Mais surtout les grands groupes internationaux s’engagent à consommer 100% d’électricité d’origine renouvelable dans le monde, notamment à travers l’initiative RE100. L’initiative représente 342 multinationales à travers le monde. 

L’Allemagne et la Norvège vont-elles chambouler le marché ?

Nous parlions le mois dernier d’une potentielle sortie du marché des GO de la Norvège, et des répercussions que cela pourrait avoir. Des premiers signes de réticence pour les GO Norvégiennes se font déjà ressentir. Si cela se confirme, les conséquences apparaîtront particulièrement en 2022. Mais l’Allemagne pourrait aussi chambouler le marché, d’une autre manière. En effet, elle reste le dernier gros acteur à ne pas émettre les GO des producteurs profitant d’aides étatiques, au sens de la directive européenne. Cette production représentait 220 TWh en 2020, soit environ 28% des émissions de GO en Europe la même année ! L’offre serait donc nettement supérieure qu’auparavant et creuserait l’écart avec la demande, avec pour conséquence une baisse des prix. Un retrait de la Norvège accompagnée d’une entrée supplémentaire de l’offre allemande ajouterait tout de même 71 TWh à l’offre actuelle.

Le full disclosure en France fera-t-il son effet ?

Nous l’attendions depuis un moment, le full disclosure à la production est entré en vigueur cet été et devrait être appliqué courant 2022. Pour rappel, cela signifie que chaque MWh produit, renouvelable ou non, sera tracé par une Garantie d’Origine. L’objectif est de rendre transparent le mix électrique français. Avant de savoir comment l’appliquer, certains fournisseurs proposent déjà l’inscription à des offres 100% nucléaires, tracées par des GO nucléaires. Faut-il s’attendre à une réception positive des Français à ce type d’offre ? Si oui, une succession de conséquences adviendrait.

L’utilisation massive de GO nucléaires aurait un impact sur le facteur d’émissions carbones du mix résiduel français, qui correspond au mix de consommation auquel on retire les imports et exports d’électricité ainsi que l’utilisation des GO. La part du fossile augmenterait dans le mix et le facteur d’émissions serait plus élevé. Le bilan carbone des grandes entreprises françaises sera donc alourdi. Celles-ci devront alors se tourner vers la consommation d’électricité verte. Ce serait de bon augure pour le marché des GO renouvelables et donc pour la transition énergétique.

Mais soyons clair, cela arrivera si EDF choisit de fournir une électricité 100% décarbonée à l’intégralité de ses clients en utilisant des GO renouvelables et nucléaires.

Enfin, le nouvel amendement de la REDII favorise l’installation du full disclosure pour les pays membres du marché des GO. Il est donc probable que d’autres grandes nations suivent le pas de la France (Allemagne, Espagne, Italie ?).

L’année 2022 peut être une année charnière dans l’histoire du marché des GO. La demande n’a jamais été aussi importante, les prix augmentent depuis quelques mois. Jusqu’où cette tendance peut-elle aller ? Sans oublier l’Allemagne, la Norvège et la France dont les nouvelles réglementations pourraient chambouler le marché.


Source : les chiffres avancés sont des calculs faits à partir des données de l’Association of Issuing Bodies (AIB), représentant l’ensemble des pays présents dans le marché des GO.

La Norvège prête à sortir du système des Garanties d’Origine ?

Le mois dernier, les élections parlementaires ont eu lieu en Norvège. Le parti des Travaillistes (Arbeidarpartiet) en est sorti vainqueur et a créé un nouveau gouvernement avec le parti Centriste (Senterpartiet). A première vue, cette information ne devrait pas être considérée comme capitale. Et pourtant… Le nouveau gouvernement a récemment proposé la sortie du système des Garanties d’Origine. Connaissant le rôle prépondérant de la Norvège dans le marché des GO, cette décision aurait de nombreuses répercussions.

Un écart réduit entre l’offre et la demande

La Norvège est le plus gros émetteur de GO en Europe. Elle comptait pour 18,6% des émissions totales de GO Européennes en 2020. Regardons donc l’état du marché des GO en 2020 :

Source : AIB statistics

En 2020, l’écart entre l’offre (les émissions) et la demande (les annulations) était de 47 TWh. Si l’on retire la Norvège du marché, cet écart se réduit et la demande surpasserait même l’offre (-19 TWh). A savoir qu’un certain volume est encore en réserve, notamment la production bénéficiant d’aides étatiques. Ce volume devrait par ailleurs bientôt arriver sur le marché grâce à la nouvelle directive européenne. En conséquence, des tensions pourraient apparaître sur le marché.

Hausse des prix de la Garantie d’Origine

Comme tout marché qui se respecte, qui dit tension entre offre/demande dit hausse du prix de la GO. Au-delà de ce constat, la Norvège est surtout le premier émetteur de GO hydraulique et le plus gros exportateur de GO (96 TWh en 2020). Historiquement, les GO d’hydraulique nordique sont les moins chers et les plus traitées du marché. Elles font office de prix de référence pour le marché de gros. A titre de comparaison, une sortie du marché de la GO de la Norvège correspond à une sortie de l’Arabie Saoudite du marché du pétrole ou à une sortie de la Russie du marché du gaz.

Tous les acteurs bénéficiant jusqu’à présent des GO d’hydraulique nordique seront obligés de se couvrir autrement. Les producteurs voudront donc en tirer profit et le prix unitaire devrait logiquement largement augmenter.

Entre catastrophe et excellente nouvelle, des scénarios de sortie aux différents impacts

Si la Norvège sort brutalement, le marché sera fortement perturbé. Une sortie brutale consiste à considérer que les GO norvégiennes n’existeront plus.

Aujourd’hui, le registre norvégien Statnett est le registre le plus utilisé pour les transactions de GO en Europe. Il traite plus d’un quart du volume Européen ! Les acteurs de marché devront donc rapidement trouver une autre solution pour s’échanger des GO. Mais le plus grave n’est pas là. Beaucoup de contrats de livraison à terme de GO concernent les GO norvégiennes. Si les GO norvégiennes ne sont plus reconnues, l’ensemble de ces contrats seront nuls. Tous les consommateurs ou fournisseurs d’électricité devront se retourner rapidement dans le marché, créant ainsi un effet de panique. Le marché des GO pourrait alors être décrédibilisé, l’empêchant de financer durablement la transition énergétique européenne.

La frustration des Norvégiens est liée au fait que les énergéticiens du pays exportent la majorité des GO pour un prix modique et dénature le mix énergétique des consommateurs norvégiens. Il faut savoir que la Norvège est aussi un pays exportateur net d’électricité, avec une production quasiment 100% renouvelable[1]. Une solution serait donc d’utiliser les GO du pays pour couvrir 100% de sa consommation électrique. L’export serait ainsi limité au surplus de production. Le marché européen se retrouverait moins inondé et plus dynamique, pour une transition énergétique accélérée.

Quelles conséquences pour la France ?

La France fait partie des exportateurs de GO, majoritairement hydraulique. Sans les GO Norvégiennes, les acheteurs européens risquent de se tourner notamment vers la France pour combler leur manque. Comment les producteurs français réagiront à cette nouvelle situation ?Le scénario le plus favorable serait que la demande vienne des consommateurs français. La France se retrouverait alors moins exportatrices et le prix unitaire augmenterait avec.

La Norvège, parce qu’elle en est un acteur incontournable, chamboulerait complètement le marché des Garantie d’Origine qui mettrait du temps avant de s’adapter. Ce n’est pas la première fois que le pays évoque cette possibilité. L’idée avait émergé il y a déjà quelques années, sans que celle-ci se réalise. Cette fois-ci est-elle la bonne ?


Source : https://www.aib-net.org/facts/market-information/statistics/activity-statistics-all-aib-members

[1] Mix de production électrique de la Norvège en 2020 (AIE) : https://www.iea.org/data-and-statistics/data-tables/?country=NORWAY&energy=Electricity&year=2020

Le prix de la Garantie d’Origine s’enflamme

L’année 2021 du marché des Garanties d’Origine ne finit plus d’être perturbée. Après la mise en place de la mensualisation des GO en France (nous en parlons ici), la rédaction d’une nouvelle RED II transposée en France par l’installation du full disclosure à la production (et ici), voilà maintenant que le prix de la Garantie d’Origine est en flagrante hausse depuis plusieurs semaines pour atteindre un prix moyen de référence d’1,70€/MWh pour 2022. Pourquoi cette hausse ?

Une demande en hausse constante

Premièrement, bien que les chiffres de l’AIB ne le montrent pas encore (nous en parlons ), il s’avère que la demande en Garanties d’Origine en Europe, et plus globalement en Energy Attribute Certificates à travers le monde, augmente significativement depuis des mois. Les consommateurs particuliers font de plus en plus le choix d’une consommation responsable grâce à des offres de fourniture d’électricité verte de plus en plus compétitives. Parallèlement, de nombreuses grandes entreprises ont fixés des objectifs ambitieux de consommation d’électricité d’origine renouvelable à court ou moyen terme, notamment à travers l’initiative RE100 ou pour répondre aux exigences du Carbon Disclosure Project ou de la Science Based Target initiative. L’engouement et les objectifs chiffrés assurent donc une croissance linéaire de la demande.

Une production d’électricité d’origine hydraulique plus faible

D’après Rodolphe Schennen, directeur de la maison de courtage des GO Commerg, « la production d’électricité d’origine hydraulique a chuté au cours de l’été 2021 dans les pays nordiques ». Les GO d’hydro nordiques étant les plus demandées sur le marché et les plus abondantes, l’offre se retrouve donc appauvrie et le prix de référence de ce type de GO augmente.

Le prix des autres marchés énergétiques est en hausse

Toujours selon Rodolphe Schennen, « les acteurs du marché des GO voient que le prix des marchés du gaz et de l’électricité augmente ». Il y aurait donc un « sentiment du marché » allant dans ce sens et qui passerait outre les fondamentaux. Autrement dit, chacun veut aussi sa part du gâteau.

Le prix ne pouvait pas descendre plus bas

Si l’on regarde 1 an en arrière, le prix de la Garantie d’Origine descendait parfois sous la barre des 0.30€/MWh. En conséquences, les producteurs n’étaient pas suffisamment rémunérés pour réellement pouvoir développer de nouveaux moyens de production. Le mécanisme des GO se retrouvait donc sous les critiques et la situation était perdant/perdant pour les acteurs du marché. Rodolphe Schennen pense alors qu’il y a eu une prise de conscience générale pour retrouver une situation bénéfique à tous, c’est-à-dire une hausse des prix. Ici encore, le « sentiment du marché » a pris le dessus sur les fondamentaux.

La hausse de la demande nous assure donc une continuité pour combler l’écart avec l’offre et espérer une hausse des prix à long terme. En revanche, la situation exceptionnelle de la production d’énergie hydraulique nordique associée à une perception des acteurs du marché qui pourraient changer dans les prochains mois ne nous garantie pas la stabilité du prix à court terme.

Les utilisations de Garanties d’Origine en baisse en 2021

L’AIB (Association of Issuance Bodies) a publié en juillet dernier les chiffres des transactions de Garanties d’Origine pour le 1er semestre 2021, jusqu’à fin juin. Nous avions récemment remarqué que la mensualisation associée à la mise aux enchères des GO en France avait chamboulé le marché des GO en Europe au premier trimestre (article ici). Concrètement, les GO se sont-elles plus ou moins vendues que les années précédentes ?

Sur les six premiers mois de l’année, près de 433 TWh de Garanties d’Origine d’énergies renouvelables ont été annulées en Europe. C’est inférieur aux deux années précédentes. A ce stade en 2020, les pays membres de l’AIB avait déjà annulé 473 TWh de GO renouvelables. Nous avons donc actuellement une baisse de 9,6% de la consommation volontaire d’électricité verte par rapport à 2020.

Cette situation est en grande majorité due à un effondrement du marché espagnol. Les annulations de GO dans le pays tombent de 78,4 TWh à 7,6 TWh (-932% !). Si l’on retire l’Espagne des calculs, nous remarquons une hausse des annulations de GO de 7,2% entre 2020 et 2021. Nous tentons alors de connaître les raisons de cette anomalie auprès des acteurs espagnols et de l’AIB. Nous vous tiendrons ensuite informés sur notre page Linkedin.

Par ailleurs, les producteurs d’électricité d’origine renouvelable ont émis plus de GO au premier semestre 2021 que précédemment. Environ 384 TWh de GO ont été émis cette année contre 337 TWh en 2020 sur la même période, soit une hausse de 12,2%.

Source : AIB

Projection sur le reste de l’année

Essayons maintenant de se projeter sur les 6 prochains mois de l’année. Pour cela, nous avons moyenné l’évolution mensuelle des transactions de GO du 2e trimestre des deux dernières années. Voici les résultats ci-dessous :

Source : AIB

Si l’on suit les tendances des années précédentes, la consommation volontaire d’électricité verte des membres de l’AIB devrait baisser de 10,2%. Les émissions de GO devraient elles augmentées de 7,3%. L’écart entre l’offre (émissions de GO) et la demande (annulations de GO) serait alors de 179 TWh. Peut-on donc s’attendre à une nouvelle baisse du prix de la GO ? Les six prochains mois nous le diront.

Parenthèse sur les émissions et les annulations au premier trimestre

Chaque année le nombre de GO émises est inférieure au nombre de GO annulées. Comme cela se fait-il ?

Les Garanties d’Origine d’une année n peuvent être annulées avant le 31 mars de l’année n+1. Cela s’explique par plusieurs raisons. En effet, un producteur d’électricité doit pouvoir avoir le temps d’émettre et de vendre les GO de sa production du dernier trimestre. Aussi, un fournisseur de GO doit attendre de connaître la consommation réelle annuelle (ou mensuelle en France) de ses clients avant de pouvoir annuler la quantité exacte de GO. Ces données sont généralement connues au début de l’année suivante. Enfin, une entreprise qui réalise son bilan carbone à la fin de l’année peut mettre en place des mesures simples, rapides et efficaces pour atteindre ses objectifs annuels. La consommation d’électricité d’origine renouvelable en fait partie. Il est alors possible pour un consommateur d’acheter en février 2021 des Garanties d’Origine émises en 2020 pour couvrir sa consommation de 2020.

Tout cela explique donc la forte hausse des annulations au premier trimestre de chaque année.

Quelques recommandations pour le marché des Garanties d’Origine

Depuis plusieurs années, le marché des Garanties d’Origine et sa réglementation évolue à un rythme soutenu. A travers ce système de traçabilité de l’électricité d’origine renouvelable, l’Union Européenne tente d’accélérer la transition énergétique grâce au choix des consommateurs. Mais cela est-il encore suffisant ? En marge de la rédaction de la nouvelle RED II et de sa transposition dans la loi française, Origo propose quelques recommandations à mettre en place pour solidifier le marché des GO en France et en Europe.

  • Le Full Consumption Disclosure à l’échelle européenne

Nous en avions déjà parlé précédemment, le full disclosure à la consommation rend obligatoire la traçabilité de chaque MWh soutiré du réseau par une GO, peu importe l’énergie utilisée pour l’émission de la GO. S’il est mis en place, les fournisseurs et les autres acteurs du marché de l’électricité seraient alors obligés d’indiquer le mix électrique de chaque offre qu’ils proposent. Les consommateurs se retrouveraient donc face au choix de l’énergie pour couvrir leur consommation. Sachant qu’une bonne partie de la population européenne est favorable à l’électricité verte (70% en France[1]), nous pouvons imaginer que ceux-ci se tourneraient vers les offres vertes. Cela permettrait le développement de nouveaux moyens de production utilisant des énergies renouvelables. Des pays comme l’Autriche, la Suisse et les Pays-Bas ont déjà mis cela en place avec succès. Leur pourcentage de consommation volontaire d’électricité verte est respectivement de 83,9%, 70,8% et 55,6%.

  • La possibilité à tous les producteurs de bénéficier de leurs GO

Dans la plupart des pays européens, les producteurs bénéficiant d’aides étatiques peuvent émettre pour leur compte des GO. Cela n’est pas le cas en France. Si les producteurs pouvaient bénéficier des GO associées à leur production, ceux-ci seraient en mesure de proposer des offres commerciales intéressantes aux consommateurs. Cela permettrait de couvrir d’importants volumes d’électricité sur plusieurs années, et donc de répondre en toute sécurité à la demande. Enfin, les productions étant majoritairement éolienne et solaire, l’offre de ce type de GO seraient plus compétitive face à la GO de grosses productions hydrauliques.

  • Des enchères de GO pour la production future

Aujourd’hui, les enchères mensuelles de GO en France sont réalisées 3 mois après le mois de production concerné. Depuis la mensualisation de la correspondance des GO avec la consommation, les acheteurs ont plus de mal à couvrir la consommation de leurs clients. Des enchères sur des mois de production en forward sur les trois années à venir sont une solution. Les acheteurs pourraient ainsi s’approvisionner en GO dès que la demande se manifeste. Ceux-ci seraient donc plus enclins à s’engager sur plusieurs années.

  • La reconnaissance des GO dans le calcul du bilan carbone de l’ADEME

Les organisations internationales telles que le Carbon Disclosure Project (CDP), la Science Based Target initiative (SBTi) ainsi que le RE100 reconnaissent l’utilisation de la Garantie d’Origine comme vecteur de diminution de l’empreinte carbone d’une entreprise sur son scope 2 (émissions indirectes de GES liées à la consommation d’énergie). L’achat de GO fait donc parties des mesures phares d’une entreprise pour réduire son impacte environnemental. Mais l’agence pour la transition écologique française ne les reconnait pas dans son outil de calcul du bilan carbone. Certaines entreprises sont alors limitées dans leur démarche. Celles-ci doivent mettre en place des mesures moins abordables (PPA, autoconsommation). De plus, la GO est la seule preuve légale d’une consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en Europe. Nous nous retrouvons donc face à une situation paradoxale.

En acceptant la GO comme le fait le GHG Protocol, l’ADEME permettrait au marché d’évoluer positivement en France. Pour rappel, celui-ci n’est pas encore à la hauteur de la moyenne européenne.

Toutes ces recommandations émergent d’une analyse du marché des GO auquel Origo participe depuis maintenant 7 ans. En tant que membre des associations RECS International et QuiEstVert, nous avons eu la chance d’échanger avec de nombreux autres acteurs du marché. Nous en avons conclu qu’avec ces quelques modifications, le consommateur peut participer activement à la transition énergétique du réseau électrique européen et s’affranchir des décisions politiques.

[1] https://www.energie-mediateur.fr/wp-content/uploads/2020/10/2020-synthese-redigee-barometre-energie-info.pdf

Le marché des Garanties d’Origine chamboulé au premier trimestre 2021

Depuis le 1er janvier 2021 en France, un mois de consommation d’électricité doit être couvert par des Garanties d’Origine issue du même mois de production. Cette mensualisation a chamboulé le marché des Garanties d’Origine en France, qui a d’abord vu le prix unitaire exploser pour ensuite retomber.

Les acteurs du marché français se retrouvent confrontés à deux contraintes avec la mensualisation des Garanties d’Origine et la réalisation des enchères trois mois après la production d’électricité.

Marché des GO:  Une contrainte de temps

La première contrainte est le temps. Jusqu’en janvier 2021, les revendeurs de GO pouvaient acheter des GO émises n’importe quand dans l’année pour couvrir la consommation de leurs clients. Soit ils les achetaient sur le marché de gré-à-gré directement auprès des producteurs, soit ils passaient par les enchères de l’état chaque mois de l’année. Avec la mensualisation, les acteurs doivent maintenant trouver des producteurs dont la production peut couvrir la consommation de leurs clients mois par mois.  Ou alors enchérir chaque mois aux enchères, sans avoir la certitude de récupérer les mises et sans avoir de secondes chances puisque chaque enchère ne concerne pour le moment qu’un seul mois de production. Ils se retrouvent donc rattrapés par le temps car les GO d’un mois de production peuvent vite être épuisées.

Marché des GO : Une contrainte d’argent

La deuxième contrainte est l’argent. Pour avoir les GO nécessaires pour leurs clients, les acteurs doivent proposer des prix plus élevés aux producteurs ou aux enchères. Le prix d’achat des GO sur le marché de gré-à-gré est nettement supérieur à celui des enchères. Il l’est d’autant plus lorsque celui-ci se fait en « forward », c’est-à-dire avant la période de production. Quel prix les acteurs sont-ils prêts à mettre pour répondre à la demande des consommateurs sans prendre de risque ?

Cette situation a évidemment eu des répercussions sur le marché des GO. Ces répercussions sont illustrées par les résultats des enchères sur les trois premiers mois de l’année 2021. Voici les résultats :

Source : Origo d’après les chiffres d’EEX

Comme en début d’année 2020, la totalité du volume mis aux enchères a été vendu. Cependant, l’Etat a décidé en février 2021 d’augmenter le volume en vente de 50% à 75% du volume total de GO. Cette décision a été prise au regard de la soudaine hausse des prix dès janvier 2021. Les acteurs n’ayant en revanche pas pu s’approvisionner aux enchères ont donc été obligés de racheter des GO plus chères sur le marché de gré-à-gré. Cela augmentant le prix moyen de la GO en France et même en Europe.

Malgré un volume supplémentaire en février, les acheteurs ne souhaitaient pas reproduire les mêmes erreurs qu’au mois précédent. Ils ont ainsi aligné des prix encore plus élevés qu’en janvier. Ceux-ci ont ensuite trouvé un prix plus juste au mois de mars.

Une hausse du prix

La hausse du prix et du volume a permis à l’État d’enregistrer un CA d’environ 2,8M € sur le premier trimestre. Ce chiffre est équivalent à celui de l’année 2020 complète. L’augmentation du volume mis aux enchères a impacté le développement du marché en France. Il se retrouvait en légère tension entre l’offre et la demande et pouvait donc espérer de beaux jours devant lui.

Cette réforme du marché français des GO a chamboulé le marché européen. Une très forte hausse du prix en février est osbervée. Néanmoins, les acteurs devraient sans doute s’adapter à cette particularité. Les prochains mois nous diront alors à quel niveau le prix moyen de la GO se stabilisera. Ils devraient notamment s’adapter aux nouvelles contraintes et ne plus solliciter le marché de gré-à-gré de manière aussi forte.

EKOénergie : l’écolabel pour confirmer son engagement dans la transition énergétique

Alors que de plus en plus d’entreprises passent à une énergie 100 % renouvelable, un nombre croissant d’entre elles recherche également des moyens pour aller plus loin. Acheter des Energy Attribute Certificates (EAC), tels que les Garanties d’Origine ou les I-RECs portant l’écolabel EKOénergie est une solution pour y parvenir. EKOénergie est un écolabel international à but non lucratif qui promeut les énergies renouvelables à travers le monde.

Pour chaque EAC certifié EKOénergie annulé, 0,10€ sont versés à leurs Fonds pour le Climat. Ceux-ci financent des projets visant à réduire la précarité énergétique et à assurer une production d’énergie durable dans les pays en développement (plus de 50 projets menés depuis 2015). A titre d’exemple, un projet mené par l’ONG Santé Sud a récemment vu le jour à Madagascar. L’utilisation d’EAC EKOénergie a ainsi permis d’accorder 24 000 euros à l’installation des panneaux solaires pour huit cabinets de sages-femmes.

En plus du Fonds pour le Climat, pour chaque MWh d’hydroélectricité labellisée EKOénergie vendu, une contribution d’au moins 0,10€ est reversée au Fonds pour l’Environnement d’EKOénergie. Cet argent est utilisé pour financer la mise en œuvre de projets de restauration des cours d’eau et atténuer l’impact de la production hydroélectrique sur la nature. Les projets ont lieu dans les pays où l’électricité EKOénergie est produite ou vendue.

Ce travail en faveur des énergies renouvelables est reconnu au niveau international et a été récompensé. En effet, le label est mentionné comme pratique exemplaire contribuant à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) par Le Département des Affaires Économiques et Sociales des Nations Unies (DAES ONU). EKOénergie est également l’un des lauréats du Prix du Citoyen Européen 2020 décerné par le Parlement Européen.

Origo est le partenaire officiel d’EKOénergie en France et est fière de pouvoir fournir ses clients en EAC labellisés. La consommation d’électricité d’origine renouvelable est une démarche environnementale forte, et le choix du label EKOénergie permet aux entreprises d’aller encore plus loin dans cette démarche et d’agir pour un développement durable et équitable des énergies renouvelables en Europe et dans le monde.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter leur site internet : https://www.ekoenergy.org/fr/

Retour sur le marché des Garanties d’Origine en 2020

Maintenant que l’année 2021 est bien lancée, revenons sur l’évolution de la demande en électricité de source renouvelable en 2020. Les chiffres concernent seulement les pays membres de l’Association of Issuing Bodies (AIB), association regroupant les registres de GO de 30 pays européens. Alors comment s’est comporté le marché des Garanties d’Origine en 2020 ? Voici quelques éléments de réponse.

La première bonne nouvelle de cette année 2020 est que l’AIB continue de s’étendre et d’accueillir de nouveau pays. Le Portugal, la Serbie, la Slovaquie et la Grèce ont rejoint l’association en 2020. Bien qu’il ne soit pas de grands acteurs du marché pour le moment, cela montre leur envie d’aller de l’avant et de participer à la transition énergétique européenne.

La deuxième chose à retenir est la hausse des utilisations de GO durant cette période. Plus de 737 TWh ont été utilisés en 2020, soit une augmentation de 8,4% par rapport à 2019 et de 41,7% par rapport à 2018.

Source : AIB

Certains pays sont moteurs de cette hausse. L’Espagne a par exemple vu sa demande en Garanties d’Origine augmenter de 88,5 TWh entre 2018 et 2020 (+130%).Une augmentation largement supérieure au volume total de GO annulée de chaque autre membre de l’AIB, exceptée l’Allemagne. L’Autriche, la France et la Norvège ont, elles aussi, participé à la hausse des deux dernières années. En revanche, les Pays-Bas, la Suède et la Belgique peinent à maintenir une évolution positive.

Source : AIB

Comme depuis un moment déjà, l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas profitent du faible taux d’utilisation de GO nationales de la France, de l’Italie et de la Norvège. Ces dernières continuent d’abonder le marché des Garanties d’Origine et permettent de répondre à la demande des pays voisins à moindre coût. Cette exportation de GO françaises et italiennes peut être expliquée par la mise en place des enchères dans ces deux pays, ce qui ajoute un volume non négligeable au marché alors que la demande nationale n’est pas au rendez-vous. Les producteurs norvégiens et suédois ont quant à eux du mal à vendre le volume important de GO hydrauliques aux industriels nordiques.

Source : AIB

Le marché des Garanties d’Origine en 2020 est donc à la hausse, dans la continuité de l’année 2019. En 2021, de nombreuses nouvelles réglementations vont voir le jour, en espérant que cela donne un coup d’accélérateur au dynamisme de ce marché.