Nouvelle transposition de la RED II : quels changements pour les GO ?

Le 3 mars dernier, l’Etat français a signé une nouvelle ordonnance portant transposition de diverses dispositions de la directive (UE) 2018/2001 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (RED II). Autrement dit, le Code de l’énergie a connu des modifications importantes concernant la production et la consommation d’électricité verte. Ces nouveautés ont aussi modifié les dispositions de la Garantie d’Origine. L’association QuiEstVert avait par ailleurs proposé ses versions à ce projet d’ordonnance.

Le principal changement à retenir de cette nouvelle ordonnance est la mise en place du full disclosure à la production dès juillet 2021. Le full disclosure à la production correspond à la possibilité pour tous les producteurs, toutes énergies confondues, de pouvoir émettre et commercialiser des Garanties d’Origine émanant de leur production d’électricité. En d’autres termes, un producteur comme EDF pourra émettre des Garanties d’Origine provenant de centrales nucléaires et surtout les utiliser pour tracer l’électricité consommées par ses clients. Si EDF réalise cette démarche comme elle l’a fait jusqu’alors en utilisant les déclarations de producteur, le facteur d’émission de CO2 du mix résiduel français sera alors considérablement alourdi. Cela pourrait donc inciter les entreprises à consommer de l’électricité d’origine renouvelable.

Autre changement significatif, les producteurs participant à des opérations d’autoconsommation pourront obtenir des GO afin de tracer leur production jusqu’à la consommation. Ces GO seront « immédiatement annulées afin d’attester l’origine de l’électricité autoconsommée et ne peuvent pas être vendues ». Cela évitera notamment le double comptage entre le MWh revendiqué par le consommateur via l’autoconsommation et le MWh comptabilisé dans le mix résiduel.

Enfin, les producteurs bénéficiant de subventions sous forme d’obligation d’achat ou de complément de rémunération « peuvent acheter les Garanties d’Origine de leurs installations avant ou après leur mise aux enchères » par l’Etat.

En parallèle, un décret relatif à la fourniture de gaz naturel et d’électricité a été rédigé ce 11 mars. Le nouvel article veut inciter les fournisseurs à plus de transparence auprès des consommateurs. Ils auront notamment l’obligation d’indiquer le pays et la technologie de production des GO utilisées pour le consommateur. Ils seront aussi tenus d’informer les consommateurs du mix énergétique, ainsi que la quantité de déchets radioactifs et de dioxyde de carbone générée par ce mix, de l’électricité proposée à l’ensemble de leurs clients au cours de l’année précédente.

Ces nouveautés sont des pas vers plus de transparence du marché de l’électricité et du mix énergétique français. Certains producteurs pourront bénéficier de GO dont ils n’avaient auparavant pas accès, permettant d’élargir l’offre et d’augmenter le taux de consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en France. De bonne augure pour la suite…

Que faut-il retenir des enchères de GO en 2020 ?

Les enchères de Garanties d’Origine mises en place par l’Etat en septembre 2019 ont connu leur première année civile complète en 2020. Les GO issues de la production d’un mois n’étant mises aux enchères que trois mois après, les enchères pour la production électrique de décembre ont eu lieu en mars 2020. C’est donc l’occasion de prendre du recul et d’analyser les résultats de 2020 pour établir des tendances et faire des retours critiques.

Pour rappel, l’Etat met aux enchères les GO issues de la production bénéficiant de subventions sous forme d’obligation d’achat ou de complément de rémunération. Jusqu’à présent, seul 50% de la production électrique de chaque installation a été mis aux enchères par l’Etat. Les volumes ont donc varié chaque mois entre 1,5 et 3,2 TWh. Sur les 25,1 TWh de GO mis en vente en 2020, 15,6 TWh ont trouvé preneur. Cela signifie que 62% des volumes mis en vente ont trouvé preneur mais surtout que seul 31% de la production électrique des installations a été valorisé par les enchères françaises de GO. Force est de constater que la consommation volontaire d’électricité de source renouvelable est encore très faible en France.

Source : EEX

Les deux premiers mois de l’année ont connu un succès notable avec la vente de l’intégralité des volumes proposé. Cela s’explique notamment par le fait que les acteurs du marché ont cherché à s’approvisionner au plus vite pour couvrir la consommation anticipée de l’année 2020. Le taux de vente s’est ensuite fortement dégradé jusqu’à ce que l’Etat décide de réduire le prix de réserve afin qu’il soit davantage en ligne avec les prix pratiqués sur le marché de gré-à-gré.

Concernant les technologies, l’éolien est largement dominant avec 78% des GO vendues sur l’année. L’énergie éolienne est en effet en plein essor ces dernières années. Elle est la deuxième énergie renouvelable qui produit le plus d’électricité derrière l’hydraulique. Sachant que la majorité des barrages hydrauliques ne perçoit plus de subvention, l’éolien est donc l’énergie la plus disponible aux enchères.

Source : EEX

Sur l’année 2020, l’Etat a vendu 15,6 TWh de GO pour un montant total de 2,8 millions d’euros, avec une moyenne unitaire de 0,18€/MWh. Depuis que l’Etat a pris la décision d’inonder le marché européen avec une offre potentielle pouvant dépasser 50 TWh par an, le prix spot des GO a considérablement chuté en Europe. Rappelons-nous qu’à la mi-année 2018, le prix unitaire d’une GO standard avait atteint 2,2€/MWh sur le marché de gré-à-gré.

Si la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable (10,9% en 2019) atteint en France ne serait-ce que la moyenne européenne (25,4% en 2019)[1], la France cesserait d’être exportatrice et le prix européen pourrait revenir à des niveaux au moins équivalents à 2018, avant l’annonce des enchères françaises. Une telle situation permet d’envisager que l’Etat récolte aux alentours de 125 millions d’euros pour la vente de ses GO, soit plus de 40 fois le montant actuel. Au-delà de l’intérêt financier direct pour l’Etat et le financement de la transition énergétique en France, atteindre un prix planché de la GO entre 2€ et 3€/MWh engendrera davantage de signaux d’investissements dans les énergies renouvelables en Europe, ce que freine la France actuellement.

Cette première année a donc été un bon exercice permettant l’implémentation et l’évolution d’un mécanisme prometteur. Néanmoins, il reste encore des améliorations à apporter afin qu’il porte ses fruits pour une transition énergétique du réseau électrique européen efficiente et durable.

[1] D’après des calculs d’Origo à partir des chiffres de l’AIB

L’UE propose une révision de la RED II

La Commission Européenne a dernièrement ouvert une consultation publique dans le cadre d’une révision de la RED II, afin de répondre aux ambitions du nouveau Pacte Vert. La RED II (Renewable Energy Directive), écrite en décembre 2018, définit notamment les objectifs européens en termes de consommation d’énergies renouvelables, en encadrant davantage l’utilisation des Garanties d’Origine (GO). Nous avions à l’époque réagit à la première version. Le Ministère de la Transition Ecologique a en parallèle ouvert un projet d’ordonnance de transposition de cette directive. Nos partenaires QuiEstVert et RECS International ont profité de ces deux consultations pour partager leurs points de vue. Voici leurs réactions pêle-mêle.

QuiEstVert est satisfait du projet d’ordonnance, qui propose notamment la mise en place d’un full disclosure à la production en France, c’est-à-dire la possibilité d’émettre des GO pour toute les sources d’énergie permettant l’injection d’électricité dans le réseau électrique français. Quelques modifications sont toutefois proposées. L’association estime que les producteurs non raccordés au réseau électrique ainsi que ceux qui bénéficient du mécanisme d’autoconsommation devraient voir leurs Garanties d’Origine automatiquement émises et utilisées afin d’éviter tout double comptage même via le mix résiduel. L’association propose de plus que les producteurs bénéficiant de l’obligation d’achat ou du complément de rémunération puissent racheter les Garanties d’Origine accolées à leur production avant ou après la mise aux enchères de l’Etat à un prix déterminé à l’avance, sans aucune restriction et sur la période du bénéfice de la subvention. Cela permettrait notamment le développement des PPA (Power Purchase Agreement).

RECS International est d’avis à imposer une part ou un quota d’utilisation de GO pour la fourniture ou l’achat d’électricité renouvelable. L’association pense aussi que le full disclosure devrait être généralisé, et ce à l’échelle européenne. Elle estime aussi qu’il serait bénéfique que chaque acteur du marché des GO puisse ouvrir un compte sur le registre de chaque pays pour certifier la consommation de n’importe quel client en Europe. Comme QuiEstVert, RECS International propose que tous les producteurs, dont ceux bénéficiant de subventions, aient la possibilité d’utiliser les GO issues de leur production.

Origo partage les avis de ses deux partenaires. La mise en place des propositions de la Commission Européenne et de l’Etat français, ajustées avec les retours des différentes parties prenantes, permettrait une cohérence globale du marché et faciliterait l’accès à l’électricité issue de sources renouvelables pour les entreprises. Les efforts fait par chacun sont de fait une bonne nouvelle pour la transition énergétique.

L’engagement des entreprises pour l’électricité verte en 2020

L’initiative RE100, portée par The Climate Group et le Carbon Disclosure Project (CDP), rassemblent les grandes entreprises internationales ayant fait la démarche de consommer à 100% de l’électricité d’origine renouvelable partout dans le monde. Le dernier rapport annuel de cette initiative nous montre une évolution positive des engagements des entreprises.

Au dernier rapport, 261 entreprises sont engagées dans cette initiative, soit 50 de plus qu’au rapport précédent et ce malgré la crise de la Covid-19 ! Créée en 2015, l’initiative ne comptait alors que 64 membres. Elle a quadruplé depuis. Les entreprises se montrent donc de plus en plus enclins à soutenir le développement des énergies renouvelables et participer à la transition énergétique mondiale. Par ailleurs, la consommation d’électricité annuelle cumulée de l’ensemble des membres de RE100 est de plus de 278 TWh. A titre de comparaison, la France a consommé 473 TWh d’électricité en 2019[1].

La répartition géographique des entreprises est intéressante. Le rapport souligne avant tout que 42% des nouveaux membres sont situés en Asie-Pacifique. Au total, le pays le plus représenté est les Etats-Unis (79 membres, figure 1), suivi de loin par la Grande-Bretagne (40) puis le Japon (39). La France (11) fait partie du peloton avec l’Australie (11), l’Allemagne (11), la Suisse (13) et le Danemark (10). La figure 1 montre aussi les zones géographiques avec le plus de potentiel en rouge.

Carte de la consommation électrique des membres du RE100 par pays
Source : RE100

Parmi toutes les entreprises engagées, 53 d’entre elles ont déjà atteint leur objectif tandis que 65 ont dépassé la barre des 90% de consommation d’électricité renouvelable. A ce jour, 42% de la consommation totale des entreprises est d’origine renouvelable, soit 113 TWh – l’équivalent de la part des énergies renouvelables dans le mix résiduel français en 2019[2]. Enfin, l’année moyenne visée par les entreprises pour réussir leur défi est 2028 et les trois quarts devraient y arriver d’ici à 2030. C’est peut-être encore insuffisant pour connaître réellement un changement brutal dans la demande en électricité renouvelable. Des objectifs à plus courts termes pourraient réduire l’écart entre l’offre.

[1] https://www.rte-france.com/actualites/bilan-electrique-francais-2019-une-consommation-en-baisse-depuis-10-ans-une-production

[2]https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/datalab_69_chiffres_cles_enr_edition2020_juillet2020_0.pdf

La CRE s’attarde sur le marché de l’électricité verte

Dans un récent rapport, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) s’est attardée sur le système des Garanties d’Origine et des offres vertes (section 4). L’organisation a pris le temps d’expliquer en détails le fonctionnement du marché de l’électricité verte et de donner son avis sur les dernières évolutions.  

Dans un premier temps, la CRE rappelle deux réalités concernant le marché l’électricité :

  • Quel que soit le moyen utilisé pour la produire, l’électricité est la même (caricaturalement « les électrons sont tous les mêmes »)
  • Une fois injectée sur le réseau, il n’est pas possible de la tracer physiquement (caricaturalement « tous les électrons se mélangent dans le réseau »). 

Elle rebondit ensuite sur ces points pour rappeler la définition d’une Garantie d’Origine : la GO permet aux consommateurs de revendiquer la consommation d’une quantité d’électricité d’origine renouvelable et ainsi de participer à la transition énergétique.

Par ailleurs, le rapport fait un point sur l’évolution du marché des GO en France et en Europe. Le nombre de GO utilisées en Europe a augmenté de 10% et de 7% en France entre 2018 et 2019. La CRE déplore tout de même une surcapacité du marché européen en GO et espère une hausse de la consommation volontaire d’électricité verte afin d’élever le prix unitaire de la GO. Nous pouvons ajouter que la France a un taux d’utilisation par rapport à la production particulièrement bas (47%[1]), ce qui contribue à inonder le marché européen des GO et donc de retarder les signaux d’investissements à l’échelle européenne. Plus de 50 TWh de GO sont potentiellement disponibles annuellement pour l’export, faute d’utilisation en France.

La commission profite aussi de ce rapport pour rappeler que le caractère vert d’une offre d’un fournisseur ne repose que sur l’association de cette offre à des GO. Elle remarque toutefois que certaines offres vertes ont développé des critères additionnels afin de répondre aux attentes des consommateurs : le caractère local de la production, l’adéquation temporelle entre production et consommation et l’achat conjoint de l’électricité et des GO.

La CRE a enfin tenu à répondre à la proposition de labellisation des offres vertes par l’ADEME (Agence de la transition écologique). Elle considère que les critères qualité de l’éventuel label sont trop éloignés de l’objectif premier d’une offre verte à savoir le soutien au développement des énergies renouvelables. Elle estime même que certains critères peuvent être sources de confusion pour le consommateur dont particulièrement celui de l’achat conjoint.

« Dans sa proposition de labellisation, l’ADEME met bien en avant le critère d’additionnalité. Toutefois, elle y adjoint la notion d’ « achat conjoint » direct auprès des producteurs de l’énergie et des garanties d’origine (GO). En valorisant les « circuits courts de financement », ce format d’offre répond à une demande croissante de la société. Toutefois, il méconnait la logique du système électrique interconnecté à l’échelle nationale et européenne et risque d’entretenir la confusion des consommateurs, particulièrement si un tel label s’applique à des installations de production par ailleurs soutenues par l’Etat. »

La commission suggère donc de se concentrer sur les informations qu’apportent les GO dont la localisation de l’installation, bénéfice ou non de subventions, la source d’énergie utilisée ou encore la date de mise en service afin répondre aux attentes des consommateurs en termes de transparence. 

La CRE interpelle donc les acteurs du marché de l’électricité à recentrer la démarche de consommation d’électricité verte autour de la Garantie d’Origine et des informations importantes qu’elle peut donner au consommateur. Origo soutient cette prise de parole en faveur d’une transparence sur l’utilisation des Garanties d’Origine par les fournisseurs pour couvrir leurs offres vertes et alerte l’Etat sur des éléments associés à la consommation d’électricité verte qui n’ont pas lieu d’être.

[1] D’après les chiffres de EEX (ex-Powernext) et RTE récoltés par Origo.

Les énergies renouvelables en 2020

Observ’ER a publié ce mois-ci son baromètre annuel de l’électricité issue des énergies renouvelables sur l’année précédente. Le rapport fait le point sur l’évolution de chaque filière renouvelable par rapport aux objectifs définis par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) pour 2023. Et les trajectoires sont pour le moment en deçà des espérances.

Globalement, la capacité d’énergies renouvelables installée au 30 septembre 2020 est en hausse de 4,43% sur les douze derniers mois, atteignant 56 307 MW. La production d’électricité verte a aussi augmenté : près de 124 TWh d’électricité ont été produit par les énergies renouvelables, contre 111,14 TWh en 2019, soit une hausse de 11,5%. Cela représente 27,3% de la production électrique totale de fin septembre 2019 à fin septembre 2020.

Source : Observ’ER
*Production au 30 septembre 2020 sur les douze mois précédents

L’énergie hydraulique est toujours la source majoritaire de production d’électricité renouvelable (51,2%), devant l’énergie éolienne (31,6%), tandis que l’énergie solaire reste encore à distance (10,4%). L’éolien connaît la plus grande augmentation de production (+40,7% !) sur les douze derniers mois. L’énergie solaire a elle produit 20,5% d’électricité de plus que l’année précédente. Pourtant, l’ajout de capacités de production de ces deux énergies est plus ou moins similaire sur la période : 1 296 MW de capacité ajoutée pour l’éolien (+8,1%) et 947 MW (+9,8%) pour le solaire. Cette différence de production pourrait donc s’expliquer par des conditions météorologiques plus favorables à l’éolien qu’au solaire.

L’augmentation de la capacité de production et de la production d’électricité des EnR – bien qu’elle soit positive – reste toutefois en dessous des prévisions de la PPE. Observ’ER s’alarmait déjà l’année dernière en calculant une hausse annuelle de la capacité du parc éolien et photovoltaïque de 2 GW nécessaire pour atteindre les objectifs de 2023. Ces deux filières n’ont jamais atteint ce chiffre depuis 2013 et le premier baromètre. L’éolien terrestre a maintenant un écart de 6 788 MW de capacité à combler d’ici à 2023, soit environ 2 262 MW/an. Le parc photovoltaïque doit presque doubler pour répondre aux objectifs, demandant un ajout de capacité annuel de 3 168 MW/an. Au rythme actuel, il n’atteindrait que 15 GW de capacité installée sur les 20 GW attendus d’après Observ’ER.

Source : Observ’ER

Les énergies renouvelables continuent donc d’être de plus en plus présentes dans le paysage énergétique français, mais à un rythme encore trop faible pour atteindre les objectifs fixés par la PPE. Il est donc nécessaire, notamment pour l’énergie éolienne et solaire, d’accroître fortement le nombre d’installation.DECOUVREZ LE RAPPORT COMPLET

Focus sur le pas mensuel des GO en 2021

En France, à partir du 1er janvier 2021, la consommation d’électricité d’origine renouvelable devra être vérifiée au pas mensuel. Cela signifie que les Garanties d’Origine qui vont certifier l’origine de l’électricité produite devront correspondre au mois de la consommation. La consommation d’électricité du mois de janvier sera couverte par des Garanties d’Origine relatives à de la production d’électricité injectée dans le réseau au cours du mois de janvier, etc. Pourquoi ce changement ? Quelles peuvent être les conséquences sur le marché ?

Les raisons du passage au pas mensuel

Avant tout, Le rôle de la Garantie d’Origine est de combler un manque du marché de l’électricité. Ce dernier permet de valoriser la capacité d’une production d’électricité à contribuer à l’équilibrage du réseau mais ne permet en aucun cas de valoriser l’origine de cette production d’électricité et donc notamment le fait qu’elle soit réalisée en respectant davantage l’environnement. Le marché de l’électricité se base sur le concept de responsabilité d’équilibre qui définit l’électricité selon deux critères : la zone de livraison appelée périmètre d’équilibre et un pas de temps qui s’avère être la demi-heure en France. C’est la raison pour laquelle la Garantie d’Origine complète la responsabilité d’équilibre afin que les acteurs du marché puissent contribuer à la transition énergétique dont le réseau électrique européen a besoin. Pour rappel, les centrales charbon contribuent encore à hauteur de 20% à l’injection d’électricité dans ce réseau et ce réseau électrique représente 35% des émissions de CO2 en Europe selon l’Agence Internationale de l’Energie.

Le rôle de la Garantie d’Origine n’étant pas de valoriser la contribution d’une production d’électricité à l’équilibrage du réseau, il est inutile que le pas de temps soit aussi réduit que celui de la responsabilité d’équilibre. Une couverture au pas annuel est donc adaptée à la vocation de la Garantie d’Origine.

Néanmoins, la décision du législateur d’exiger une traçabilité au pas mensuel permettra potentiellement de générer à terme davantage de pression sur certains mois de production ce qui pourra bénéficier à la valeur de la Garantie d’Origine.

Par ailleurs, cette décision permet en partie de répondre aux polémistes qui portent atteinte à l’opinion favorable des français pour les offres d’électricité verte, le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation du réseau électrique.

Quelles conséquences sur le marché ?

Le passage au pas mensuel ne devrait pas avoir d’impact significatif sur le marché des GO européennes. En effet, la France étant le seul pays à imposer le pas mensuel, il n’est pas attendu que cette exigence engendre une pression sur la production européenne. Pour rappel, même si la consommation française d’électricité représente 15% du marché européen, le faible taux d’utilisation de GO dans ce pays en fait un acteur à l’influence limitée.

L’impact de cette mesure sur le prix des GO françaises ne devrait pas être significatif en soit au vu du faible taux d’utilisation de GO en France. Selon l’AIB, seul 48 TWh de GO de production 2019 ont été utilisés en France dont 14 TWh provenant d’autres pays alors que la production d’électricité de source renouvelable du pays est de plus de 100 TWh. L’offre reste donc largement supérieure à la demande et peut facilement répondre au pas mensuel sans pression sur le prix.

Néanmoins, en cas de hausse significative de la demande pour des GO françaises, la tension entre l’offre et la demande pourrait augmenter lors de pics de consommation associés à des creux de production des énergies renouvelables. Associez à cela une volonté grandissante à consommer local et nous pourrions connaître une hausse significative du prix de la GO régionale. La difficulté de répondre à ce type de demande pourrait de plus en plus se faire ressentir et générer des prix de GO engendrant des signaux d’investissement pour des projets de production.

Pour que les attentes liées à l’introduction du pas mensuel se réalisent, il est important que les acteurs du marché puissent s’engager à long terme. En effet, l’offre de GO françaises est certes très abondante mais concentrée dans les mains de trois acteurs : EDF, la CNR et l’Etat. Ce dernier met aux enchères chaque mois depuis fin 2019 les GO des producteurs bénéficiant de subventions, avec un allotissement par région et par technologie. Ces GO sont mises en vente 3 mois après leurs émissions. Jusqu’à maintenant, les enchères ont connu un succès limité.

En raison de cette concentration de l’offre, le passage au pas mensuel risque de bloquer l’engagement des entreprises qui n’ont pas de visibilité sur le prix des GO françaises, même si le prix actuel est très bas pour les livraisons à court terme. Ainsi, il serait pertinent de mettre en place des enchères pour les livraisons à terme, à minima sur les trois à années à venir.

La mise en place de la mensualisation des Garanties d’Origine est donc une bonne mesure mais nécessite de s’accompagner de mesures complémentaires offrant un cadre réglementaires propice à l’investissement volontaire dans les énergies renouvelables. Faute de quoi, cette mesure ne sera qu’un frein à l’engagement des consommateurs.

La complémentarité des EAC et de la compensation carbone

La consommation d’électricité renouvelable via l’achat d’EAC (Energy Attribute Certificate) et la compensation carbone via l’achat de crédit carbone permettent de répondre à deux des trois étapes indispensables vers l’atteinte de la neutralité carbone : mesurer, réduire, compenser.

La première étape de la construction d’une stratégie carbone est l’identification des postes émetteurs de gaz à effet de serre (GES). La méthodologie du GHG Protocol permet aux entreprises de calculer leur impact carbone.

Les EAC : un outil de réduction

Après avoir calculé l’impact de ces activités émettrices de GES, l’entreprise doit trouver un moyen de réduire au maximum ses émissions. Les actions possibles sont diverses mais reposent sur 2 leviers d’action principaux : la réduction des consommations (ex : optimisation des procédés, Km évités…) et la réduction de l’intensité carbone (report modal, consommation d’électricité d’origine renouvelable…)

La consommation d’électricité d’origine renouvelable via l’achat d’EAC tels que les Garanties d’Origine permet de réduire les émissions de CO2 du scope 2[1]. Les EAC font des entités qui les acquièrent un acteur de la transition énergétique en offrant un surplus de rémunération aux productions renouvelables pour peu à peu remplacer les énergies émettrices et ainsi limiter le réchauffement climatique.  De plus, les EAC offrent une gestion fine et flexible du budget et du portefeuille de projets soutenus (sélection de localisation, de technologie et de label de qualité).

Les EAC sont encadrés par des réglementations nationales et les bonnes pratiques promues par RECs International et sont reconnus par le GHG Protocol comme vecteur de réduction.

Le crédit carbone volontaire : un outil de compensation des émissions résiduelles

Lorsque l’entreprise ne trouve plus de moyen pour réduire ses émissions de GES, celle-ci peut mettre en place une Compensation Carbone Volontaire (CCV) via l’achat de crédit carbone. La CCV est l’investissement dans un projet qui évite ou séquestre des émissions de GES équivalentes aux émissions résiduelles de l’entreprise. Pour chaque tonne de GES émise, l’entreprise achètera un crédit carbone qui correspondra à une tonne de GES évitée ou séquestrée.

En plus de leurs impacts environnementaux, ces projets ont des impacts sociaux et économiques forts dans des zones géographiques en développement. Plus les projets bénéficieront d’investissements, plus ils participeront à la solidarité internationale et accéléreront la transition bas carbone à l’échelle mondiale.

Les projets de CCV sont certifiés et validés par des organisations internationales tel que Gold Standard ou VCS.

Relever le défi du réchauffement climatique

La consommation d’électricité issue de source renouvelable et la compensation carbone volontaire permettent aux organisations de contribuer aux objectifs de développement durable internationaux. Origo et son partenaire Ecoact  œuvrent quotidiennement pour accompagner les entreprises vers la consommation d’électricité issue de source renouvelable et la compensation Carbone Volontaire.

[1] le scope 2 couvre les émissions indirectes associées à l’énergie

Les énergies renouvelables bientôt en tête des charts !

L’AIE (Agence Internationale de l’Energie) a publié son dernier état des lieux du développement des énergies renouvelables au cours de l’année 2020 ainsi qu’une projection jusqu’en 2025. Bonne nouvelle : les énergies renouvelables devraient bientôt être les futures reines de l’électricité !

Les chiffres de l’AIB le montraient déjà, mais les énergies renouvelables survivent mieux à la crise sanitaire et économique que d’autres. La capacité des nouvelles installations des énergies renouvelables devrait en effet augmenté globalement de 4% en 2020 et atteindre près de 200 GW, notamment grâce aux Etats-Unis et à la Chine. Les énergies renouvelables représentent de plus près de 90% des ajouts de capacités installés, toutes énergies confondues.

Capacité des nouvelles installations par région/pays 2019-2021
(Source : AIE)

Cette augmentation de la capacité des installations a de fortes chances de se poursuivre dans les prochaines années, notamment en 2021. L’AIE prévoit une augmentation de 10% cette année-là, ce qui serait la plus forte hausse depuis 2015. Cela s’explique par le retard pris par certains projets en 2020 et par la croissance du marché dans certaines régions (Inde, Moyen-Orient, Europe) qui était visible avant la crise. Le coût de développement des énergies renouvelables est aussi de plus en plus faible. Aujourd’hui, l’installation d’éoliennes terrestres et de panneaux photovoltaïques est le moyen le moins coûteux pour ajouter de nouvelles centrales de production d’électricité dans de nombreux pays.

Toutefois, l’AIE rappelle que l’incertitude des politiques mises en place à travers le monde peuvent avoir un certain impact sur le secteur. L’agence anticipe même un déclin des nouvelles capacités installées en 2022. De nombreuses échéances dans l’allocation des subventions et taxes arrivent cette année-là dans des régions clés (USA, Chine), combinées aux difficultés financières de certains pays (Inde) et aux retards des appels d’offres en Amérique Latine.

Cette baisse des coûts ainsi que les différentes politiques mises en place devraient donc définir la trajectoire du développement des énergies renouvelables dans le monde après 2022. L’AIE estime que la capacité installée des énergies solaires et éoliennes dépassera celle du gaz en 2023 et du charbon en 2024. Les énergies renouvelables devraient ainsi en 2025 produire un tiers de l’électricité dans le monde. A noter qu’au premier semestre 2020, elles correspondaient déjà à 40% de la production de l’électricité européenne, devant les énergies fossiles (34%).[1]

Figure 2 Capacité totale installée par énergie 2019-2025
(Source : AIE)

Les énergies renouvelables sont donc sur la bonne voix pour dominer le secteur électrique dans les prochaines années d’après l’AIE, mais cela passera aussi par la volonté des consommateurs à choisir ces énergies pour leur consommation électrique. Les producteurs et les gouvernements ont besoin de savoir que les usagers sont favorables à l’utilisation de ces énergies. Le choix d’une consommation d’électricité d’origine renouvelable via l’achat d’EAC (Energy Attribute Certificate) permet justement aux parties prenantes de connaître l’état du marché mais aussi de mieux rémunérer les producteurs et les inciter à développer de nouvelles installations.


[1] https://ember-climate.org/project/renewables-beat-fossil-fuels/