Dans quelques mois s’ouvrira à Paris la COP 21. Si les débats seront nombreux, nous savons déjà que la question du financement de la lutte et de l’adaptation au changement climatique, via notamment la promotion du fonds vert pour le climat, sera au cœur des enjeux. Capitale, cette mobilisation de l’argent public ne sera pas suffisante pour générer une transition vers une économie bas carbone au niveau mondial. En effet, les acteurs privés et en premier lieu les investisseurs devront adhérer aux objectifs climatiques et les inclure dans leurs stratégies, permettant ainsi au financement de la transition énergétique de changer d’échelle.
Longtemps, on croyait la finance bien loin de se préoccuper du climat et pourtant on assiste depuis quelques temps à de nombreuses initiatives de la part des investisseurs pour privilégier une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs explications sont avancées par le centre de recherche Novethic, filiale de Caisse des Dépôts en pointe sur la question,(http://www.novethic.fr/isr-et-rse/actualite-de-lisr/isr-rse/investisseurs-et-climat-le-vent-tourne-143071.html) pour expliquer cette mobilisation.
C’est une démarche qui est en fait assez ancienne, et regroupe un nombre important d’investisseurs éthiques. On retrouve parmi eux des congrégations religieuses ou des fondations, qui ont choisi d’exclure les entreprises les plus émettrices de carbone, comme le sont par exemple les compagnies pétrolières. Cependant, bien que nombreux et convaincus, ces précurseurs n’en ont pas moins des encours limités. Novethic recense moins de 200 milliards d’encours pour une centaine d’investisseurs.
Ne disposant pas d’un levier très important sur le plan financier, ils sont cependant très actifs sur le plan politique et jouissent de liens très étroits avec la société civile. A tel point qu’ils s’associent parfois avec elle comme par exemple pour la campagne « go fossil free » (http://gofossilfree.org/fr/ ). Cette action a fait preuve d’une efficacité certaine, en amenant certains fonds d’Universités américaines, comme celui d’Harvard, à réorienter ses investissements vers l’Investissement Socialement Responsable (ISR).
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Une démarche de gestion, la prise en compte du risque carbone :
Le business model des compagnies fortement émettrices de GES, notamment les majors pétrolières, a été radicalement remis en question par l’action combinée de la chute des cours du pétrole et la hausse de plus en plus importante des coûts d’extraction. Au delà, l’exposition de plus en plus forte des compagnies extractives au risque carbone fait que les investisseurs se montrent de plus en plus exigeants sur les questions liées au climat. Pour certains, cela passe même par une exclusion des actifs fortement carbonés de leurs portefeuilles.
Ainsi, le Montreal Carbon Pledge de 2014 a montré que les investisseurs étaient prêts à publier l’empreinte carbone de leurs portefeuilles d’ici à l’automne 2015. En France l’ERAFP, fonds de pension complémentaire de la fonction publique, a fait figure de précurseur puisque dès Mars 2014, ce dernier publiait l’empreinte carbone de ses investissements.
Au final, la prise en compte par les investisseurs des enjeux liés au climat relève bien souvent d’une double dimension éthique et gestionnaire. Le fonds norvégien, le plus important fonds souverain au monde, fort de 870 milliards de dollars, a ainsi annoncé récemment qu’il a exclu de ses investissements 22 entreprises impliquées dans des secteurs comme le charbon, les sables bitumineux ou l’or. Cette décision, prévue depuis quelques temps, est le résultat d’une pression combinée d’une partie de la société civile et du Parlement et de rapports d’analystes financiers prenant en compte le risque carbone.