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Le marché des Garanties d’Origine chamboulé au premier trimestre 2021

Depuis le 1er janvier 2021 en France, un mois de consommation d’électricité doit être couvert par des Garanties d’Origine issue du même mois de production. Cette mensualisation a chamboulé le marché des Garanties d’Origine en France, qui a d’abord vu le prix unitaire exploser pour ensuite retomber.

Les acteurs du marché français se retrouvent confrontés à deux contraintes avec la mensualisation des Garanties d’Origine et la réalisation des enchères trois mois après la production d’électricité.

Marché des GO:  Une contrainte de temps

La première contrainte est le temps. Jusqu’en janvier 2021, les revendeurs de GO pouvaient acheter des GO émises n’importe quand dans l’année pour couvrir la consommation de leurs clients. Soit ils les achetaient sur le marché de gré-à-gré directement auprès des producteurs, soit ils passaient par les enchères de l’état chaque mois de l’année. Avec la mensualisation, les acteurs doivent maintenant trouver des producteurs dont la production peut couvrir la consommation de leurs clients mois par mois.  Ou alors enchérir chaque mois aux enchères, sans avoir la certitude de récupérer les mises et sans avoir de secondes chances puisque chaque enchère ne concerne pour le moment qu’un seul mois de production. Ils se retrouvent donc rattrapés par le temps car les GO d’un mois de production peuvent vite être épuisées.

Marché des GO : Une contrainte d’argent

La deuxième contrainte est l’argent. Pour avoir les GO nécessaires pour leurs clients, les acteurs doivent proposer des prix plus élevés aux producteurs ou aux enchères. Le prix d’achat des GO sur le marché de gré-à-gré est nettement supérieur à celui des enchères. Il l’est d’autant plus lorsque celui-ci se fait en « forward », c’est-à-dire avant la période de production. Quel prix les acteurs sont-ils prêts à mettre pour répondre à la demande des consommateurs sans prendre de risque ?

Cette situation a évidemment eu des répercussions sur le marché des GO. Ces répercussions sont illustrées par les résultats des enchères sur les trois premiers mois de l’année 2021. Voici les résultats :

Source : Origo d’après les chiffres d’EEX

Comme en début d’année 2020, la totalité du volume mis aux enchères a été vendu. Cependant, l’Etat a décidé en février 2021 d’augmenter le volume en vente de 50% à 75% du volume total de GO. Cette décision a été prise au regard de la soudaine hausse des prix dès janvier 2021. Les acteurs n’ayant en revanche pas pu s’approvisionner aux enchères ont donc été obligés de racheter des GO plus chères sur le marché de gré-à-gré. Cela augmentant le prix moyen de la GO en France et même en Europe.

Malgré un volume supplémentaire en février, les acheteurs ne souhaitaient pas reproduire les mêmes erreurs qu’au mois précédent. Ils ont ainsi aligné des prix encore plus élevés qu’en janvier. Ceux-ci ont ensuite trouvé un prix plus juste au mois de mars.

Une hausse du prix

La hausse du prix et du volume a permis à l’État d’enregistrer un CA d’environ 2,8M € sur le premier trimestre. Ce chiffre est équivalent à celui de l’année 2020 complète. L’augmentation du volume mis aux enchères a impacté le développement du marché en France. Il se retrouvait en légère tension entre l’offre et la demande et pouvait donc espérer de beaux jours devant lui.

Cette réforme du marché français des GO a chamboulé le marché européen. Une très forte hausse du prix en février est osbervée. Néanmoins, les acteurs devraient sans doute s’adapter à cette particularité. Les prochains mois nous diront alors à quel niveau le prix moyen de la GO se stabilisera. Ils devraient notamment s’adapter aux nouvelles contraintes et ne plus solliciter le marché de gré-à-gré de manière aussi forte.

EKOénergie : l’écolabel pour confirmer son engagement dans la transition énergétique

Alors que de plus en plus d’entreprises passent à une énergie 100 % renouvelable, un nombre croissant d’entre elles recherche également des moyens pour aller plus loin. Acheter des Energy Attribute Certificates (EAC), tels que les Garanties d’Origine ou les I-RECs portant l’écolabel EKOénergie est une solution pour y parvenir. EKOénergie est un écolabel international à but non lucratif qui promeut les énergies renouvelables à travers le monde.

Pour chaque EAC certifié EKOénergie annulé, 0,10€ sont versés à leurs Fonds pour le Climat. Ceux-ci financent des projets visant à réduire la précarité énergétique et à assurer une production d’énergie durable dans les pays en développement (plus de 50 projets menés depuis 2015). A titre d’exemple, un projet mené par l’ONG Santé Sud a récemment vu le jour à Madagascar. L’utilisation d’EAC EKOénergie a ainsi permis d’accorder 24 000 euros à l’installation des panneaux solaires pour huit cabinets de sages-femmes.

En plus du Fonds pour le Climat, pour chaque MWh d’hydroélectricité labellisée EKOénergie vendu, une contribution d’au moins 0,10€ est reversée au Fonds pour l’Environnement d’EKOénergie. Cet argent est utilisé pour financer la mise en œuvre de projets de restauration des cours d’eau et atténuer l’impact de la production hydroélectrique sur la nature. Les projets ont lieu dans les pays où l’électricité EKOénergie est produite ou vendue.

Ce travail en faveur des énergies renouvelables est reconnu au niveau international et a été récompensé. En effet, le label est mentionné comme pratique exemplaire contribuant à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) par Le Département des Affaires Économiques et Sociales des Nations Unies (DAES ONU). EKOénergie est également l’un des lauréats du Prix du Citoyen Européen 2020 décerné par le Parlement Européen.

Origo est le partenaire officiel d’EKOénergie en France et est fière de pouvoir fournir ses clients en EAC labellisés. La consommation d’électricité d’origine renouvelable est une démarche environnementale forte, et le choix du label EKOénergie permet aux entreprises d’aller encore plus loin dans cette démarche et d’agir pour un développement durable et équitable des énergies renouvelables en Europe et dans le monde.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter leur site internet : https://www.ekoenergy.org/fr/

Retour sur le marché des Garanties d’Origine en 2020

Maintenant que l’année 2021 est bien lancée, revenons sur l’évolution de la demande en électricité de source renouvelable en 2020. Les chiffres concernent seulement les pays membres de l’Association of Issuing Bodies (AIB), association regroupant les registres de GO de 30 pays européens. Alors comment s’est comporté le marché des Garanties d’Origine en 2020 ? Voici quelques éléments de réponse.

La première bonne nouvelle de cette année 2020 est que l’AIB continue de s’étendre et d’accueillir de nouveau pays. Le Portugal, la Serbie, la Slovaquie et la Grèce ont rejoint l’association en 2020. Bien qu’il ne soit pas de grands acteurs du marché pour le moment, cela montre leur envie d’aller de l’avant et de participer à la transition énergétique européenne.

La deuxième chose à retenir est la hausse des utilisations de GO durant cette période. Plus de 737 TWh ont été utilisés en 2020, soit une augmentation de 8,4% par rapport à 2019 et de 41,7% par rapport à 2018.

Source : AIB

Certains pays sont moteurs de cette hausse. L’Espagne a par exemple vu sa demande en Garanties d’Origine augmenter de 88,5 TWh entre 2018 et 2020 (+130%).Une augmentation largement supérieure au volume total de GO annulée de chaque autre membre de l’AIB, exceptée l’Allemagne. L’Autriche, la France et la Norvège ont, elles aussi, participé à la hausse des deux dernières années. En revanche, les Pays-Bas, la Suède et la Belgique peinent à maintenir une évolution positive.

Source : AIB

Comme depuis un moment déjà, l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas profitent du faible taux d’utilisation de GO nationales de la France, de l’Italie et de la Norvège. Ces dernières continuent d’abonder le marché des Garanties d’Origine et permettent de répondre à la demande des pays voisins à moindre coût. Cette exportation de GO françaises et italiennes peut être expliquée par la mise en place des enchères dans ces deux pays, ce qui ajoute un volume non négligeable au marché alors que la demande nationale n’est pas au rendez-vous. Les producteurs norvégiens et suédois ont quant à eux du mal à vendre le volume important de GO hydrauliques aux industriels nordiques.

Source : AIB

Le marché des Garanties d’Origine en 2020 est donc à la hausse, dans la continuité de l’année 2019. En 2021, de nombreuses nouvelles réglementations vont voir le jour, en espérant que cela donne un coup d’accélérateur au dynamisme de ce marché.

Nouvelle transposition de la RED II : quels changements pour les GO ?

Le 3 mars dernier, l’Etat français a signé une nouvelle ordonnance portant transposition de diverses dispositions de la directive (UE) 2018/2001 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (RED II). Autrement dit, le Code de l’énergie a connu des modifications importantes concernant la production et la consommation d’électricité verte. Ces nouveautés ont aussi modifié les dispositions de la Garantie d’Origine. L’association QuiEstVert avait par ailleurs proposé ses versions à ce projet d’ordonnance.

Le principal changement à retenir de cette nouvelle ordonnance est la mise en place du full disclosure à la production dès juillet 2021. Le full disclosure à la production correspond à la possibilité pour tous les producteurs, toutes énergies confondues, de pouvoir émettre et commercialiser des Garanties d’Origine émanant de leur production d’électricité. En d’autres termes, un producteur comme EDF pourra émettre des Garanties d’Origine provenant de centrales nucléaires et surtout les utiliser pour tracer l’électricité consommées par ses clients. Si EDF réalise cette démarche comme elle l’a fait jusqu’alors en utilisant les déclarations de producteur, le facteur d’émission de CO2 du mix résiduel français sera alors considérablement alourdi. Cela pourrait donc inciter les entreprises à consommer de l’électricité d’origine renouvelable.

Autre changement significatif, les producteurs participant à des opérations d’autoconsommation pourront obtenir des GO afin de tracer leur production jusqu’à la consommation. Ces GO seront « immédiatement annulées afin d’attester l’origine de l’électricité autoconsommée et ne peuvent pas être vendues ». Cela évitera notamment le double comptage entre le MWh revendiqué par le consommateur via l’autoconsommation et le MWh comptabilisé dans le mix résiduel.

Enfin, les producteurs bénéficiant de subventions sous forme d’obligation d’achat ou de complément de rémunération « peuvent acheter les Garanties d’Origine de leurs installations avant ou après leur mise aux enchères » par l’Etat.

En parallèle, un décret relatif à la fourniture de gaz naturel et d’électricité a été rédigé ce 11 mars. Le nouvel article veut inciter les fournisseurs à plus de transparence auprès des consommateurs. Ils auront notamment l’obligation d’indiquer le pays et la technologie de production des GO utilisées pour le consommateur. Ils seront aussi tenus d’informer les consommateurs du mix énergétique, ainsi que la quantité de déchets radioactifs et de dioxyde de carbone générée par ce mix, de l’électricité proposée à l’ensemble de leurs clients au cours de l’année précédente.

Ces nouveautés sont des pas vers plus de transparence du marché de l’électricité et du mix énergétique français. Certains producteurs pourront bénéficier de GO dont ils n’avaient auparavant pas accès, permettant d’élargir l’offre et d’augmenter le taux de consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en France. De bonne augure pour la suite…

Que faut-il retenir des enchères de GO en 2020 ?

Les enchères de Garanties d’Origine mises en place par l’Etat en septembre 2019 ont connu leur première année civile complète en 2020. Les GO issues de la production d’un mois n’étant mises aux enchères que trois mois après, les enchères pour la production électrique de décembre ont eu lieu en mars 2020. C’est donc l’occasion de prendre du recul et d’analyser les résultats de 2020 pour établir des tendances et faire des retours critiques.

Pour rappel, l’Etat met aux enchères les GO issues de la production bénéficiant de subventions sous forme d’obligation d’achat ou de complément de rémunération. Jusqu’à présent, seul 50% de la production électrique de chaque installation a été mis aux enchères par l’Etat. Les volumes ont donc varié chaque mois entre 1,5 et 3,2 TWh. Sur les 25,1 TWh de GO mis en vente en 2020, 15,6 TWh ont trouvé preneur. Cela signifie que 62% des volumes mis en vente ont trouvé preneur mais surtout que seul 31% de la production électrique des installations a été valorisé par les enchères françaises de GO. Force est de constater que la consommation volontaire d’électricité de source renouvelable est encore très faible en France.

Source : EEX

Les deux premiers mois de l’année ont connu un succès notable avec la vente de l’intégralité des volumes proposé. Cela s’explique notamment par le fait que les acteurs du marché ont cherché à s’approvisionner au plus vite pour couvrir la consommation anticipée de l’année 2020. Le taux de vente s’est ensuite fortement dégradé jusqu’à ce que l’Etat décide de réduire le prix de réserve afin qu’il soit davantage en ligne avec les prix pratiqués sur le marché de gré-à-gré.

Concernant les technologies, l’éolien est largement dominant avec 78% des GO vendues sur l’année. L’énergie éolienne est en effet en plein essor ces dernières années. Elle est la deuxième énergie renouvelable qui produit le plus d’électricité derrière l’hydraulique. Sachant que la majorité des barrages hydrauliques ne perçoit plus de subvention, l’éolien est donc l’énergie la plus disponible aux enchères.

Source : EEX

Sur l’année 2020, l’Etat a vendu 15,6 TWh de GO pour un montant total de 2,8 millions d’euros, avec une moyenne unitaire de 0,18€/MWh. Depuis que l’Etat a pris la décision d’inonder le marché européen avec une offre potentielle pouvant dépasser 50 TWh par an, le prix spot des GO a considérablement chuté en Europe. Rappelons-nous qu’à la mi-année 2018, le prix unitaire d’une GO standard avait atteint 2,2€/MWh sur le marché de gré-à-gré.

Si la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable (10,9% en 2019) atteint en France ne serait-ce que la moyenne européenne (25,4% en 2019)[1], la France cesserait d’être exportatrice et le prix européen pourrait revenir à des niveaux au moins équivalents à 2018, avant l’annonce des enchères françaises. Une telle situation permet d’envisager que l’Etat récolte aux alentours de 125 millions d’euros pour la vente de ses GO, soit plus de 40 fois le montant actuel. Au-delà de l’intérêt financier direct pour l’Etat et le financement de la transition énergétique en France, atteindre un prix planché de la GO entre 2€ et 3€/MWh engendrera davantage de signaux d’investissements dans les énergies renouvelables en Europe, ce que freine la France actuellement.

Cette première année a donc été un bon exercice permettant l’implémentation et l’évolution d’un mécanisme prometteur. Néanmoins, il reste encore des améliorations à apporter afin qu’il porte ses fruits pour une transition énergétique du réseau électrique européen efficiente et durable.

[1] D’après des calculs d’Origo à partir des chiffres de l’AIB

L’UE propose une révision de la RED II

La Commission Européenne a dernièrement ouvert une consultation publique dans le cadre d’une révision de la RED II, afin de répondre aux ambitions du nouveau Pacte Vert. La RED II (Renewable Energy Directive), écrite en décembre 2018, définit notamment les objectifs européens en termes de consommation d’énergies renouvelables, en encadrant davantage l’utilisation des Garanties d’Origine (GO). Nous avions à l’époque réagit à la première version. Le Ministère de la Transition Ecologique a en parallèle ouvert un projet d’ordonnance de transposition de cette directive. Nos partenaires QuiEstVert et RECS International ont profité de ces deux consultations pour partager leurs points de vue. Voici leurs réactions pêle-mêle.

QuiEstVert est satisfait du projet d’ordonnance, qui propose notamment la mise en place d’un full disclosure à la production en France, c’est-à-dire la possibilité d’émettre des GO pour toute les sources d’énergie permettant l’injection d’électricité dans le réseau électrique français. Quelques modifications sont toutefois proposées. L’association estime que les producteurs non raccordés au réseau électrique ainsi que ceux qui bénéficient du mécanisme d’autoconsommation devraient voir leurs Garanties d’Origine automatiquement émises et utilisées afin d’éviter tout double comptage même via le mix résiduel. L’association propose de plus que les producteurs bénéficiant de l’obligation d’achat ou du complément de rémunération puissent racheter les Garanties d’Origine accolées à leur production avant ou après la mise aux enchères de l’Etat à un prix déterminé à l’avance, sans aucune restriction et sur la période du bénéfice de la subvention. Cela permettrait notamment le développement des PPA (Power Purchase Agreement).

RECS International est d’avis à imposer une part ou un quota d’utilisation de GO pour la fourniture ou l’achat d’électricité renouvelable. L’association pense aussi que le full disclosure devrait être généralisé, et ce à l’échelle européenne. Elle estime aussi qu’il serait bénéfique que chaque acteur du marché des GO puisse ouvrir un compte sur le registre de chaque pays pour certifier la consommation de n’importe quel client en Europe. Comme QuiEstVert, RECS International propose que tous les producteurs, dont ceux bénéficiant de subventions, aient la possibilité d’utiliser les GO issues de leur production.

Origo partage les avis de ses deux partenaires. La mise en place des propositions de la Commission Européenne et de l’Etat français, ajustées avec les retours des différentes parties prenantes, permettrait une cohérence globale du marché et faciliterait l’accès à l’électricité issue de sources renouvelables pour les entreprises. Les efforts fait par chacun sont de fait une bonne nouvelle pour la transition énergétique.

L’engagement des entreprises pour l’électricité verte en 2020

L’initiative RE100, portée par The Climate Group et le Carbon Disclosure Project (CDP), rassemblent les grandes entreprises internationales ayant fait la démarche de consommer à 100% de l’électricité d’origine renouvelable partout dans le monde. Le dernier rapport annuel de cette initiative nous montre une évolution positive des engagements des entreprises.

Au dernier rapport, 261 entreprises sont engagées dans cette initiative, soit 50 de plus qu’au rapport précédent et ce malgré la crise de la Covid-19 ! Créée en 2015, l’initiative ne comptait alors que 64 membres. Elle a quadruplé depuis. Les entreprises se montrent donc de plus en plus enclins à soutenir le développement des énergies renouvelables et participer à la transition énergétique mondiale. Par ailleurs, la consommation d’électricité annuelle cumulée de l’ensemble des membres de RE100 est de plus de 278 TWh. A titre de comparaison, la France a consommé 473 TWh d’électricité en 2019[1].

La répartition géographique des entreprises est intéressante. Le rapport souligne avant tout que 42% des nouveaux membres sont situés en Asie-Pacifique. Au total, le pays le plus représenté est les Etats-Unis (79 membres, figure 1), suivi de loin par la Grande-Bretagne (40) puis le Japon (39). La France (11) fait partie du peloton avec l’Australie (11), l’Allemagne (11), la Suisse (13) et le Danemark (10). La figure 1 montre aussi les zones géographiques avec le plus de potentiel en rouge.

Carte de la consommation électrique des membres du RE100 par pays
Source : RE100

Parmi toutes les entreprises engagées, 53 d’entre elles ont déjà atteint leur objectif tandis que 65 ont dépassé la barre des 90% de consommation d’électricité renouvelable. A ce jour, 42% de la consommation totale des entreprises est d’origine renouvelable, soit 113 TWh – l’équivalent de la part des énergies renouvelables dans le mix résiduel français en 2019[2]. Enfin, l’année moyenne visée par les entreprises pour réussir leur défi est 2028 et les trois quarts devraient y arriver d’ici à 2030. C’est peut-être encore insuffisant pour connaître réellement un changement brutal dans la demande en électricité renouvelable. Des objectifs à plus courts termes pourraient réduire l’écart entre l’offre.

[1] https://www.rte-france.com/actualites/bilan-electrique-francais-2019-une-consommation-en-baisse-depuis-10-ans-une-production

[2]https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/datalab_69_chiffres_cles_enr_edition2020_juillet2020_0.pdf

La CRE s’attarde sur le marché de l’électricité verte

Dans un récent rapport, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) s’est attardée sur le système des Garanties d’Origine et des offres vertes (section 4). L’organisation a pris le temps d’expliquer en détails le fonctionnement du marché de l’électricité verte et de donner son avis sur les dernières évolutions.  

Dans un premier temps, la CRE rappelle deux réalités concernant le marché l’électricité :

  • Quel que soit le moyen utilisé pour la produire, l’électricité est la même (caricaturalement « les électrons sont tous les mêmes »)
  • Une fois injectée sur le réseau, il n’est pas possible de la tracer physiquement (caricaturalement « tous les électrons se mélangent dans le réseau »). 

Elle rebondit ensuite sur ces points pour rappeler la définition d’une Garantie d’Origine : la GO permet aux consommateurs de revendiquer la consommation d’une quantité d’électricité d’origine renouvelable et ainsi de participer à la transition énergétique.

Par ailleurs, le rapport fait un point sur l’évolution du marché des GO en France et en Europe. Le nombre de GO utilisées en Europe a augmenté de 10% et de 7% en France entre 2018 et 2019. La CRE déplore tout de même une surcapacité du marché européen en GO et espère une hausse de la consommation volontaire d’électricité verte afin d’élever le prix unitaire de la GO. Nous pouvons ajouter que la France a un taux d’utilisation par rapport à la production particulièrement bas (47%[1]), ce qui contribue à inonder le marché européen des GO et donc de retarder les signaux d’investissements à l’échelle européenne. Plus de 50 TWh de GO sont potentiellement disponibles annuellement pour l’export, faute d’utilisation en France.

La commission profite aussi de ce rapport pour rappeler que le caractère vert d’une offre d’un fournisseur ne repose que sur l’association de cette offre à des GO. Elle remarque toutefois que certaines offres vertes ont développé des critères additionnels afin de répondre aux attentes des consommateurs : le caractère local de la production, l’adéquation temporelle entre production et consommation et l’achat conjoint de l’électricité et des GO.

La CRE a enfin tenu à répondre à la proposition de labellisation des offres vertes par l’ADEME (Agence de la transition écologique). Elle considère que les critères qualité de l’éventuel label sont trop éloignés de l’objectif premier d’une offre verte à savoir le soutien au développement des énergies renouvelables. Elle estime même que certains critères peuvent être sources de confusion pour le consommateur dont particulièrement celui de l’achat conjoint.

« Dans sa proposition de labellisation, l’ADEME met bien en avant le critère d’additionnalité. Toutefois, elle y adjoint la notion d’ « achat conjoint » direct auprès des producteurs de l’énergie et des garanties d’origine (GO). En valorisant les « circuits courts de financement », ce format d’offre répond à une demande croissante de la société. Toutefois, il méconnait la logique du système électrique interconnecté à l’échelle nationale et européenne et risque d’entretenir la confusion des consommateurs, particulièrement si un tel label s’applique à des installations de production par ailleurs soutenues par l’Etat. »

La commission suggère donc de se concentrer sur les informations qu’apportent les GO dont la localisation de l’installation, bénéfice ou non de subventions, la source d’énergie utilisée ou encore la date de mise en service afin répondre aux attentes des consommateurs en termes de transparence. 

La CRE interpelle donc les acteurs du marché de l’électricité à recentrer la démarche de consommation d’électricité verte autour de la Garantie d’Origine et des informations importantes qu’elle peut donner au consommateur. Origo soutient cette prise de parole en faveur d’une transparence sur l’utilisation des Garanties d’Origine par les fournisseurs pour couvrir leurs offres vertes et alerte l’Etat sur des éléments associés à la consommation d’électricité verte qui n’ont pas lieu d’être.

[1] D’après les chiffres de EEX (ex-Powernext) et RTE récoltés par Origo.

Les énergies renouvelables en 2020

Observ’ER a publié ce mois-ci son baromètre annuel de l’électricité issue des énergies renouvelables sur l’année précédente. Le rapport fait le point sur l’évolution de chaque filière renouvelable par rapport aux objectifs définis par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) pour 2023. Et les trajectoires sont pour le moment en deçà des espérances.

Globalement, la capacité d’énergies renouvelables installée au 30 septembre 2020 est en hausse de 4,43% sur les douze derniers mois, atteignant 56 307 MW. La production d’électricité verte a aussi augmenté : près de 124 TWh d’électricité ont été produit par les énergies renouvelables, contre 111,14 TWh en 2019, soit une hausse de 11,5%. Cela représente 27,3% de la production électrique totale de fin septembre 2019 à fin septembre 2020.

Source : Observ’ER
*Production au 30 septembre 2020 sur les douze mois précédents

L’énergie hydraulique est toujours la source majoritaire de production d’électricité renouvelable (51,2%), devant l’énergie éolienne (31,6%), tandis que l’énergie solaire reste encore à distance (10,4%). L’éolien connaît la plus grande augmentation de production (+40,7% !) sur les douze derniers mois. L’énergie solaire a elle produit 20,5% d’électricité de plus que l’année précédente. Pourtant, l’ajout de capacités de production de ces deux énergies est plus ou moins similaire sur la période : 1 296 MW de capacité ajoutée pour l’éolien (+8,1%) et 947 MW (+9,8%) pour le solaire. Cette différence de production pourrait donc s’expliquer par des conditions météorologiques plus favorables à l’éolien qu’au solaire.

L’augmentation de la capacité de production et de la production d’électricité des EnR – bien qu’elle soit positive – reste toutefois en dessous des prévisions de la PPE. Observ’ER s’alarmait déjà l’année dernière en calculant une hausse annuelle de la capacité du parc éolien et photovoltaïque de 2 GW nécessaire pour atteindre les objectifs de 2023. Ces deux filières n’ont jamais atteint ce chiffre depuis 2013 et le premier baromètre. L’éolien terrestre a maintenant un écart de 6 788 MW de capacité à combler d’ici à 2023, soit environ 2 262 MW/an. Le parc photovoltaïque doit presque doubler pour répondre aux objectifs, demandant un ajout de capacité annuel de 3 168 MW/an. Au rythme actuel, il n’atteindrait que 15 GW de capacité installée sur les 20 GW attendus d’après Observ’ER.

Source : Observ’ER

Les énergies renouvelables continuent donc d’être de plus en plus présentes dans le paysage énergétique français, mais à un rythme encore trop faible pour atteindre les objectifs fixés par la PPE. Il est donc nécessaire, notamment pour l’énergie éolienne et solaire, d’accroître fortement le nombre d’installation.DECOUVREZ LE RAPPORT COMPLET