Le prix des Garanties d’Origine se maintient à un niveau élevé

Depuis notre dernier article sur le prix de marché des Garanties d’Origine, celui-ci poursuit sa hausse pour atteindre des niveaux inédits. Il a d’ailleurs surpassé les records observés en 2018 à l’échelle européenne… Deux mois après la fin 2021, le nombre de transactions à des prix élevés pour cette année de production reste important. Pourquoi le phénomène persiste ? Combien de temps cela va durer ?

La demande augmente toujours

Ce n’est un secret pour personne, la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable augmente chaque année. Pour le moment, l’offre potentiellement disponible de Garanties d’Origine – 984 TWh de production EnR dans le périmètre AIB en 2020 [1] – permet d’absorber cette demande – 714 TWh de GO 2020 annulées [2]. Toutefois, l’écart pourrait réduire dans les prochaines années. Prenons l’exemple d’EDF, qui a déjà annulé plus de GO pour 2021 que pour la totalité de 2020 [3]. Notons par ailleurs, que les enchères de l’Etat trouvent preneurs pour l’ensemble des GO proposées à chaque édition, alors qu’il ne reste plus que le mois de décembre de disponible, mis aux enchères mi-mars.

Face à cette hausse de la demande, chaque acteur du marché réagit à sa manière. D’un côté, les producteurs tirent profit de leur rôle d’approvisionneur et choisissent d’attendre le plus offrant pour vendre leur stock. D’un autre côté, les revendeurs de GO qui doivent parfois afficher un prix plus élevé que les autres pour sécuriser la couverture de la consommation de leurs clients.

le prix des garanties d'origine reste élevé

Un écart abyssal du prix des Garanties d’Origine entre 2021 et 2022

Autre fait marquant depuis quelques mois, l’écart de prix conséquent entre 2021 et 2022 pour les GO européennes. Actuellement, 2021 oscille autour 1,2€/MWh alors que 2022 avoisine les 2,5€/MWh. Nous aurions pu croire en fin d’année 2021 que les prix des deux années allaient se rejoindre, alors que les besoins se font généralement plus rares. Mais il s’avère que la demande pour l’année passée ne s’estompe pas, si bien que les prix restent élevés et que les acteurs du marché anticipent ce même phénomène pour 2022.

Sachant que les Garanties d’Origine ont une validité de 12 mois, il est possible d’utiliser des GO de fin 2021 pour une consommation en 2022. Cette affirmation est valable dans beaucoup de pays européens, excepté en France. Les acheteurs vont-ils se tourner vers ce produit moins cher pour couvrir une consommation de 2022 ? Nous le saurons dans quelques mois. Actuellement, cette possibilité de report n’affecte pas les prix de 2022 qui continuent leur ascension.

Combien de temps le prix des Garanties d’Origine peut-il se maintenir ?

Les niveaux de prix actuels vont-ils se maintenir sur le long terme ? Pour répondre à cette question, il faut regarder les réglementations futures qui pourraient bouleverser le marché. La correspondance des GO avec la consommation française au pas mensuel a déjà eu un impact sur le prix unitaire des garanties d’Origine malgré un marché encore long.

Bientôt, le full disclosure à la production sera aussi mis en place dans le pays. Les consommateurs français pourront donc choisir de consommer de l’électricité renouvelable, nucléaire ou fossile. Cela permettra aussi à EDF de tracer son électricité avec des GO nucléaires. En ayant cette rigueur, l’impact sur la hausse de l’empreinte carbone du mix résiduel calculé par EEX [4] sera extrêmement fort et immédiat. Les consommateurs seront incités à résoudre ce problème avec l’utilisation explicite de Garanties d’Origine.

En France encore, les enchères seront probablement bientôt élargies à une production future. Ce changement augmentera la liquidité sur le marché forward des GO françaises et pourrait avoir un impact sur le prix unitaire. Les revendeurs de Garanties d’Origine pourraient en effet s’approvisionner ailleurs que sur le marché de gré-à-gré.

quelle prévision pour le prix des garanties d'origine

Le prix juste de la transition énergétique ? 

Une question cruciale demeure : quel prix les consommateurs sont-ils prêts à payer pour de l’électricité renouvelable ? Si le prix continue d’augmenter, certains vont-ils choisir d’autre solutions pour décarboner leur activité ? Avons-nous atteint un plancher où chaque acteur s’y retrouve financièrement ? Certains pays comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis nous montrent que le prix d’un certificat peut atteindre des niveaux inédits à l’échelle européenne (entre 5 et 10€ du MWh). Cela témoigne de l’engagement des consommateurs envers la transition énergétique. Notons que ces niveaux de prix permettent aux énergies renouvelables d’atteindre une rentabilité équivalente aux énergies fossiles. Il y aura donc des signaux d’investissement qui réduiront fortement la contribution de l’argent public dans de tels projets.

A nous, acteurs du marché, de convaincre les consommateurs que ce système peut financer la transition énergétique à grande échelle. 

L’avenir nous dira si la hausse des prix de ces derniers mois n’était qu’un feu de paille ou si la transition énergétique est bel et bien soutenue par les consommateurs. Les réglementations futures aplatiront peut-être la courbe. Mais tant que la demande est là, le marché a encore de beaux jours devant lui.


[1] Selon les chiffres de l’AIE, auquel on soustrait la production d’EnR Allemande subventionnées ne pouvant émettre des GO (estimation).

[2] D’après les chiffres de l’AIB

[3] D’après les chiffres d’EEX (fichier zip)

[4] Le mix résiduel est le mix par défaut associé à la consommation des Français. Il est calculé à partir du mix de production, auquel on intègre les imports/exports d’électricité et retire l’utilisation des Garanties d’Origine.

Origo se lance dans les Garanties d’Origine biogaz !

Origo se lance dans la fourniture de Garanties d’Origine biogaz. Après les Energy Attribute Certificates, puis la mise en relation avec notre partenaire Ecoact pour la compensation carbone, Origo propose désormais une offre complète vers l’atteinte de la neutralité carbone. 

Les Garanties d’Origine biogaz, comment ça marche ?

Le principe des Garanties d’Origine biogaz est exactement le même que celui des GO d’électricité. Pour 1 MWh de gaz consommé, une GO vous garantit qu’1 MWh de gaz provenant d’un site de production biologique a été produit et injecté dans le réseau.

Où en est le marché des GO biogaz ? À l’heure actuelle, il est bien moins mature que celui des GO d’électricité renouvelable. Pour le moment, il n’existe pas de marché européen commun qui permet l’import et l’export de GO entre les pays membres. Un point qui est d’ailleurs attendu pour la deuxième moitié de l’année 2022.

Origo lance une offre de garanties d'origine biogaz

En 2020, l’offre en GO biogaz en France était de 2 328 GWh, pour une demande de 1 237 GWh (53%). Cette offre double chaque année. Elle permet aux consommateurs de couvrir leur consommation avec un prix qui devrait baisser en même temps que l’offre augmente. 
Plus d’information sur le Registre des Garanties d’Origine biométhane.
En Europe la même année, la production de biogaz – donc l’offre potentielle – atteignait 191 TWh d’après la European Biogas Association.

À travers cette offre, Origo veut répondre aux entreprises qui souhaitent réduire leur empreinte carbone. Notre équipe vous accompagne dans cette démarche et reste disponible pour répondre à vos questions. En attendant, nous vous tiendrons régulièrement informés des actualités du marché biogaz.

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Les multinationales du RE100 plus que jamais engagées dans la transition énergétique

L’initiative RE100 vient de rendre son dernier rapport annuel sur la consommation d’électricité d’origine renouvelable des entreprises multinationales. Pour rappel, cette initiative accompagne les plus grandes entreprises vers 100% d’électricité verte, avec un encadrement strict et des objectifs ambitieux. Elle est portée par le CDP et le Climate Groupe. Chaque année, les deux associations effectuent un bilan pour mettre en avant l’avancée des adhérents.

Plus de membres RE100 pour plus de consommation verte

Le rapport a calculé les données 2021 de 315 membres, bien que lors de la publication l’initiative compte 349 membres. C’est 88 de plus que l’année précédente (+34%). La consommation électrique totale des 315 entreprises étudiées est de 340 TWh, supérieure à la consommation de la Grande-Bretagne. Si celles-ci formaient un pays, il serait le 11e consommateur d’électricité du monde.

Aujourd’hui, la part renouvelable de la consommation totale des entreprises membres est de 45%, contre 41% en 2020. Cela correspond à 152 TWh de consommation d’électricité d’origine renouvelable, soit presque 3 fois plus qu’en France. En tant que pays, ce serait le 2e plus gros volume du continent européen derrière la Grande-Bretagne (167,7 TWh)[1]

statistiques RE100
Evolution de la consommation électrique et renouvelable des membres du RE100
Source : RE100

Par ailleurs, l’objectif moyen pour atteindre les 100% d’électricité renouvelable est 2030, alors qu’il était avant de 2028. Pour cause, les nouveaux membres ont en moyenne ciblé l’année 2037. Nous pouvons penser que ces objectifs ne sont pas suffisants pour répondre à l’urgence climatique, surtout au regard des objectifs dits ambitieux imposés par RE100.

Concernant la localisation des entreprises engagées dans cette démarche environnementale, la région Asie-Pacifique reste la zone avec le plus de nouvelles adhérentes. L’année dernière déjà, 42% des nouveaux membres étaient situées dans la région. Cette année, c’est 62% des nouvelles inscriptions ! La région la plus représentée reste l’Europe, avec 124 membres, devant justement l’Asie-Pacifique (102) puis l’Amérique du Nord (89).

entreprises RE100 par pays
Nombre d’entreprises membres du RE100 par pays
Source : RE100

Des stratégies multiples confrontées à quelques barrières

Le rapport s’attarde aussi sur la stratégie de sourcing des entreprises. Les PPA participent notamment plus que jamais à l’approvisionnement en électricité renouvelable (28%), juste devant la souscription aux offres vertes des fournisseurs d’électricité. Mais la solution la plus utilisée reste l’achat d’Energy Attribute Certificate décorrélé de la fourniture d’électricité. Elle est notamment choisie en Amérique du Nord et en Asie, où les offres vertes ne sont pas encore très bien développées contrairement en Europe.

stratégies consommation électricité verte
Stratégie de sourcing des entreprises
Source : RE100

Les entreprises ont enfin fait remonter les pays où il était le plus compliqué de consommer de l’électricité d’origine renouvelable. Les pays les plus mentionnés sont la Corée du Sud, le Japon, la Chine et Singapour, tous de la région Asie-Pacifique, malheureusement là où la demande augmente le plus. Le manque de solution d’approvisionnement ou le manque de production sont les premières barrières évoquées. Le coût de la consommation d’électricité verte en Australie est aussi un problème fréquemment évoqué.

barrière consommation électricité verte
Les 10 pays les plus challengeant pour consommer de l’électricité verte
Source : RE100

La démarche de consommation d’électricité d’origine renouvelable est une solution de plus en plus adoptée pour limiter le réchauffement climatique. Les grandes entreprises internationales montrent l’exemple et se rassemblent pour montrer aux acteurs du marché et aux gouvernements que la demande existe et s’accentue. D’un côté, les pays mentionnés précédemment doivent trouver une solution pour permettre aux entreprises d’accéder plus facilement à l’électricité renouvelable. D’un autre côté, toutes les grandes entreprises à travers le monde doivent rehausser leurs ambitions et suivre le mouvement pour répondre à l’urgence climatique. 


[1] D’après les calculs d’Origo grâce aux chiffres de l’AIB

Les entreprises vers la neutralité carbone grâce aux EAC

Plusieurs standards internationaux, notamment celui de l’initiative Science Based Targets (SBTi), incitent les entreprises à atteindre la neutralité carbone. Ces plans ambitieux participent à l’objectif commun, qui est le maintient de la température globale sous la barre de 1,5°C. 

Evidemment, la consommation d’électricité d’origine renouvelable fait partie des démarches incontournables. La SBTi impose par exemple une consommation volontaire d’électricité verte de minimum 85% avant 2025 et 100% avant 2030. Ce point pourrait engendrer un impact considérable sur le marché futur des Energy Attribute Certificates (EAC), car ils sont souvent utilisés pour atteindre ces objectifs.

De nombreux standards reconnaissent et recommandent l’utilisation des EAC comme moyen de progresser vers la neutralité carbone.

Le GHG Protocol : la référence internationale de la comptabilité carbone 

Les grandes multinationales utilisent Le GHG Protocol comme outil de référence. Il leur permet de calculer et recenser leurs émissions carbones annuelles. Pour cela, l’organisation propose un guide pour chaque scope d’émission (scopes 1, 2 et 3), ainsi que de nombreux contenus pour une meilleure compréhension des sujets techniques.

Les scopes d'émissions carbones pour atteindre la neutralité carbone
Source : GHG Protocol

Le scope 2 attribue les émissions indirectes liées à la consommation d’énergies, notamment l’électricité. Dans son guide du scope 2, le GHG Protocol reconnaît l’utilisation d’EAC comme vecteur de réduction des émissions du scope. Si une entreprise utilise des EAC pour consommer 100% d’électricité d’origine renouvelable, elle réduit ainsi son scope 2 à 0 gCO2eq/MWh[1]. Le standard recommande même l’utilisation d’EAC, considérés comme le moyen le plus précis de tracer l’électricité.

La Science Based Target initiative (SBTi) : maintenir le cap sous la barre des 2°C

La SBTi propose aux entreprises des objectifs pour répondre à l’enjeu du réchauffement climatique, en fonction de leur domaine d’activité. Ces objectifs sont conformes aux dernières recommandations scientifiques pour limiter le réchauffement climatique. Si toutes les entreprises d’un secteur d’activité suivent les objectifs fixés par l’organisation, alors ce secteur aura fait le nécessaire, à son échelle, pour maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C. Les entreprises les plus ambitieuses peuvent même suivre une trajectoire sous le 1,5°C.


L’initiative reconnaît bien l’utilisation d’EAC pour attester de la consommation d’électricité renouvelable.

Le Carbon Disclosure Project (CDP) : l’évaluation de l’impact environnemental d’une entreprise

Le CDP note les entreprises internationales sur l’impact environnemental global de leur activité. Trois domaines concernent les entreprises : le changement climatique, l’impact forestier et l’impact sur l’eau. Les entreprises doivent rendre compte de leurs stratégies dans chacune des catégories et faire le bilan de leurs progrès chaque année pour être notées.

Le CDP utilise le GHG Protocol comme source fiable du rapport des émissions carbones. L’utilisation d’EAC est donc reconnu par le CDP dans la notation pour le changement climatique.

La RE100 : la mobilisation internationale qui oeuvre pour la neutralité carbone

L’initiative RE100 rassemble quelques unes des plus grandes multinationales qui s’engagent dans la démarche d’une consommation d’électricité 100% renouvelable à travers le monde. Ces entreprises affichent des objectifs ambitieux. Un engagement minimum de 60% de consommation d’ici 2030 est imposé. L’utilisation des EAC est fortement conseillée pour atteindre les 100%, du fait de la difficulté de couvrir la totalité de sa consommation via l’autoconsommation ou les PPAs.  

Les Garanties d’Origine, RECs et I-RECs, qui sont les trois principaux systèmes de traçabilités de l’électricité verte sont donc indispensables pour répondre aux objectifs et standards internationaux. Ces différents programmes valorisent la politique environnemental d’une entreprise et leur permettent d’être plus transparentes auprès de leurs parties prenantes. 


[1] GHG Protocol Scope 2 Guidance, Page 51, table 6.5

Qu’attendre du marché des Garanties d’Origine en 2022 ?

L’année 2021 arrive bientôt à son terme. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a été mouvementée pour le marché des GO, notamment avec les montagnes russes des prix. Mais alors, que peut-on attendre du marché des Garanties d’Origine en 2022 ? La tendance à la hausse des prix de 2021 va-t-elle se confirmer ? Est-ce une année charnière pour le marché ? Focalisons-nous sur quelques points clefs.

La demande et le prix à la hausse ?

Voilà maintenant quelques mois que le prix des GO maintient un niveau élevé, que l’on n’avait pas vu depuis 2019. Mais encore faut-il que cela se concrétise en 2022.

A ce propos, nous observons une demande de plus en plus importante et un intérêt fort de nouveaux consommateurs à utiliser des GO pour couvrir leur consommation de 2022. Cette même tendance se fait ressentir dans les autres pays du monde, avec une augmentation de la demande et des prix plus ou moins accentuée en fonction de la zone géographique. Par exemple, les RECs en Amérique du Nord connaissent une forte hausse de la demande mais surtout des prix. Ceux-ci ont flambé au cours de l’année 2021 et se maintiennent autour de 5€/MWh pour des REC Eolien Green-e 2021, alors que nous aurions pensé à un essoufflement sur les derniers mois de l’année. Du côté du Royaume-Uni, les REGOs valent plus de 4 £/MWh en spot.

Néanmoins sur 2021, le marché est pour le moment incertain. Il est approvisionné par des volumes importants en provenance d’enchères organisées par les Etats italiens, portugais, français, croates et encore luxembourgeois. Etonnamment ces volumes trouvent preneurs jusqu’à présent. Est-ce tenable jusqu’à la fin de l’année ? Si le marché se retrouve short, alors les prix sur 2022 s’écrouleront.

D’un autre côté, l’engagement dans la démarche de consommation d’électricité verte en Europe et dans le monde s’accélère. Le fleurissement des offres vertes des fournisseurs d’électricité participe à cela. Mais surtout les grands groupes internationaux s’engagent à consommer 100% d’électricité d’origine renouvelable dans le monde, notamment à travers l’initiative RE100. L’initiative représente 342 multinationales à travers le monde. 

L’Allemagne et la Norvège vont-elles chambouler le marché ?

Nous parlions le mois dernier d’une potentielle sortie du marché des GO de la Norvège, et des répercussions que cela pourrait avoir. Des premiers signes de réticence pour les GO Norvégiennes se font déjà ressentir. Si cela se confirme, les conséquences apparaîtront particulièrement en 2022. Mais l’Allemagne pourrait aussi chambouler le marché, d’une autre manière. En effet, elle reste le dernier gros acteur à ne pas émettre les GO des producteurs profitant d’aides étatiques, au sens de la directive européenne. Cette production représentait 220 TWh en 2020, soit environ 28% des émissions de GO en Europe la même année ! L’offre serait donc nettement supérieure qu’auparavant et creuserait l’écart avec la demande, avec pour conséquence une baisse des prix. Un retrait de la Norvège accompagnée d’une entrée supplémentaire de l’offre allemande ajouterait tout de même 71 TWh à l’offre actuelle.

Le full disclosure en France fera-t-il son effet ?

Nous l’attendions depuis un moment, le full disclosure à la production est entré en vigueur cet été et devrait être appliqué courant 2022. Pour rappel, cela signifie que chaque MWh produit, renouvelable ou non, sera tracé par une Garantie d’Origine. L’objectif est de rendre transparent le mix électrique français. Avant de savoir comment l’appliquer, certains fournisseurs proposent déjà l’inscription à des offres 100% nucléaires, tracées par des GO nucléaires. Faut-il s’attendre à une réception positive des Français à ce type d’offre ? Si oui, une succession de conséquences adviendrait.

L’utilisation massive de GO nucléaires aurait un impact sur le facteur d’émissions carbones du mix résiduel français, qui correspond au mix de consommation auquel on retire les imports et exports d’électricité ainsi que l’utilisation des GO. La part du fossile augmenterait dans le mix et le facteur d’émissions serait plus élevé. Le bilan carbone des grandes entreprises françaises sera donc alourdi. Celles-ci devront alors se tourner vers la consommation d’électricité verte. Ce serait de bon augure pour le marché des GO renouvelables et donc pour la transition énergétique.

Mais soyons clair, cela arrivera si EDF choisit de fournir une électricité 100% décarbonée à l’intégralité de ses clients en utilisant des GO renouvelables et nucléaires.

Enfin, le nouvel amendement de la REDII favorise l’installation du full disclosure pour les pays membres du marché des GO. Il est donc probable que d’autres grandes nations suivent le pas de la France (Allemagne, Espagne, Italie ?).

L’année 2022 peut être une année charnière dans l’histoire du marché des GO. La demande n’a jamais été aussi importante, les prix augmentent depuis quelques mois. Jusqu’où cette tendance peut-elle aller ? Sans oublier l’Allemagne, la Norvège et la France dont les nouvelles réglementations pourraient chambouler le marché.


Source : les chiffres avancés sont des calculs faits à partir des données de l’Association of Issuing Bodies (AIB), représentant l’ensemble des pays présents dans le marché des GO.

La Norvège prête à sortir du système des Garanties d’Origine ?

Le mois dernier, les élections parlementaires ont eu lieu en Norvège. Le parti des Travaillistes (Arbeidarpartiet) en est sorti vainqueur et a créé un nouveau gouvernement avec le parti Centriste (Senterpartiet). A première vue, cette information ne devrait pas être considérée comme capitale. Et pourtant… Le nouveau gouvernement a récemment proposé la sortie du système des Garanties d’Origine. Connaissant le rôle prépondérant de la Norvège dans le marché des GO, cette décision aurait de nombreuses répercussions.

Un écart réduit entre l’offre et la demande

La Norvège est le plus gros émetteur de GO en Europe. Elle comptait pour 18,6% des émissions totales de GO Européennes en 2020. Regardons donc l’état du marché des GO en 2020 :

Source : AIB statistics

En 2020, l’écart entre l’offre (les émissions) et la demande (les annulations) était de 47 TWh. Si l’on retire la Norvège du marché, cet écart se réduit et la demande surpasserait même l’offre (-19 TWh). A savoir qu’un certain volume est encore en réserve, notamment la production bénéficiant d’aides étatiques. Ce volume devrait par ailleurs bientôt arriver sur le marché grâce à la nouvelle directive européenne. En conséquence, des tensions pourraient apparaître sur le marché.

Hausse des prix de la Garantie d’Origine

Comme tout marché qui se respecte, qui dit tension entre offre/demande dit hausse du prix de la GO. Au-delà de ce constat, la Norvège est surtout le premier émetteur de GO hydraulique et le plus gros exportateur de GO (96 TWh en 2020). Historiquement, les GO d’hydraulique nordique sont les moins chers et les plus traitées du marché. Elles font office de prix de référence pour le marché de gros. A titre de comparaison, une sortie du marché de la GO de la Norvège correspond à une sortie de l’Arabie Saoudite du marché du pétrole ou à une sortie de la Russie du marché du gaz.

Tous les acteurs bénéficiant jusqu’à présent des GO d’hydraulique nordique seront obligés de se couvrir autrement. Les producteurs voudront donc en tirer profit et le prix unitaire devrait logiquement largement augmenter.

Entre catastrophe et excellente nouvelle, des scénarios de sortie aux différents impacts

Si la Norvège sort brutalement, le marché sera fortement perturbé. Une sortie brutale consiste à considérer que les GO norvégiennes n’existeront plus.

Aujourd’hui, le registre norvégien Statnett est le registre le plus utilisé pour les transactions de GO en Europe. Il traite plus d’un quart du volume Européen ! Les acteurs de marché devront donc rapidement trouver une autre solution pour s’échanger des GO. Mais le plus grave n’est pas là. Beaucoup de contrats de livraison à terme de GO concernent les GO norvégiennes. Si les GO norvégiennes ne sont plus reconnues, l’ensemble de ces contrats seront nuls. Tous les consommateurs ou fournisseurs d’électricité devront se retourner rapidement dans le marché, créant ainsi un effet de panique. Le marché des GO pourrait alors être décrédibilisé, l’empêchant de financer durablement la transition énergétique européenne.

La frustration des Norvégiens est liée au fait que les énergéticiens du pays exportent la majorité des GO pour un prix modique et dénature le mix énergétique des consommateurs norvégiens. Il faut savoir que la Norvège est aussi un pays exportateur net d’électricité, avec une production quasiment 100% renouvelable[1]. Une solution serait donc d’utiliser les GO du pays pour couvrir 100% de sa consommation électrique. L’export serait ainsi limité au surplus de production. Le marché européen se retrouverait moins inondé et plus dynamique, pour une transition énergétique accélérée.

Quelles conséquences pour la France ?

La France fait partie des exportateurs de GO, majoritairement hydraulique. Sans les GO Norvégiennes, les acheteurs européens risquent de se tourner notamment vers la France pour combler leur manque. Comment les producteurs français réagiront à cette nouvelle situation ?Le scénario le plus favorable serait que la demande vienne des consommateurs français. La France se retrouverait alors moins exportatrices et le prix unitaire augmenterait avec.

La Norvège, parce qu’elle en est un acteur incontournable, chamboulerait complètement le marché des Garantie d’Origine qui mettrait du temps avant de s’adapter. Ce n’est pas la première fois que le pays évoque cette possibilité. L’idée avait émergé il y a déjà quelques années, sans que celle-ci se réalise. Cette fois-ci est-elle la bonne ?


Source : https://www.aib-net.org/facts/market-information/statistics/activity-statistics-all-aib-members

[1] Mix de production électrique de la Norvège en 2020 (AIE) : https://www.iea.org/data-and-statistics/data-tables/?country=NORWAY&energy=Electricity&year=2020

Le prix de la Garantie d’Origine s’enflamme

L’année 2021 du marché des Garanties d’Origine ne finit plus d’être perturbée. Après la mise en place de la mensualisation des GO en France (nous en parlons ici), la rédaction d’une nouvelle RED II transposée en France par l’installation du full disclosure à la production (et ici), voilà maintenant que le prix de la Garantie d’Origine est en flagrante hausse depuis plusieurs semaines pour atteindre un prix moyen de référence d’1,70€/MWh pour 2022. Pourquoi cette hausse ?

Une demande en hausse constante

Premièrement, bien que les chiffres de l’AIB ne le montrent pas encore (nous en parlons ), il s’avère que la demande en Garanties d’Origine en Europe, et plus globalement en Energy Attribute Certificates à travers le monde, augmente significativement depuis des mois. Les consommateurs particuliers font de plus en plus le choix d’une consommation responsable grâce à des offres de fourniture d’électricité verte de plus en plus compétitives. Parallèlement, de nombreuses grandes entreprises ont fixés des objectifs ambitieux de consommation d’électricité d’origine renouvelable à court ou moyen terme, notamment à travers l’initiative RE100 ou pour répondre aux exigences du Carbon Disclosure Project ou de la Science Based Target initiative. L’engouement et les objectifs chiffrés assurent donc une croissance linéaire de la demande.

Une production d’électricité d’origine hydraulique plus faible

D’après Rodolphe Schennen, directeur de la maison de courtage des GO Commerg, « la production d’électricité d’origine hydraulique a chuté au cours de l’été 2021 dans les pays nordiques ». Les GO d’hydro nordiques étant les plus demandées sur le marché et les plus abondantes, l’offre se retrouve donc appauvrie et le prix de référence de ce type de GO augmente.

Le prix des autres marchés énergétiques est en hausse

Toujours selon Rodolphe Schennen, « les acteurs du marché des GO voient que le prix des marchés du gaz et de l’électricité augmente ». Il y aurait donc un « sentiment du marché » allant dans ce sens et qui passerait outre les fondamentaux. Autrement dit, chacun veut aussi sa part du gâteau.

Le prix ne pouvait pas descendre plus bas

Si l’on regarde 1 an en arrière, le prix de la Garantie d’Origine descendait parfois sous la barre des 0.30€/MWh. En conséquences, les producteurs n’étaient pas suffisamment rémunérés pour réellement pouvoir développer de nouveaux moyens de production. Le mécanisme des GO se retrouvait donc sous les critiques et la situation était perdant/perdant pour les acteurs du marché. Rodolphe Schennen pense alors qu’il y a eu une prise de conscience générale pour retrouver une situation bénéfique à tous, c’est-à-dire une hausse des prix. Ici encore, le « sentiment du marché » a pris le dessus sur les fondamentaux.

La hausse de la demande nous assure donc une continuité pour combler l’écart avec l’offre et espérer une hausse des prix à long terme. En revanche, la situation exceptionnelle de la production d’énergie hydraulique nordique associée à une perception des acteurs du marché qui pourraient changer dans les prochains mois ne nous garantie pas la stabilité du prix à court terme.

Les utilisations de Garanties d’Origine en baisse en 2021

L’AIB (Association of Issuance Bodies) a publié en juillet dernier les chiffres des transactions de Garanties d’Origine pour le 1er semestre 2021, jusqu’à fin juin. Nous avions récemment remarqué que la mensualisation associée à la mise aux enchères des GO en France avait chamboulé le marché des GO en Europe au premier trimestre (article ici). Concrètement, les GO se sont-elles plus ou moins vendues que les années précédentes ?

Sur les six premiers mois de l’année, près de 433 TWh de Garanties d’Origine d’énergies renouvelables ont été annulées en Europe. C’est inférieur aux deux années précédentes. A ce stade en 2020, les pays membres de l’AIB avait déjà annulé 473 TWh de GO renouvelables. Nous avons donc actuellement une baisse de 9,6% de la consommation volontaire d’électricité verte par rapport à 2020.

Cette situation est en grande majorité due à un effondrement du marché espagnol. Les annulations de GO dans le pays tombent de 78,4 TWh à 7,6 TWh (-932% !). Si l’on retire l’Espagne des calculs, nous remarquons une hausse des annulations de GO de 7,2% entre 2020 et 2021. Nous tentons alors de connaître les raisons de cette anomalie auprès des acteurs espagnols et de l’AIB. Nous vous tiendrons ensuite informés sur notre page Linkedin.

Par ailleurs, les producteurs d’électricité d’origine renouvelable ont émis plus de GO au premier semestre 2021 que précédemment. Environ 384 TWh de GO ont été émis cette année contre 337 TWh en 2020 sur la même période, soit une hausse de 12,2%.

Source : AIB

Projection sur le reste de l’année

Essayons maintenant de se projeter sur les 6 prochains mois de l’année. Pour cela, nous avons moyenné l’évolution mensuelle des transactions de GO du 2e trimestre des deux dernières années. Voici les résultats ci-dessous :

Source : AIB

Si l’on suit les tendances des années précédentes, la consommation volontaire d’électricité verte des membres de l’AIB devrait baisser de 10,2%. Les émissions de GO devraient elles augmentées de 7,3%. L’écart entre l’offre (émissions de GO) et la demande (annulations de GO) serait alors de 179 TWh. Peut-on donc s’attendre à une nouvelle baisse du prix de la GO ? Les six prochains mois nous le diront.

Parenthèse sur les émissions et les annulations au premier trimestre

Chaque année le nombre de GO émises est inférieure au nombre de GO annulées. Comme cela se fait-il ?

Les Garanties d’Origine d’une année n peuvent être annulées avant le 31 mars de l’année n+1. Cela s’explique par plusieurs raisons. En effet, un producteur d’électricité doit pouvoir avoir le temps d’émettre et de vendre les GO de sa production du dernier trimestre. Aussi, un fournisseur de GO doit attendre de connaître la consommation réelle annuelle (ou mensuelle en France) de ses clients avant de pouvoir annuler la quantité exacte de GO. Ces données sont généralement connues au début de l’année suivante. Enfin, une entreprise qui réalise son bilan carbone à la fin de l’année peut mettre en place des mesures simples, rapides et efficaces pour atteindre ses objectifs annuels. La consommation d’électricité d’origine renouvelable en fait partie. Il est alors possible pour un consommateur d’acheter en février 2021 des Garanties d’Origine émises en 2020 pour couvrir sa consommation de 2020.

Tout cela explique donc la forte hausse des annulations au premier trimestre de chaque année.

Quelques recommandations pour le marché des Garanties d’Origine

Depuis plusieurs années, le marché des Garanties d’Origine et sa réglementation évolue à un rythme soutenu. A travers ce système de traçabilité de l’électricité d’origine renouvelable, l’Union Européenne tente d’accélérer la transition énergétique grâce au choix des consommateurs. Mais cela est-il encore suffisant ? En marge de la rédaction de la nouvelle RED II et de sa transposition dans la loi française, Origo propose quelques recommandations à mettre en place pour solidifier le marché des GO en France et en Europe.

  • Le Full Consumption Disclosure à l’échelle européenne

Nous en avions déjà parlé précédemment, le full disclosure à la consommation rend obligatoire la traçabilité de chaque MWh soutiré du réseau par une GO, peu importe l’énergie utilisée pour l’émission de la GO. S’il est mis en place, les fournisseurs et les autres acteurs du marché de l’électricité seraient alors obligés d’indiquer le mix électrique de chaque offre qu’ils proposent. Les consommateurs se retrouveraient donc face au choix de l’énergie pour couvrir leur consommation. Sachant qu’une bonne partie de la population européenne est favorable à l’électricité verte (70% en France[1]), nous pouvons imaginer que ceux-ci se tourneraient vers les offres vertes. Cela permettrait le développement de nouveaux moyens de production utilisant des énergies renouvelables. Des pays comme l’Autriche, la Suisse et les Pays-Bas ont déjà mis cela en place avec succès. Leur pourcentage de consommation volontaire d’électricité verte est respectivement de 83,9%, 70,8% et 55,6%.

  • La possibilité à tous les producteurs de bénéficier de leurs GO

Dans la plupart des pays européens, les producteurs bénéficiant d’aides étatiques peuvent émettre pour leur compte des GO. Cela n’est pas le cas en France. Si les producteurs pouvaient bénéficier des GO associées à leur production, ceux-ci seraient en mesure de proposer des offres commerciales intéressantes aux consommateurs. Cela permettrait de couvrir d’importants volumes d’électricité sur plusieurs années, et donc de répondre en toute sécurité à la demande. Enfin, les productions étant majoritairement éolienne et solaire, l’offre de ce type de GO seraient plus compétitive face à la GO de grosses productions hydrauliques.

  • Des enchères de GO pour la production future

Aujourd’hui, les enchères mensuelles de GO en France sont réalisées 3 mois après le mois de production concerné. Depuis la mensualisation de la correspondance des GO avec la consommation, les acheteurs ont plus de mal à couvrir la consommation de leurs clients. Des enchères sur des mois de production en forward sur les trois années à venir sont une solution. Les acheteurs pourraient ainsi s’approvisionner en GO dès que la demande se manifeste. Ceux-ci seraient donc plus enclins à s’engager sur plusieurs années.

  • La reconnaissance des GO dans le calcul du bilan carbone de l’ADEME

Les organisations internationales telles que le Carbon Disclosure Project (CDP), la Science Based Target initiative (SBTi) ainsi que le RE100 reconnaissent l’utilisation de la Garantie d’Origine comme vecteur de diminution de l’empreinte carbone d’une entreprise sur son scope 2 (émissions indirectes de GES liées à la consommation d’énergie). L’achat de GO fait donc parties des mesures phares d’une entreprise pour réduire son impacte environnemental. Mais l’agence pour la transition écologique française ne les reconnait pas dans son outil de calcul du bilan carbone. Certaines entreprises sont alors limitées dans leur démarche. Celles-ci doivent mettre en place des mesures moins abordables (PPA, autoconsommation). De plus, la GO est la seule preuve légale d’une consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en Europe. Nous nous retrouvons donc face à une situation paradoxale.

En acceptant la GO comme le fait le GHG Protocol, l’ADEME permettrait au marché d’évoluer positivement en France. Pour rappel, celui-ci n’est pas encore à la hauteur de la moyenne européenne.

Toutes ces recommandations émergent d’une analyse du marché des GO auquel Origo participe depuis maintenant 7 ans. En tant que membre des associations RECS International et QuiEstVert, nous avons eu la chance d’échanger avec de nombreux autres acteurs du marché. Nous en avons conclu qu’avec ces quelques modifications, le consommateur peut participer activement à la transition énergétique du réseau électrique européen et s’affranchir des décisions politiques.

[1] https://www.energie-mediateur.fr/wp-content/uploads/2020/10/2020-synthese-redigee-barometre-energie-info.pdf