Quel bilan des enchères de GO ?

Depuis cinq mois maintenant, l’Etat français met aux enchères les Garanties d’Origine émanant de la production d’électricité des centrales bénéficiant de subventions, soit de l’obligation d’achat, soit du complément de rémunération. C’est ainsi que la DGEC a tenté de maximiser le profit de l’Etat en ayant une stratégie de mise en vente progressive des volumes produits. Cette stratégie est déployée par l’utilisation de deux leviers : le prix de référence et la mise sur le marché de volume à sa convenance.

Si le prix de référence a toujours été caché, il s’est révélé au cours des enchères relatives à la production du mois d’octobre 2019. Sur les 2 TWh mis en vente, seuls 800 GWh ont trouvé preneurs. Et ce pour la simple raison que les offres d’achat proposées en dessous de 0,10€/MWh n’ont pas été satisfaites. Pour ce qui est des volumes mis en vente jusqu’alors, l’Etat a systématiquement proposé que 50% des volumes produits, le reste étant donc valorisé à 0€ et non utilisé.

A ce stade, nous vous proposons un bilan de cette décision de mise aux enchères de Garanties d’Origine.

Sur les cinq sessions d’enchères concernant huit mois de production d’électricité, l’Etat a réalisé un gain de 4.9 millions d’euros pour un volume total vendu de 13 TWh. Cela représente donc un prix moyen de 0,37€/MWh. Le prix moyen diffère d’une technologie à l’autre : 0,50€/MWh pour le solaire, 0,38€/MWh pour l’éolien, 0,30€ pour l’hydraulique et 0,28€/MWh pour la biomasse. Nous pouvons voir une nette baisse des prix à partir du mois d’avril, mois qui s’est révélé en forte hausse par rapport au mois de mars.

La forte différence entre les mois de mars et d’avril s’explique par le mécanisme de soutien aux énergies renouvelables au Royaume-Uni. Les mécanismes du « non-UK FIT » et « non-UK CfD » font bénéficier aux fournisseurs anglais un remboursement de taxe en cas d’utilisation de certaines GO provenant d’autres Etats membres. Ils ont ainsi créé un appétit pour les GO françaises, en particulier pour le solaire et l’éolien, d’où l’atteinte de prix supérieur à 1€/MWh. Il ne s’agissait donc pas de préférence de technologie en soit. La raison expliquant l’intérêt des fournisseurs d’outre-manche fut que l’éolien et le solaire français étaient pour la plupart des installations de moins de 5 ans et d’une puissance installée inférieure à 5MW, critères d’éligibilité à l’exemption de taxe. Cet effet d’aubaine s’est fait moins ressentir pour finalement disparaître à la suite de l’annonce de l’Ofgem, le régulateur anglais, de ne pas reconnaître ces GO françaises comme éligibles aux mécanismes.

A partir du mois de juillet, le prix des GO françaises s’est aligné sur les prix européens tout en continuant à faire baisser ces derniers en raison de l’importante offre apportée au marché européen par l’Etat français.

En guise de bilan, nous pouvons souligner la bonne réalisation des enchères et les importants volumes qui ont été vendus. Le prix moyen de vente reste très bas et en baisse. Nous pouvons enfin constater que les prix d’achat proposés par les acteurs du marché sont désormais majoritairement en dessous du prix de réserve.

Focus sur l’Espagne : futur roi du sans-subvention

En 2018, la production d’énergies renouvelables sans subvention en Europe représentait 588 TWh, soit environ 47% de la production totale d’énergies renouvelables[1]. L’Espagne produisait alors 29 TWh d’électricité verte sans subvention, sur une production totale d’EnR de 100 TWh, selon RECS International.

Le pourcentage (faites le calcul) est donc faible comparé par exemple à la France qui produisait la même année 57% de son électricité verte sans subvention, grâce aux barrages hydrauliques. Mais selon ICIS[2], l’Espagne est le leader de ce marché en termes de nombre de projets en cours et de leur capacité totale annoncée. Le coût de production de ces énergies, notamment solaires, étant l’un des plus faibles dans le pays, cela permet l’émergence de nombreux projets.

Source : ICIS

Les producteurs ont ainsi recours à des PPAs (Power Purchase Agreement) avec d’autres acteurs, comme des fournisseurs ou des entreprises grosses consommatrices d’électricités. Cela leur permet d’avoir des revenus minimums assuré et de rembourser les intérêts des emprunts bancaires, généralement sur 10 ans. En effet, les parties du contrat peuvent alors convenir d’un prix fixe ou même d’un contract-for-difference (Cfd). Dans ce dernier cas, l’accord financier consiste à payer la différence entre le prix fixe convenu et un indice reflétant la valeur du prix spot de l’électricité. Cela signifie que lorsque le prix du marché est supérieur au prix convenu, le producteur rembourse la différence au partenaire, et inversement lorsque le prix du marché est inférieur au prix convenu.

En Espagne, les PPAs avec les fournisseurs sont de plus en plus populaires. Ils proposent des revenus suffisamment stables pour investir et le processus de contractualisation est plus rapide. Les fournisseurs peuvent en effet assumer les risques plus facilement grâce à leur portefeuille déjà existant sur le marché. Mais ces fournisseurs développent aussi leurs propres centrales de productions avec leurs propres fonds, leur permettant de vendre en direct leur électricité sur le marché.  

Barcelone

Pourquoi la production d’électricité de source solaire devient rentable en Espagne ? Premièrement, le prix de marché de la responsabilité d’équilibre permet d’offrir une rémunération acceptable de l’électricité produite ce qui donne une bonne base pour la négociation de contrat long terme. Par ailleurs, la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable est bien plus importante qu’en France par exemple. Le taux d’utilisation de Garanties d’Origine sur la consommation totale d’électricité était 26,9% contre 7,4% en France en 2018, selon l’AIB. L’origine de l’électricité ayant davantage de valeur pour les consommateurs, la production électrique provenant d’installations solaires peut se voir être mieux rémunérée qu’une production plus émettrice de gaz à effet de serre. Les signaux sont donc au vert et les investissements fleurissent.

La France quant à elle profite pour le moment de ces barrages hydrauliques. Mais les nouvelles technologies restent encore dépendantes des subventions sauf de très rares exceptions. La consommation d’électricité d’origine renouvelable restant encore trop faible, les investissements ne voient pas voir le jour.


[1] https://www.recs.org/assets/doc_4465.pdf

[2] https://www.icis.com/explore/resources/news/2019/09/09/10415456/power-perspective-subsidy-free-renewables-in-europe-market-data-and-outlook

L’Europe à la COP 25 : entre Pacte Vert et énergie nucléaire

En marge de la COP 25 gouvernée par le Chili et qui s’est déroulée du 2 au 13 décembre en Espagne, l’Europe s’est montrée entreprenante. L’urgence climatique a été votée et mise sur papier à travers la rédaction d’un Pacte Vert visant à augmenter les actions et atteindre la neutralité carbone en 2050. Il a aussi été décidé que l’énergie nucléaire serait incluse dans le mix énergétique européen pour répondre aux enjeux climatiques. Enfin, la France sera encore plus au cœur du réseau électrique européen avec l’ouverture de nouvelles interconnexions.

Le Pacte Vert a pour objectif de développer une économie et une société durables et saines pour l’environnement, en prenant en compte tous les acteurs y compris les citoyens. Il présente une première feuille de route des différentes actions et règles à mettre en place. Concernant l’énergie, l’Europe rappelle que le réseau électrique doit être majoritairement alimenté par les énergies renouvelables, en complément d’une sortie rapide des énergies fossiles. L’Europe insiste par ailleurs sur l’importance du développement de l’éolien off-shore. Aussi, pour que chacun puisse avoir de l’énergie à prix abordable et en toute sécurité, le marché européen doit être entièrement intégré, interconnecté et digitalisé. Enfin, l’UE attend la révision des plans énergétiques et climatiques des pays membres d’ici la fin de l’année 2019. Ceux-ci doivent être ambitieux et répondre aux nouveaux objectifs européens. L’Europe se permettra de réviser ces plans s’ils ne les considèrent pas suffisants. Il faut savoir que la Pologne est pour le moment le seul pays à être en désaccord avec ce Pacte, elle qui a un mix de production dominé à plus de 76%[1] par le charbon.

Lors de la Conférence des Nations Unies, l’Europe s’est résignée à inclure le nucléaire dans la transition énergétique. En effet, le Parlement « estime que l’énergie nucléaire peut contribuer à atteindre les objectifs en matière de climat dès lors que c’est une énergie qui n’émet pas de gaz à effet de serre, et qu’elle peut également représenter une part non négligeable de la production électrique en Europe ; considère néanmoins qu’en raison des déchets qu’elle génère, cette énergie nécessite une stratégie à moyen et long terme qui tienne compte des avancées technologiques (laser, fusion, etc.) visant à améliorer la durabilité du secteur »[2]. Aucune feuille de route n’a été proposée à ce sujet pour le moment. De leur côté, les énergies renouvelables devront correspondre à 32% du mix d’ici 2030, mais le Parlement incite le Conseil et la Commission à prendre des mesures additionnelles.

A côté des différentes annonces, la Commission Européenne a accepté de subventionner une nouvelle interconnexion entre la France et l’Irlande, permettant à l’Irlande de ne plus être dépendante du Royaume-Uni. La mise en service est prévue pour 2026 et devrait coûter 930 millions d’euros, sachant que l’Europe participerait à hauteur de 530 millions d’euros. Cette nouvelle confirme la volonté de l’Europe à créer une « solidarité électrique », où aucun pays n’est mis de côté et qui devrait favoriser le développement des énergies renouvelables. En effet, chaque état membre doit augmenter sa capacité d’interconnexion à l’étranger pour atteindre au moins les 15% de sa puissance installée d’ici 2030. La France tient ici un rôle majeur : elle sera donc connectée à un septième pays et quatre autres interconnexions sont en projet et validées par l’UE – deux avec le Royaume-Unis, une avec l’Espagne et une avec l’Italie.

La France doit maintenant confirmer sa place forte en devenant l’un des principaux pays consommateurs d’électricité verte du continent.


[1] https://www.aib-net.org/sites/default/files/assets/facts/residual-mix/2018/AIB_2018_Residual_Mix_Results_1_4.pdf

[2] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2019-0079_FR.html

RE100 fait le point sur les entreprises consommatrices d’électricité verte

RE100 est une initiative portée par The Climate Group et la CDP rassemblant les entreprises internationales consommatrices d’électricité verte. Chaque année, les deux organismes rapportent l’évolution du secteur dans le monde des entreprises. Le dernier rapport prouve encore une fois la place de plus en plus grande que prennent les énergies renouvelables.

L’initiative RE100 avait l’ambition originelle de rassembler 100 entreprises. Aujourd’hui, 211 en sont membres et 56 ont rejoint le mouvement depuis le rapport précédent. La consommation totale de toutes les entreprises membres représentait 228 TWh en 2018, ce qui ferait de RE100 le 21e pays consommateur d’électricité au monde, entre l’Indonésie et l’Afrique du Sud.

Source : RE100

Les membres du RE100 ont consommé 87 TWh d’électricité verte en 2018, soit 38% de leur consommation totale. Le pourcentage est similaire à l’année précédente malgré l’arrivée de plus de 50 entreprises. Parmi les membres, un tiers consomme 75% d’électricité verte et presque la moitié sont au-dessus des 50%. À noter que déjà 30 entreprises consomment 100% d’électricité verte sur tous leurs sites.

Les efforts de ces entreprises ont un impact majeur sur le développement des énergies renouvelables. Par exemple, 43 entreprises ont investi en tout 140 millions de dollars dans des projets d’énergies bas carbone. Elles utilisent de plus leur statut de mastodonte économique pour diriger les directives des décideurs vers ces énergies dans des pays où elles sont moins développées. Elles incitent aussi leurs partenaires à suivre cette démarche, permettant d’amener le mouvement vers d’autres horizons.

La consommation d’électricité verte n’est plus que la réponse à la gestion de ses émissions de GES et la politique RSE des entreprises. L’avis et l’attente du consommateur ainsi que les demandes des parties prenantes sont de plus en plus pris en compte. En effet, les membres du RE100 avouent que la fidélisation clientèle est une source de motivation supplémentaire dans la consommation d’électricité verte. De même pour les employés, qui seraient favorables à cette démarche selon 50% des entreprises. Le coût et la gestion d’une stratégie sur le long terme sont enfin de bonnes raisons de passer à l’action.

Source : RE100

Il existe pourtant encore quelques freins à passer totalement à l’électricité verte. De fait, les entreprises internationales gèrent des sites partout dans le monde, avec donc des lois et des systèmes différents pour chaque pays. Des entreprises travaillent donc auprès de certains gouvernements afin de faciliter le passage à l’électricité verte, ce qui ne peut qu’être bénéfique !

Source : RE100

Le médiateur national de l’énergie rend son baromètre annuel

Le médiateur national de l’énergie a réalisé en septembre dernier son dernier baromètre Energie-Info sur un échantillon de 1301 foyers. Ce baromètre fait un état des lieux annuel du marché de l’électricité en France, en tenant compte les comportements des fournisseurs et des consommateurs.

L’enquête rapporte que 61% des Français sont favorables à une offre d’électricité verte, comme l’année dernière. A noter que 12% le sont même si cette offre est plus chère. Par ailleurs, près de la moitié sont prêts à changer d’offre seulement si l’offre verte est moins chère de plus de 3% qu’une offre non-verte. La plupart des offres vertes sont moins chères que le tarif réglementé dont EDF détient le monopole et qui concerne plus des deux tiers des consommateurs. En conséquence, les consommateurs favorables aux offres vertes devraient systématiquement trouver un tarif correspondant à leurs attentes.

Les consommateurs sont aussi de plus en plus démarchés par des fournisseurs concurrents au leur (61% en 2019 contre 36% en 2017). Cela permet aux consommateurs une meilleure connaissance du marché de l’électricité et de son ouverture. En effet, près de 9 Français sur 10 savent qu’il est possible de changer de fournisseurs d’électricité. De plus, 66% des Français se sentent bien informés sur l’ouverture du marché à la concurrence et 32% d’entre eux cherchent à obtenir plus d’informations.

Source : Médiateur National de l’Energie
Source : Médiateur National de l’Energie

Les Français estiment aussi mieux connaître les démarches lorsqu’il s’agit de changer de fournisseur d’énergie (66%) et beaucoup avouent qu’elle est simple à mettre en place (73%). Ce pourcentage est en forte hausse depuis 2016, avec une augmentation de plus de 20 points dans les deux cas. Les offres d’électricité verte intéressent donc de plus en plus des consommateurs qui sont mieux informés et qui savent comment changer d’offre. Nous pouvons alors espérer à court et moyen terme une hausse de la consommation d’électricité verte dans notre pays.

Source : Médiateur National de l’Energie
Source : Médiateur National de l’Energie

Près d’un Français sur quatre a par ailleurs déjà changé de fournisseur d’électricité, dont 6% dans les 12 derniers mois. La principale motivation étant le prix pour 70% d’entre eux. Les offres d’électricité verte étant majoritairement moins coûteuses que le tarif réglementé, cela ne peut qu’inciter les consommateurs à changer pour ce type d’offre.

Les Français sont de manière générale de mieux en mieux informés sur le marché de l’électricité. Il s’agit donc d’une bonne nouvelle pour les offres d’électricité verte qui présentent de nombreux avantages par rapport aux offres non-vertes. Rendez-vous l’année prochaine pour un nouvel état des lieux !

RECS International et l’AIB publient leur rapport annuel sur les Garanties d’Origine

Chaque année, l’AIB, l’association des teneurs de registre européens de Garanties d’Origine (GO) révèle le résultat de l’activité relative aux Garanties d’Origine en Europe. RECS International, l’association des acteurs de marché, publie son analyse sur l’évolution du marché en se basant sur les chiffres de l’AIB.

Pour la première fois, plus de 700 TWh d’électricité d’origine renouvelable a été demandée par les consommateurs européens. Cela montre la confiance croissante envers le système de la part des consommateurs, qui sont de plus en plus soucieux de l’impact de leur consommation électrique. Le système des Garanties d’Origine a par ailleurs été étendu au gaz renouvelable et à l’hydrogène dans la mesure où il se montre pertinent pour tout système intégrant un réseau de transport partagé.

Source : RECS International

Avant la fin de l’année 2018, 79% des GOs émises en 2017 et déjà 68% des GOs émises en 2018 ont été annulées d’après l’AIB. Seulement 3% des GOs de 2017 ont expiré, contre 7% l’année d’avant. En Europe, l’hydraulique reste la principale source d’émissions de GOs devant l’éolien et le solaire qui continuent leur hausse d’année en année.

Selon l’AIB, les consommateurs demandent de plus en plus de GOs provenant de leur pays, notamment en Suède, en Espagne, en Norvège, en Allemagne et en Italie. Les Français ne sont, eux, pas très regardants sur l’origine géographique de leur électricité, ce qui n’incite pas au développement des EnR dans notre pays en particulier. Par ailleurs, le faible volume d’utilisation de GOs en France engendre un volume important d’export des GOs françaises. Les pays nordiques font partie des plus gros importateurs, suivis par l’Allemagne.

RECS International insiste sur l’Espagne, dont le volume d’annulation de GOs depuis son intégration à l’AIB s’est multiplié. En effet, plus de 700 municipalités ont décidé de s’approvisionner en Garanties d’Origine. De leur côté, les Néerlandais continuent de montrer la voie avec une demande supérieure à la France et dépassant les 50 TWh, bien que le pays soit quatre fois moins peuplé que le nôtre. Les efforts du Royaume-Unis, dont la production et la demande en électricité d’origine renouvelable ne cessent d’augmenter, sont aussi à souligner.

Source AIB

Les bilans présentent enfin la part d’émission de Garanties d’Origine dans la production totale d’électricité d’origine renouvelable par pays. La France fait malheureusement partie des mauvais élèves avec un pourcentage à peine au-dessus des 40% tandis que de nombreux pays sont au-dessus des 80%, allant même jusqu’à 100% pour l’Autriche et la Suisse – qui certifie toutes les sources d’électricité. C’est d’autant plus dommage que la France est l’un des plus gros producteurs d’énergies renouvelables parmi les pays membres. Mais cela va changer dans la mesure où les moyens de production bénéficiant de subventions émettent désormais des Garanties d’Origine ; celles-ci étant ensuite mise en vente par l’Etat via des enchères. Ces enchères pourraient d’ailleurs augmenter de 6% le volume d’émissions de Garanties d’Origine d’après RECS International.

Source : AIB

RECS International donne l’alerte sur les projets de blockchain

RECS International a publié en août dernier une synthèse de ses recherches sur l’intérêt de diverses propositions revendiquant l’utilisation de blockchain afin de contribuer à la traçabilité de l’électricité. L’organisation a d’abord étudié les différents projets pour ensuite les questionner et en tirer des conclusions.

Le rapport souligne trois cas différents, un positif et deux alarmants :

Cas n°1 : Des projets proposant d’améliorer le fonctionnement des teneurs de registres.

Certains projets permettent à la traçabilité légale des Garanties d’Origine de s’améliorer. La blockchain permettrait une traçabilité de la production sur un pas de temps plus fréquent (journalier, horaire) ou sur une unité plus petite (de MWh à kWh), permettant de mettre en avant les petits producteurs. Ils ouvriraient la voie à de nouvelles conditions tarifaires basées sur la localisation d’une centrale sur le réseau ou son profil de production. Cela pourrait encourager une meilleure utilisation du réseau. Cette traçabilité permettrait enfin aux différents acteurs du marché de tenir leurs comptes plus régulièrement. Ils s’appuient donc sur le travail de coopération des États de l’Union européenne ayant mis en place un cadre légal pertinent pour l’améliorer en apportant des solutions techniques innovantes.

Cas n°2 : Des projets en parallèle du système actuel

Certains projets ignorent le système de traçabilité légal. Cela peut engendrer de la confusion chez le consommateur et remettre en cause le principe même de consommation d’électricité verte. En effet, une unité de production pourrait donc avoir plusieurs certifications différentes et être utilisée plusieurs fois (double ou triple comptage). Il n’y aurait aucun moyen d’éviter les doublons. Les consommateurs ne pourront pas savoir quel système est plus pertinent qu’un autre, et n’auront donc plus confiance aux différents certificats à cause d’un manque de standardisation. Ils s’éloigneront alors des énergies renouvelables. Enfin, certains projets oublient la notion d’utilisation et donc d’annulation d’un certificat. Ceux-ci proposent un schéma où un certificat peut être utilisé comme une cryptomonnaie, sans jamais être annulé.

Cas n°3 : Des projets peu fiables intrinsèquement

Certains projets de blockchains présentés comme alternative aux Garanties d’Origine pour la traçabilité de l’énergie ne sont pas aussi sécurisés que des blockchains publiques, comme le Bitcoin. Il s’agit de blockchains privées et au profit d’un nombre limité d’utilisateurs (un fournisseur d’électricité par exemple). Les données sont moins vérifiées, il y a moins de contrôle extérieur neutre. L’intérêt est donc moindre.

La popularité du concept de blockchain engendre la multiplication de propositions de la part d’entreprises. Il est important que tous les acteurs du marché restent vigilants concernant la réelle vocation de ces propositions et la robustesse des solutions proposées.

L’IRENA présente son nouveau rapport

L’IRENA – International Renewable Energy Agency – a dévoilé en septembre son dernier rapport relatif aux solutions énergétiques s’offrant aux entreprises et acteurs publics pour contenir le changement climatique. Elle les place comme acteurs de ce changement et rappelle que nous devons créer un système énergétique bas carbone pour limiter l’impact de notre activité sur le réchauffement climatique et tenir les objectifs. Nous disposons de moins de deux décennies pour réduire drastiquement nos émissions carbone.

En effet, selon le rapport, des investissements ambitieux dans le secteur de l’énergie sont les premières solutions pour un futur durable. Par ailleurs, le développement des énergies renouvelables accompagné d’une meilleure efficacité énergétique est l’une des plus efficientes et réalisables.

Transformer le système énergétique en profondeur implique donc de doubler les investissements actuels dans la production d’énergies renouvelables sur les trois prochaines décennies. Pour cela, l’aide des acteurs publics et entreprises est requise.

Le rapport rappelle que les investissements actuels sont en inadéquation avec l’urgence climatique et la barre des 1,5°C. Les 95 000 milliards de dollars de dépenses prévues par les gouvernements dans l’énergie doivent être de plus mieux partagés. En effet, près de 18 600 trilliards de dollars seront encore dédiés aux énergies fossiles d’ici 2050. Il est ainsi conseillé de prioriser les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les infrastructures connexes. En ajoutant seulement 15 000 milliards de dollars à ce mix d’investissement, le système énergétique globale aurait un impact positif bien supérieur sur le climat.

L’Agence liste également les infrastructures et postes de dépense qui nécessiteraient une forte augmentation de leurs investissements ; les moyens de production évidemment, mais aussi l’efficacité énergétique ou le développement des voitures électriques.

Le rapport affirme que de transformer le système énergétique serait moins coûteux que de ne rien faire. De plus, investir dans la transition énergétique augmenterait le PIB mondiale de 98 000 milliards – avant 2050 – et le taux d’emplois dans le secteur de 14%.

Pour conclure, voici les investissements que l’IRENA propose : 110 000 milliards dans le secteur d’ici 2050, dont 27 000 milliards dans les énergies renouvelables, 37 000 milliards dans l’efficacité énergétique, pour 7 millions d’emplois en plus.

Les enchères de Garanties d’Origine : un franc succès pour un verre à moitié plein

La deuxième session de mise aux enchères des Garanties d’Origine par l’État a été un succès. La totalité des volumes a trouvé preneur et le prix moyen est supérieur au prix constaté sur le marché européen de gré-à-gré. Nous vous proposons de revenir sur les résultats des deux premières éditions afin d’en faire la synthèse et proposer une analyse. Rappelons que l’Etat a mis à disposition la moitié de la production.

L’État a ainsi pu récolter 3,5 M€ en vendant 7,8 TWh de Garanties d’Origine issues de la production électrique de mars à juin 2019. Le prix moyen était donc d’environ 0,45€/MWh. Par technologie, il était de 0,32€ pour la petite hydraulique, 0,35€ pour la biomasse, 0,46€ pour l’éolien et 0,67€ pour le solaire. Nous pouvons également constater que le prix moyen de vente a fortement augmenté entre les GO issues de la production du mois de mars (0,30€/MWh) et celle d’avril (0,63€/MWh) pour ensuite se stabiliser sur les deux mois suivants (0,49€/MWh).

Pourquoi une telle différence entre le mois de mars et les mois suivants ? Il est fort probable que cette différence vienne du fait que le mois de mars ne permet pas aux fournisseurs anglais d’obtenir une exemption partielle de taxes dans leur pays, plutôt qu’à l’intérêt de GO provenant de mois plus ensoleillés. En effet, la période de conformité au Royaume-Uni pour obtenir différentes exemptions (FiT et Cfd) est du 1er avril 2019 au 31 mars 2020. Quelle coïncidence !

Mais les preuves ne s’arrêtent pas là. Nous remarquons que le solaire et, dans une moindre mesure, l’éolien, affichent une grande probabilité d’être éligible à ces exemptions. Cela expliquerait peut-être l’écart de prix en faveur de ces deux technologies.

Pour conclure, le fait que l’intégralité des volumes soit vendue est une réussite. De plus, le prix moyen de vente semble assez en ligne avec le marché de gré-à-gré, ce qui témoigne que l’Etat vend relativement bien ses GO. Néanmoins, il est regrettable que l’Etat ne vende que 50% de la production des centrales. Au vu du fait qu’une partie non négligeable des GO qu’il propose paraît intéressante pour d’autres marchés comme le Royaume-Uni, pourquoi se priver de vendre les 7,8 TWh restants ? N’aurait-il pas pu récupérer au moins 3M€ additionnel ?