Depuis le 1er janvier 2021 en France, un mois de consommation d’électricité doit être couvert par des Garanties d’Origine issue du même mois de production. Cette mensualisation a chamboulé le marché des Garanties d’Origine en France, qui a d’abord vu le prix unitaire exploser pour ensuite retomber.
Avec la mensualisation des Garanties d’Origine et des enchères de GO qui sont réalisées 3 mois après la production d’électricité, les acteurs du marché français se retrouvent confrontés face à deux contraintes.
La première contrainte est le temps. Jusqu’en janvier 2021, les revendeurs de GO pouvaient acheter des GO émises n’importe quand dans l’année pour couvrir la consommation annuelle de leurs clients. Soit ils les achetaient sur le marché de gré-à-gré directement auprès des producteurs en fonction de leur production annuelle, soit ils passaient par les enchères mises en place par l’état chaque mois de l’année. Avec la mensualisation, les acteurs doivent maintenant trouver des producteurs dont la production peut couvrir la consommation de leurs clients mois par mois ou alors enchérir chaque mois aux enchères, sans avoir la certitude de récupérer les mises et sans avoir de seconde chance puisque chaque enchère ne concerne pour le moment qu’un seul mois de production. Ils se retrouvent donc rattrapés par le temps car les GO d’un mois de production peuvent vite être épuisées.
La deuxième contrainte est l’argent. En effet, afin d’avoir les Garanties d’Origine nécessaires à la consommation de leurs clients, les acteurs doivent donc proposer des prix plus élevés aux producteurs ou aux enchères que leurs voisins. Il faut savoir que le prix d’achat des GO sur le marché de gré-à-gré est nettement supérieur à celui des enchères, d’autant plus lorsque celui-ci se fait en « forward », c’est-à-dire avant la période de production. Jusqu’à quel prix les acteurs sont-ils alors prêts à mettre pour répondre à la demande des consommateurs sans prendre de risque financier ?
Cette situation a évidemment eu des répercussions sur le marché des GO, illustrées par les résultats des enchères sur les trois premiers mois de l’année 2021. Voici les résultats :

Comme en début d’année 2020, la totalité du volume mis aux enchères a été vendu. Mais cette fois-ci, l’Etat a décidé en février 2021 d’augmenter le volume en vente de 50% à 75% du volume total de GO à sa disposition. Cette décision a été prise au regard de la soudaine hausse des prix dès janvier 2021, due à la situation expliquée en début d’article. Les acteurs n’ayant en revanche pas pu s’approvisionner aux enchères ont donc été obligé de racheter des GO plus chères sur le marché de gré-à-gré, augmentant le prix moyen de la GO en France et même en Europe.
Malgré un volume supplémentaire en février, les acheteurs ne souhaitaient pas reproduire les mêmes erreurs qu’au mois précédent et ont donc aligné des prix encore plus élevés qu’en janvier. Ceux-ci ont ensuite trouvé un prix plus juste au mois de mars.
La hausse du prix conjuguée à la hausse du volume mis en vente a permis à l’Etat d’enregistrer un chiffre d’affaires d’environ 2,8 millions d’euros rien que sur le premier trimestre, équivalent à celui de l’année 2020 complète. Mais le fait que l’Etat ait souhaité augmenter le volume mis aux enchères n’a pas aidé le développement positif du marché en France, qui se retrouvait face à une légère tension entre l’offre et la demande et pouvait donc espérer de beaux jours devant lui.
Les premiers mois de cette nouvelle réforme du marché français des GO a donc bien chamboulé le marché européen, avec une très forte hausse du prix en février. Néanmoins les acteurs devraient sans doute s’adapter à cette particularité. Les prochains mois nous diront alors à quel niveau le prix moyen de la GO se stabilisera. Ils devraient notamment s’adapter aux nouvelles contraintes et ne plus solliciter le marché de gré-à-gré de manière aussi forte.