L’engagement des entreprises pour l’électricité verte en 2020

L’initiative RE100, portée par The Climate Group et le Carbon Disclosure Project (CDP), rassemblent les grandes entreprises internationales ayant fait la démarche de consommer à 100% de l’électricité d’origine renouvelable partout dans le monde. Le dernier rapport annuel de cette initiative nous montre une évolution positive des engagements des entreprises.

Au dernier rapport, 261 entreprises sont engagées dans cette initiative, soit 50 de plus qu’au rapport précédent et ce malgré la crise de la Covid-19 ! Créée en 2015, l’initiative ne comptait alors que 64 membres. Elle a quadruplé depuis. Les entreprises se montrent donc de plus en plus enclins à soutenir le développement des énergies renouvelables et participer à la transition énergétique mondiale. Par ailleurs, la consommation d’électricité annuelle cumulée de l’ensemble des membres de RE100 est de plus de 278 TWh. A titre de comparaison, la France a consommé 473 TWh d’électricité en 2019[1].

La répartition géographique des entreprises est intéressante. Le rapport souligne avant tout que 42% des nouveaux membres sont situés en Asie-Pacifique. Au total, le pays le plus représenté est les Etats-Unis (79 membres, figure 1), suivi de loin par la Grande-Bretagne (40) puis le Japon (39). La France (11) fait partie du peloton avec l’Australie (11), l’Allemagne (11), la Suisse (13) et le Danemark (10). La figure 1 montre aussi les zones géographiques avec le plus de potentiel en rouge.

Carte de la consommation électrique des membres du RE100 par pays
Source : RE100

Parmi toutes les entreprises engagées, 53 d’entre elles ont déjà atteint leur objectif tandis que 65 ont dépassé la barre des 90% de consommation d’électricité renouvelable. A ce jour, 42% de la consommation totale des entreprises est d’origine renouvelable, soit 113 TWh – l’équivalent de la part des énergies renouvelables dans le mix résiduel français en 2019[2]. Enfin, l’année moyenne visée par les entreprises pour réussir leur défi est 2028 et les trois quarts devraient y arriver d’ici à 2030. C’est peut-être encore insuffisant pour connaître réellement un changement brutal dans la demande en électricité renouvelable. Des objectifs à plus courts termes pourraient réduire l’écart entre l’offre.

[1] https://www.rte-france.com/actualites/bilan-electrique-francais-2019-une-consommation-en-baisse-depuis-10-ans-une-production

[2]https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/datalab_69_chiffres_cles_enr_edition2020_juillet2020_0.pdf

La CRE s’attarde sur le marché de l’électricité verte

Dans un récent rapport, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) s’est attardée sur le système des Garanties d’Origine et des offres vertes (section 4). L’organisation a pris le temps d’expliquer en détails le fonctionnement du marché de l’électricité verte et de donner son avis sur les dernières évolutions.  

Dans un premier temps, la CRE rappelle deux réalités concernant le marché l’électricité :

  • Quel que soit le moyen utilisé pour la produire, l’électricité est la même (caricaturalement « les électrons sont tous les mêmes »)
  • Une fois injectée sur le réseau, il n’est pas possible de la tracer physiquement (caricaturalement « tous les électrons se mélangent dans le réseau »). 

Elle rebondit ensuite sur ces points pour rappeler la définition d’une Garantie d’Origine : la GO permet aux consommateurs de revendiquer la consommation d’une quantité d’électricité d’origine renouvelable et ainsi de participer à la transition énergétique.

Par ailleurs, le rapport fait un point sur l’évolution du marché des GO en France et en Europe. Le nombre de GO utilisées en Europe a augmenté de 10% et de 7% en France entre 2018 et 2019. La CRE déplore tout de même une surcapacité du marché européen en GO et espère une hausse de la consommation volontaire d’électricité verte afin d’élever le prix unitaire de la GO. Nous pouvons ajouter que la France a un taux d’utilisation par rapport à la production particulièrement bas (47%[1]), ce qui contribue à inonder le marché européen des GO et donc de retarder les signaux d’investissements à l’échelle européenne. Plus de 50 TWh de GO sont potentiellement disponibles annuellement pour l’export, faute d’utilisation en France.

La commission profite aussi de ce rapport pour rappeler que le caractère vert d’une offre d’un fournisseur ne repose que sur l’association de cette offre à des GO. Elle remarque toutefois que certaines offres vertes ont développé des critères additionnels afin de répondre aux attentes des consommateurs : le caractère local de la production, l’adéquation temporelle entre production et consommation et l’achat conjoint de l’électricité et des GO.

La CRE a enfin tenu à répondre à la proposition de labellisation des offres vertes par l’ADEME (Agence de la transition écologique). Elle considère que les critères qualité de l’éventuel label sont trop éloignés de l’objectif premier d’une offre verte à savoir le soutien au développement des énergies renouvelables. Elle estime même que certains critères peuvent être sources de confusion pour le consommateur dont particulièrement celui de l’achat conjoint.

« Dans sa proposition de labellisation, l’ADEME met bien en avant le critère d’additionnalité. Toutefois, elle y adjoint la notion d’ « achat conjoint » direct auprès des producteurs de l’énergie et des garanties d’origine (GO). En valorisant les « circuits courts de financement », ce format d’offre répond à une demande croissante de la société. Toutefois, il méconnait la logique du système électrique interconnecté à l’échelle nationale et européenne et risque d’entretenir la confusion des consommateurs, particulièrement si un tel label s’applique à des installations de production par ailleurs soutenues par l’Etat. »

La commission suggère donc de se concentrer sur les informations qu’apportent les GO dont la localisation de l’installation, bénéfice ou non de subventions, la source d’énergie utilisée ou encore la date de mise en service afin répondre aux attentes des consommateurs en termes de transparence. 

La CRE interpelle donc les acteurs du marché de l’électricité à recentrer la démarche de consommation d’électricité verte autour de la Garantie d’Origine et des informations importantes qu’elle peut donner au consommateur. Origo soutient cette prise de parole en faveur d’une transparence sur l’utilisation des Garanties d’Origine par les fournisseurs pour couvrir leurs offres vertes et alerte l’Etat sur des éléments associés à la consommation d’électricité verte qui n’ont pas lieu d’être.

[1] D’après les chiffres de EEX (ex-Powernext) et RTE récoltés par Origo.

Les énergies renouvelables en 2020

Observ’ER a publié ce mois-ci son baromètre annuel de l’électricité issue des énergies renouvelables sur l’année précédente. Le rapport fait le point sur l’évolution de chaque filière renouvelable par rapport aux objectifs définis par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) pour 2023. Et les trajectoires sont pour le moment en deçà des espérances.

Globalement, la capacité d’énergies renouvelables installée au 30 septembre 2020 est en hausse de 4,43% sur les douze derniers mois, atteignant 56 307 MW. La production d’électricité verte a aussi augmenté : près de 124 TWh d’électricité ont été produit par les énergies renouvelables, contre 111,14 TWh en 2019, soit une hausse de 11,5%. Cela représente 27,3% de la production électrique totale de fin septembre 2019 à fin septembre 2020.

Source : Observ’ER
*Production au 30 septembre 2020 sur les douze mois précédents

L’énergie hydraulique est toujours la source majoritaire de production d’électricité renouvelable (51,2%), devant l’énergie éolienne (31,6%), tandis que l’énergie solaire reste encore à distance (10,4%). L’éolien connaît la plus grande augmentation de production (+40,7% !) sur les douze derniers mois. L’énergie solaire a elle produit 20,5% d’électricité de plus que l’année précédente. Pourtant, l’ajout de capacités de production de ces deux énergies est plus ou moins similaire sur la période : 1 296 MW de capacité ajoutée pour l’éolien (+8,1%) et 947 MW (+9,8%) pour le solaire. Cette différence de production pourrait donc s’expliquer par des conditions météorologiques plus favorables à l’éolien qu’au solaire.

L’augmentation de la capacité de production et de la production d’électricité des EnR – bien qu’elle soit positive – reste toutefois en dessous des prévisions de la PPE. Observ’ER s’alarmait déjà l’année dernière en calculant une hausse annuelle de la capacité du parc éolien et photovoltaïque de 2 GW nécessaire pour atteindre les objectifs de 2023. Ces deux filières n’ont jamais atteint ce chiffre depuis 2013 et le premier baromètre. L’éolien terrestre a maintenant un écart de 6 788 MW de capacité à combler d’ici à 2023, soit environ 2 262 MW/an. Le parc photovoltaïque doit presque doubler pour répondre aux objectifs, demandant un ajout de capacité annuel de 3 168 MW/an. Au rythme actuel, il n’atteindrait que 15 GW de capacité installée sur les 20 GW attendus d’après Observ’ER.

Source : Observ’ER

Les énergies renouvelables continuent donc d’être de plus en plus présentes dans le paysage énergétique français, mais à un rythme encore trop faible pour atteindre les objectifs fixés par la PPE. Il est donc nécessaire, notamment pour l’énergie éolienne et solaire, d’accroître fortement le nombre d’installation.DECOUVREZ LE RAPPORT COMPLET

Focus sur le pas mensuel des GO en 2021

En France, à partir du 1er janvier 2021, la consommation d’électricité d’origine renouvelable devra être vérifiée au pas mensuel. Cela signifie que les Garanties d’Origine qui vont certifier l’origine de l’électricité produite devront correspondre au mois de la consommation. La consommation d’électricité du mois de janvier sera couverte par des Garanties d’Origine relatives à de la production d’électricité injectée dans le réseau au cours du mois de janvier, etc. Pourquoi ce changement ? Quelles peuvent être les conséquences sur le marché ?

Les raisons du passage au pas mensuel

Avant tout, Le rôle de la Garantie d’Origine est de combler un manque du marché de l’électricité. Ce dernier permet de valoriser la capacité d’une production d’électricité à contribuer à l’équilibrage du réseau mais ne permet en aucun cas de valoriser l’origine de cette production d’électricité et donc notamment le fait qu’elle soit réalisée en respectant davantage l’environnement. Le marché de l’électricité se base sur le concept de responsabilité d’équilibre qui définit l’électricité selon deux critères : la zone de livraison appelée périmètre d’équilibre et un pas de temps qui s’avère être la demi-heure en France. C’est la raison pour laquelle la Garantie d’Origine complète la responsabilité d’équilibre afin que les acteurs du marché puissent contribuer à la transition énergétique dont le réseau électrique européen a besoin. Pour rappel, les centrales charbon contribuent encore à hauteur de 20% à l’injection d’électricité dans ce réseau et ce réseau électrique représente 35% des émissions de CO2 en Europe selon l’Agence Internationale de l’Energie.

Le rôle de la Garantie d’Origine n’étant pas de valoriser la contribution d’une production d’électricité à l’équilibrage du réseau, il est inutile que le pas de temps soit aussi réduit que celui de la responsabilité d’équilibre. Une couverture au pas annuel est donc adaptée à la vocation de la Garantie d’Origine.

Néanmoins, la décision du législateur d’exiger une traçabilité au pas mensuel permettra potentiellement de générer à terme davantage de pression sur certains mois de production ce qui pourra bénéficier à la valeur de la Garantie d’Origine.

Par ailleurs, cette décision permet en partie de répondre aux polémistes qui portent atteinte à l’opinion favorable des français pour les offres d’électricité verte, le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation du réseau électrique.

Quelles conséquences sur le marché ?

Le passage au pas mensuel ne devrait pas avoir d’impact significatif sur le marché des GO européennes. En effet, la France étant le seul pays à imposer le pas mensuel, il n’est pas attendu que cette exigence engendre une pression sur la production européenne. Pour rappel, même si la consommation française d’électricité représente 15% du marché européen, le faible taux d’utilisation de GO dans ce pays en fait un acteur à l’influence limitée.

L’impact de cette mesure sur le prix des GO françaises ne devrait pas être significatif en soit au vu du faible taux d’utilisation de GO en France. Selon l’AIB, seul 48 TWh de GO de production 2019 ont été utilisés en France dont 14 TWh provenant d’autres pays alors que la production d’électricité de source renouvelable du pays est de plus de 100 TWh. L’offre reste donc largement supérieure à la demande et peut facilement répondre au pas mensuel sans pression sur le prix.

Néanmoins, en cas de hausse significative de la demande pour des GO françaises, la tension entre l’offre et la demande pourrait augmenter lors de pics de consommation associés à des creux de production des énergies renouvelables. Associez à cela une volonté grandissante à consommer local et nous pourrions connaître une hausse significative du prix de la GO régionale. La difficulté de répondre à ce type de demande pourrait de plus en plus se faire ressentir et générer des prix de GO engendrant des signaux d’investissement pour des projets de production.

Pour que les attentes liées à l’introduction du pas mensuel se réalisent, il est important que les acteurs du marché puissent s’engager à long terme. En effet, l’offre de GO françaises est certes très abondante mais concentrée dans les mains de trois acteurs : EDF, la CNR et l’Etat. Ce dernier met aux enchères chaque mois depuis fin 2019 les GO des producteurs bénéficiant de subventions, avec un allotissement par région et par technologie. Ces GO sont mises en vente 3 mois après leurs émissions. Jusqu’à maintenant, les enchères ont connu un succès limité.

En raison de cette concentration de l’offre, le passage au pas mensuel risque de bloquer l’engagement des entreprises qui n’ont pas de visibilité sur le prix des GO françaises, même si le prix actuel est très bas pour les livraisons à court terme. Ainsi, il serait pertinent de mettre en place des enchères pour les livraisons à terme, à minima sur les trois à années à venir.

La mise en place de la mensualisation des Garanties d’Origine est donc une bonne mesure mais nécessite de s’accompagner de mesures complémentaires offrant un cadre réglementaires propice à l’investissement volontaire dans les énergies renouvelables. Faute de quoi, cette mesure ne sera qu’un frein à l’engagement des consommateurs.

La complémentarité des EAC et de la compensation carbone

La consommation d’électricité renouvelable via l’achat d’EAC (Energy Attribute Certificate) et la compensation carbone via l’achat de crédit carbone permettent de répondre à deux des trois étapes indispensables vers l’atteinte de la neutralité carbone : mesurer, réduire, compenser.

La première étape de la construction d’une stratégie carbone est l’identification des postes émetteurs de gaz à effet de serre (GES). La méthodologie du GHG Protocol permet aux entreprises de calculer leur impact carbone.

Les EAC : un outil de réduction

Après avoir calculé l’impact de ces activités émettrices de GES, l’entreprise doit trouver un moyen de réduire au maximum ses émissions. Les actions possibles sont diverses mais reposent sur 2 leviers d’action principaux : la réduction des consommations (ex : optimisation des procédés, Km évités…) et la réduction de l’intensité carbone (report modal, consommation d’électricité d’origine renouvelable…)

La consommation d’électricité d’origine renouvelable via l’achat d’EAC tels que les Garanties d’Origine permet de réduire les émissions de CO2 du scope 2[1]. Les EAC font des entités qui les acquièrent un acteur de la transition énergétique en offrant un surplus de rémunération aux productions renouvelables pour peu à peu remplacer les énergies émettrices et ainsi limiter le réchauffement climatique.  De plus, les EAC offrent une gestion fine et flexible du budget et du portefeuille de projets soutenus (sélection de localisation, de technologie et de label de qualité).

Les EAC sont encadrés par des réglementations nationales et les bonnes pratiques promues par RECs International et sont reconnus par le GHG Protocol comme vecteur de réduction.

Le crédit carbone volontaire : un outil de compensation des émissions résiduelles

Lorsque l’entreprise ne trouve plus de moyen pour réduire ses émissions de GES, celle-ci peut mettre en place une Compensation Carbone Volontaire (CCV) via l’achat de crédit carbone. La CCV est l’investissement dans un projet qui évite ou séquestre des émissions de GES équivalentes aux émissions résiduelles de l’entreprise. Pour chaque tonne de GES émise, l’entreprise achètera un crédit carbone qui correspondra à une tonne de GES évitée ou séquestrée.

En plus de leurs impacts environnementaux, ces projets ont des impacts sociaux et économiques forts dans des zones géographiques en développement. Plus les projets bénéficieront d’investissements, plus ils participeront à la solidarité internationale et accéléreront la transition bas carbone à l’échelle mondiale.

Les projets de CCV sont certifiés et validés par des organisations internationales tel que Gold Standard ou VCS.

Relever le défi du réchauffement climatique

La consommation d’électricité issue de source renouvelable et la compensation carbone volontaire permettent aux organisations de contribuer aux objectifs de développement durable internationaux. Origo et son partenaire Ecoact  œuvrent quotidiennement pour accompagner les entreprises vers la consommation d’électricité issue de source renouvelable et la compensation Carbone Volontaire.

[1] le scope 2 couvre les émissions indirectes associées à l’énergie

Les énergies renouvelables bientôt en tête des charts !

L’AIE (Agence Internationale de l’Energie) a publié son dernier état des lieux du développement des énergies renouvelables au cours de l’année 2020 ainsi qu’une projection jusqu’en 2025. Bonne nouvelle : les énergies renouvelables devraient bientôt être les futures reines de l’électricité !

Les chiffres de l’AIB le montraient déjà, mais les énergies renouvelables survivent mieux à la crise sanitaire et économique que d’autres. La capacité des nouvelles installations des énergies renouvelables devrait en effet augmenté globalement de 4% en 2020 et atteindre près de 200 GW, notamment grâce aux Etats-Unis et à la Chine. Les énergies renouvelables représentent de plus près de 90% des ajouts de capacités installés, toutes énergies confondues.

Capacité des nouvelles installations par région/pays 2019-2021
(Source : AIE)

Cette augmentation de la capacité des installations a de fortes chances de se poursuivre dans les prochaines années, notamment en 2021. L’AIE prévoit une augmentation de 10% cette année-là, ce qui serait la plus forte hausse depuis 2015. Cela s’explique par le retard pris par certains projets en 2020 et par la croissance du marché dans certaines régions (Inde, Moyen-Orient, Europe) qui était visible avant la crise. Le coût de développement des énergies renouvelables est aussi de plus en plus faible. Aujourd’hui, l’installation d’éoliennes terrestres et de panneaux photovoltaïques est le moyen le moins coûteux pour ajouter de nouvelles centrales de production d’électricité dans de nombreux pays.

Toutefois, l’AIE rappelle que l’incertitude des politiques mises en place à travers le monde peuvent avoir un certain impact sur le secteur. L’agence anticipe même un déclin des nouvelles capacités installées en 2022. De nombreuses échéances dans l’allocation des subventions et taxes arrivent cette année-là dans des régions clés (USA, Chine), combinées aux difficultés financières de certains pays (Inde) et aux retards des appels d’offres en Amérique Latine.

Cette baisse des coûts ainsi que les différentes politiques mises en place devraient donc définir la trajectoire du développement des énergies renouvelables dans le monde après 2022. L’AIE estime que la capacité installée des énergies solaires et éoliennes dépassera celle du gaz en 2023 et du charbon en 2024. Les énergies renouvelables devraient ainsi en 2025 produire un tiers de l’électricité dans le monde. A noter qu’au premier semestre 2020, elles correspondaient déjà à 40% de la production de l’électricité européenne, devant les énergies fossiles (34%).[1]

Figure 2 Capacité totale installée par énergie 2019-2025
(Source : AIE)

Les énergies renouvelables sont donc sur la bonne voix pour dominer le secteur électrique dans les prochaines années d’après l’AIE, mais cela passera aussi par la volonté des consommateurs à choisir ces énergies pour leur consommation électrique. Les producteurs et les gouvernements ont besoin de savoir que les usagers sont favorables à l’utilisation de ces énergies. Le choix d’une consommation d’électricité d’origine renouvelable via l’achat d’EAC (Energy Attribute Certificate) permet justement aux parties prenantes de connaître l’état du marché mais aussi de mieux rémunérer les producteurs et les inciter à développer de nouvelles installations.


[1] https://ember-climate.org/project/renewables-beat-fossil-fuels/

L’AIE imagine un scénario vers la neutralité carbone

L’AIE (Agence Internationale de l’Energie) vient de publier son dernier rapport annuel sur l’énergie, imaginant différents scénarios pour les années suivantes. Un tout nouveau scénario fait son arrivée : l’atteinte de la neutralité carbone dans le monde en 2050. La neutralité carbone est pour rappel un état d’équilibre en les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère par l’Homme ou de manière naturelle. L’évolution des énergies renouvelables occupe une place centrale dans l’élaboration des différents scénarios.

Quatre scénarios sont donc envisagés pour l’avenir de l’énergie :

  • Le « Stated Policies Scenario » (STEPS) se base sur les différentes politiques mises en place pour les années à venir, prenant en compte un retour à la normal post-covid à partir de 2021.
  • Le « Delayed Recovery Scenario » (DRS) est plus pessimiste vis-à-vis de la crise sanitaire et envisage un impact profond de celle-ci sur la demande en énergie, avec un retour à la normal qu’en 2023.
  • Le « Sustainable Development Scenario » (SDS) envisage une montée en puissance des énergies renouvelables afin d’atteindre tous les objectifs de transition énergétique, y compris ceux de l’Accord de Paris.
  • Le « Net Zero Emissions by 2050 case » (NZE2050) ambitionne donc la neutralité carbone d’ici 2050 et met en avant les décisions à prends pour les dix prochaines années afin d’atteindre cet objectif.
Source : AIE

Les principales conditions pour atteindre la neutralité carbone sont l’électrification et le développement des énergies renouvelables, impliquant donc la baisse de la demande en énergie primaire de 17% d’ici à 2030. Les émissions de CO2 causées par le secteur de l’électricité doivent aussi chuter de 60% entre 2019 et 2030. Rappelons que ce secteur correspond actuellement à 35% des émissions mondiales de CO2 dues à la combustion d’énergie, devant le transport (28%). Pour cela, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique mondial devrait atteindre les 60% en
2030, alors qu’elle n’était que de 27% en 2019.

Source : AIE

L’AIE se concentre dans ce document sur l’évolution fulgurante de la filière solaire. La technologie devient de moins en moins cher et sera dans les années à venir le principal facteur de développement des énergies renouvelables, devant l’éolien onshore et offshore. Dans le scénario de neutralité carbone, les ajouts annuels de nouvelles installations de panneaux solaires atteindront une capacité de près de 500 GW dans le monde en 2030, contre 110 GW en 2019.

Source : AIE

Les énergies renouvelables vont donc jouer un rôle majeur dans les années à venir pour atteindre les objectifs internationaux en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les particuliers, entreprises et collectivités peuvent jouer leur rôle en demandant de consommer de l’électricité d’origine renouvelable grâce aux Garanties d’Origine, qui soutiennent justement le développement de ces énergies. Les derniers chiffres montrent des signes positifs.

Le marché des Garanties d’Origine au premier semestre 2020

Chaque trimestre, l’AIB (Association of Issuing Bodies) publie les chiffres du marché des Garanties d’Origine des trois derniers mois. Le deuxième rapport statistique de l’année est l’occasion de faire un point semestriel sur l’évolution de l’offre et la demande de GO en Europe cette année. Afin d’analyser les résultats, nous avons retirer des chiffres de l’AIB toutes les GO provenant d’énergies non renouvelables émises dans les pays pratiquant le full disclosure.

La première chose à retenir de ces chiffres est que la demande est en hausse. Au mois d’août, 550 TWh d’électricité d’origine renouvelable ont été tracés par des Garanties d’Origine pour les consommateurs européens. C’est 25 TWh (+4,8%) de plus que lors du premier semestre 2019 et c’est déjà supérieur à l’année 2018 (520 TWh). Nous pouvons donc espérer  l’atteinte d’un volume d’utilisation de GO dans l’espace couvert par le hub de l’AIB de 650 TWh au moins à la fin de l’année 2020.

Evolution des annulation de GO EnR par mois
Source : Origo à partir des chiffres de l’AIB

Ce constat est d’autant plus significatif que cette augmentation a eu lieu malgré la crise sanitaire. Celle-ci n’a pas freiné la volonté d’agir pour la transition électrique des consommateurs européens.

Comme souvent, les pays les plus actifs sur le marché des GO sont les pays nordiques (Norvège, Suède, Pays-Bas), bien accompagnés par l’Espagne, la Suisse et l’Italie. Ces 6 pays correspondent à eux seuls 66% des émissions et 60% des annulations de GO depuis le début de l’année. Il est important de noter que la Norvège, l’Italie, l’Espagne ainsi que la France exportent une grande partie des GO qu’ils émettent, tandis que les Pays-Bas, la Suisse ainsi que l’Allemagne importent une grande quantité de GO.

Focalisons-nous sur la France et sa réputation de pays exportateur de GO. L’impact de l’export des GO françaises est encore limité par les enchères de GO mises en place par l’Etat, qui ne vend que 50% des GO récupérées aux producteurs subventionnés. Les GO françaises pourraient donc davantage inonder le marché européen dès que l’opportunité de gain est pressentie par l’Etat français et tant que la demande nationale n’augmente pas significativement. Cela réduirait alors les chances d’une augmentation significative du prix des GO en Europe.

Pays importateurs et exportateurs net de GO

Légende : En bleu : 2018
En roue : 2019
En gris 2020

Source : AIB

Concernant les technologies, l’énergie hydraulique reste la principale source de production d’électricité renouvelable et correspond à 62% des émissions de GO renouvelables entre janvier et août 2020. L’éolien continue sa progression dans le paysage électrique européen avec une hausse de 3 points sur le premier semestre 2020 par rapport à 2019, passant de 22% à 25% du total des émissions de GO renouvelables.

De manière générale, les chiffres sont encourageants et laisse penser que la courbe continuera sa trajectoire dans les années à venir. L’avenir de la demande et du prix des GO reste toutefois très dépendant de l’évolution positive que nous espérons constater dans des pays clés comme la France et la Norvège qui inondent actuellement l’Europe et empêchent le prix des GO de créer des signaux d’investissements dans les énergies renouvelables.

La Garantie d’Origine est essentielle à la politique RSE

Pour réduire son impact environnemental et enrichir sa politique RSE, une entreprise peut mettre en place différentes solutions. L’une d’entre elles est la consommation d’électricité d’origine renouvelable. Elle permet notamment de réduire les émissions carbones liées à son scope 2. Pour cela, la consommation électrique doit obligatoirement être couverte par une Garantie d’Origine (GO) ou autres Energy Attribute Certificates (EAC) à l’international. L’achat de GO n’est pas obligatoirement corrélé à un contrat de fourniture d’électricité. Elles peuvent être utilisées de manière indépendante et cette stratégie a de nombreux bénéfices pour l’entreprise. Découvrons lesquels.

La possibilité de choisir la zone géographique et la technologie que vous souhaitez soutenir

Il est plus facilement possible pour une entreprise de jouer sur les caractéristiques (géographiques et technologiques) de l’électricité produite lorsque les GO sont achetées indépendamment. Par exemple, si une entreprise souhaite soutenir et développer une zone géographique particulière, proche de ses sites de consommation elle peut acheter des GO issues de centrales de productions à l’échelle régionale. En revanche,  si elle est plutôt tournée vers le développement international, elle peut privilégier les GO à l’échelle européenne .

Une centrale spécifique peut même être identifiée par l’entreprise afin de mettre en avant l’effort fait par celle-ci pour soutenir un acteur particulier. Cela permet de participer au développement économique de l’environnement voisin à cette centrale : création d’emplois, meilleure rémunération, augmentation du pouvoir d’achat, etc…

La transparence sur la démarche

En achetant ses Garanties d’Origine, l’entreprise se voit livrer régulièrement les attestations d’utilisation émises par le registre EEX. Ces attestations prouvent juridiquement que tout ou partie de l’électricité consommée par celle-ci a été produite par des énergies renouvelables. Toutes les informations concernant la ou les centrales ayant produit cette électricité sont disponibles : la technologie (éolien, solaire, hydraulique, etc…), le lieu de la centrale, la date de construction, si elle a eu des subventions ou non.

Cela permet à l’entreprise de communiquer en toute transparence sur sa démarche de consommation d’électricité auprès de ses parties prenantes internes et externes, preuves en main. La souscription à une offre d’électricité verte d’un fournisseur d’électricité ne garantit pas l’accès à toutes les informations liées à la consommation d’électricité verte.

garantie d'origine
Source : Origo

L’apparition concrète de vos efforts financiers pour la démarche

Décorréler l’achat de Garanties d’Origine et la fourniture d’électricité permet de suivre concrètement les investissements fait pour la filière des énergies renouvelables. La facture d’une offre classique d’électricité verte implique le prix de l’accès au réseau et le prix lié aux Garanties d’Origine sous un seul et même tarif.

Connaître le budget lié exclusivement à la consommation d’électricité verte permet aussi de le comparer aux autres démarches de développement durable faites par l’entreprises.

« Faisons-nous suffisamment d’efforts dans ce domaine ? Pouvons-nous en faire plus en achetant des GO locales ? Pouvons-nous réduire ces dépenses en choisissant des GO moins chère pour les réorienter vers une autre démarche ? » Tant de questions qui peuvent consolider l’implication de l’entreprise pour l’environnement.

La centralisation d’une démarche à l’international

Le mécanisme européen des Garanties d’Origine n’est pas le seul système de traçage de l’électricité verte dans le monde. Il existe d’autres EAC (Energy Attribute Certificate) reposant sur le même principe, les principaux sont les RECs en Amérique du Nord et les I-RECS ailleurs dans le monde.  

Source : Origo

Il est donc tout à fait possible de consommer de l’électricité issue de sources renouvelables à l’échelle internationale sans avoir à négocier pays par pays une offre verte avec le fournisseur d’électricité. Cet achat centralisé permet de construire une politique RSE globale cohérente, couvrant tous les pays où l’entreprise est implantée.   

Pour conclure, l’achat de Garanties d’Origines ou autres EAC indépendamment de la fourniture d’électricité permet tout autant de réduire l’impact carbone d’une entreprise et valoriser sa politique RSE.