L’utilisation des Garanties d’Origine en Europe.

Chaque année, l’AIB (Association of Issuing Bodies) dresse un bilan des activités des Garanties d’Origine (GO) sur les 23 membres représentés dans 20 pays (la Belgique étant représentée par 3 membres distincts). Ce rapport contient les informations sur les émissions, les utilisations, les transferts et les expirations des Garanties d’Origine dans les pays membres de l’association. Il permet de savoir quels pays contribuent le plus aux émissions et qui utilisent plus de GO dans l’espace géré par l’AIB. De par son expertise sur le marché des Garanties d’Origine, Origo vous présente ce qu’il s’est passé sur le marché des GO en 2017. Cette présentation se basera sur les pays de membre de l’AIB qui représente une part importante de l’Europe mais exclut des pays majeurs où la consommation d’électricité verte augmente tels que le Royaume-Uni ou la Pologne.

Le bilan 2017 sur les activités des GO dans les 23 pays membres montre une croissance des activités d’émission et d’utilisation des GO entre 2016 à 2017. Les émissions ont légèrement augmenté : environ 5% d’émissions en plus par rapport aux émissions de 2016. Au sein de l’AIB, les plus gros émetteurs de GO sont la Norvège, l’Espagne, la Suisse et l’Italie avec l’hydroélectricité comme première source d’émission (plus de 140 TWh) et ils génèrent plus de 64% des GO émises. Les émissions norvégiennes de GO représentent plus d’un quart des GO générées par les pays de l’espace AIB. Cela s’explique en partie par la forte domination de l’hydraulique (environ 97%) dans la production d’électricité dans ce pays scandinave.  L’Espagne est le deuxième émetteur de GO parmi les 20 pays membre de l’espace AIB, ce qui peut s’expliquer par la forte présence de l’électricité d’origine éolienne qui représente 50% du mix de production du pays.

L’utilisation des GO dans l’espace géré par l’AIB a augmenté d’environ 30% par rapport à leur utilisation en 2016.  L’Allemagne, l’Espagne, les Pays Bas et la Suisse sont les quatre plus gros utilisateurs de GO et représentent plus de la moitié des GO utilisé au sein des 20 pays membres.

Par rapport à l’année 2016, les GO issues de l’hydraulique ont vu leur utilisation chuter de 9% mais restent encore le type de GO le plus demandé par les pays importateurs de GO. Cette baisse s’explique par une très faible production hydraulique dans la région des Alpes qui a affecté la production française, italienne et suisse notamment. Quant aux GO issues des éoliennes et du solaire, leur utilisation a augmenté respectivement de 7,9%  et de 3,2%. Cela s’explique par l’augmentation de la part de la production d’électricité d’origine éolienne en Espagne et en Italie[1] (augmentation de 3% entre 2016 et 2017).

Cette croissance de l’utilisation des GO peut être expliquée par une prise de conscience de l’impact positif du choix de consommer de l’électricité d’origine renouvelable sur la transition énergétique. L’augmentation du nombre d’entreprises influentes dans le monde qui ont fait le choix de consommer volontairement de l’électricité verte explique aussi cette augmentation d’utilisation de GO. Certaines de ces entreprises sont actuellement regroupés au sein de l’initiative RE100 et sont au nombre de 138  (http://there100.org/companies), parmi lesquelles on dénombre six entreprises françaises: AXA, Le Groupe la Poste, Crédit Agricole, Danone, Le Groupe l’Occitanie, et Schneider Electric.

Les bâtiments publics de certaines villes de l’espace AIB sont également passés à l’électricité verte. A titre d’exemple, on peut citer la ville de Madrid (plus de 1350 bâtiments publics)  et la ville de Paris. Cela a eu un impact sur les GO utilisées dans l’espace.

 

Source : AIB

La France, membre de l’AIB depuis 2013, continue d’être à la traine en matière d’utilisation de Garanties d’Origine. Cependant, depuis 2013, les GO d’origines françaises utilisées en France pour couvrir la consommation d’électricité verte ne cesse d’augmenter. Entre 2013 et 2017, il y a eu en moyenne une augmentation de 51,19% de l’utilisation des GO françaises en France. Ce taux a presque doublé entre 2015 et 2016. La COP21 à Paris a eu un effet sur l’engagement des entreprises à consommer de l’électricité verte, et depuis de nombreuses entreprises et collectivités françaises ont fait le choix de consommer de l’électricité verte (Liste disponible sur Quiestvert.fr).

Quant aux émissions de GO en France, elles ont connu une baisse entre 2016 et 2017. Selon les données de RTE, la chute d’environ 17% de la production d’hydroélectricité en France est l’une des  causes de la diminution des émissions des GO sachant que plus de 90% des GO émises en France proviennent de cette source. Une autre explication de cette chute d’émissions de GO peut être l’augmentation des entreprises sous le complément de rémunération  ne pouvant pas émettre de GO.

Le marché européen des GO pour l’activité 2017 reste dominé par la Norvège en tête des pays émetteur et exportateur de GO. En termes d’utilisation et d’importation des GO, l’Allemagne est en première place. Le Power Purchase Agreement (PPA) accord bilatéral entre entreprise et producteur du renouvelable se développe de plus en plus dans l’espace AIB. Ainsi en 2017, l’équivalent d’un GW de contrat d’achat d’électricité d’origine renouvelable par PPA a été signé en Europe. Ce mode d’achat direct d’électricité verte est actuellement développé dans les pays comme les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, et jouera un rôle important pour la valorisation des Garanties d’Origine.

Le rapport de l’AIB donne une bonne vision de l’activité des GO dans chacun des pays membres. Avec les initiatives telles que RE100, et l’engagement que prennent de plus en plus de villes pour la consommation d’électricité d’origine renouvelable, nous pouvons prévoir une augmentation de l’utilisation des GO en France et dans l’espace AIB.