Les enseignements du rapport 2014 d’ENTSO-E

ENTSO-E ?

ENTSO-E , pour European Network of Transmission System Operators (Réseau Européen des Opérateurs de Systèmes de Transmission) est une organisation rassemblant 41 opérateurs de transmissions électriques de 34 pays européens. A titre d’exemple, RTE est le représentant de la France au sein d’ENTSO-E. Le but de cette association est de promouvoir une meilleure circulation de l’électricité au sein de l’espace européen, grâce notamment à un renforcement des interconnexions.

Le rapport Yearly Statistics and Adequacy Retrospect (YS&AR)

Ce rapport, que l’on traduirait en français par « Statistiques annuelles et Rétrospective de l’adéquation » est publié une fois l’an par ENTSO-E. Il rassemble toutes les statistiques et les données compilées des différents gestionnaires de réseaux européens pour l’année précédent sa date de publication (ainsi, le rapport paru cette année 2014 couvre l’année 2013). A ce titre, il est une véritable mine d’informations pour les décideurs et les analystes du secteur de l’électricité.

 

Les enseignements du rapport YS&AR 2014

Les chiffres de ce rapport concernent comme nous l’avons évoqué l’année 2013. De ce rapport, nous pouvons tirer 3 informations principales sur la consommation d’électricité, les interconnexions entre pays et la puissance installée.

o   Une consommation d’électricité en baisse :

En 2013, la consommation d’électricité conserve les tendances à la baisse que l’on constate en Europe depuis 2010. La baisse cumulée depuis 2010 atteint désormais 86 TWh, ce qui signifie une baisse de la consommation d’électricité de 2,6% entre 2010 et 2013 en général sur l’ensemble des pays concernés. Ainsi, sur l’année 2013, seuls 11 pays sur 36 ont connu une hausse de leur consommation d’électricité. Précisons que ceci n’est pas une conséquence de températures clémentes puisqu’en moyenne la température a été inférieure de 0,8°C en 2013 par rapport à 2012.

o   Des interconnexions en baisse :

Consécutivement à la baisse de l’électricité consommée, on observe sur l’année 2013 une rétractation des quantités d’électricité ayant transité d’un pays vers un autre. Ainsi, en 2013, les exportations et les importations ont été respectivement inférieures de 2,1% et de 2,6% par rapport à l’année 2012.

Au final, la balance des échanges sur 2013 révèle un système exportateur net à l’échelle européenne comme cela a été le cas en 2012.

o   Une hausse de la puissance installée :

La puissance installée a augmenté de 10,2GW entre 2012 et 2013, principalement portée par l’Allemagne (+6 ,7GW) et l’Espagne (+ 3,7 GW). Ainsi, la puissance installée totale est passée de 982,2 GW à 992,4 GW entre 2012 et 2013. Cependant, cette hausse a été inférieure au total à celle ayant eu lieu entre 2011 et 2012 (+43 GW).

Il est intéressant de remarquer que la répartition de la puissance installée entre les différentes énergies continue son évolution. Ainsi, en 2012 46,8% de la puissance reposait sur les énergies fossiles et 36,5% sur les énergies renouvelables. En 2013, la part des EnR augmente de près de 2% à 38,4% tandis que celle des énergies fossiles perd 1% à 45,3%.

Enfin, il faut noter également l’accroissement de la « Puissance Indisponible » qui augmente de 13,6 GW. Pour le rapport, il s’agit d’une conséquence de l’augmentation de la part des énergies renouvelables, qui sont assez souvent indisponibles du fait de leur intermittence.

Energies renouvelables : tour de France des installations

 

Comme chaque semestre, RTE, ErDF, l’ADEeF (Association des Distributeurs d’Électricité en France) et le SER (Syndicat des énergies renouvelables), s’associent pour publier un état des lieux détaillé de l’évolution des énergies renouvelables en France. Les professionnels nous livrent donc leurs conclusions pour le premier semestre 2014 dans un rapport que nous vous invitons à consulter.

  • Fait marquant : la bonne santé de l’éolien et du solaire PV

Comme nous l’avions évoqué précédemment, le secteur des énergies renouvelables et en particulier l’éolien et le solaire photovoltaïque se porte bien. Les mesures administratives de simplification semblent porter leurs fruits tant et si bien que, comme l’affirme le rapport, les puissances éoliennes et photovoltaïques raccordées au 1er semestre 2014 ont pratiquement doublé par rapport au 1er semestre 2013.

De son côté, avec plus de 25 400 MW installés en France, la filière hydraulique reste encore aujourd’hui la première des énergies électriques de source renouvelable loin devant l’éolien (8 575 MW mi-2014) et le solaire PV (4 763 MW mi-2014).

  • Éolien au Nord, solaire au Sud

Les schémas proposés dans le rapport sont tout à fait explicites : les dispositions des centrales renouvelables sont tout à fait logiques sur le plan géographique. Ainsi, les parcs éoliens se situent majoritairement au Nord et à l’Ouest, avec une poussée notable dans la vallée du Rhône et sur le Languedoc.

Quant aux fermes photovoltaïques, bien que la plus importante soit localisée aux environs de Nancy, elles se trouvent en majorité dans la partie Sud de la France, profitant très logiquement du grand ensoleillement de cette région.

Enfin, on peut rappeler l’importante concentration des capacités de productions hydroélectriques dans le Sud, notamment en Rhône-Alpes, qui à elle seule totalise près de 40% de la puissance de production raccordée.

Au final, se pose donc la question du transfert d’électricité entre le Nord et le Sud de la France, chaque partie de l’hexagone se positionnant très logiquement sur des sources d’énergie intermittentes ayant leur régime de production propre. Ainsi, les questions d’interconnexion sont incontournables, puisque seule une très bonne circulation de l’électricité permettra de puiser dans le soleil du Sud l’électricité nécessaire pour alimenter le Nord si le vent tombe et vice versa.

L’année 2014, une bonne année pour le solaire et l’éolien en France

2014 marque l’arrêt de la baisse continue des raccordements éolien et solaire photovoltaïque (PV) qui ont marqué la fin de chaque année depuis 2010, selon les chiffres provisoires du « tableau de bord éolien-photovoltaïque » publié par le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD).

  • La bonne santé de l’éolien en 2014 :

L’année 2014 est une bonne année en termes de puissance raccordée dans le secteur de l’éolien. En effet, cette dernière a été de 600 MW entre janvier et septembre 2014 alors que l’ensemble des installations raccordées en 2013 n’ont totalisé que 581 MW de puissance. Grâce à ces importants raccords, la puissance du parc éolien français s’élèvait à 8 807MW à la fin de septembre 2014. Il faut cependant noter que le niveau de puissance raccordé au troisième trimestre semble, selon les chiffres provisoires fournis par le CGDD, inférieur à celui du second trimestre.

En ce qui concerne la production, celle-ci a fait un bond de 16% par rapport à la production éolienne de 2013. Ainsi, on atteint plus de 11,6 TWh entre janvier et septembre 2014. La production éolienne représente ainsi 3,5% de la consommation électrique nationale sur la période.

  • Le soleil brille pour le solaire PV :

Le constat de bonne santé du secteur éolien s’applique également au solaire PV, qui reprend des couleurs par rapport à une année 2013 en demi-teinte. Ainsi, on constate une hausse de 53% de la puissance raccordée sur la période de janvier à septembre 2014 par rapport à la même période en 2013. Cette tendance de croissance est principalement portée par la mise en activité de grands projets, d’une puissance supérieure à 250 kW, qui représentent à eux seuls près des 2/3 de la puissance installée. Par ailleurs, l’année va sans doute se terminer en beauté pour les acteurs du secteur puisque le rapport CGDD annonce une accélération conséquente des raccordements au fil des trimestres depuis janvier.

Quant à la production, elle progresse de 25% par rapport à l’année 2013 et représente désormais 1,4% de la consommation électrique de l’hexagone.

Pas de risque de Blackout en France cet hiver.

Suite aux changements qui s’opèrent actuellement dans le monde de la production d’électricité, apparaissent de nombreuses craintes dont celle, récurrente, d’un black-out. Réseau de Transport d’Electricité (RTE) dans un rapport récent se veut rassurant : le risque de black-out, si il existe, n’est pas pour cet hiver.

  • Une situation tendue : assurer l’approvisionnement de la France (et de la Belgique !) avec des marges réduites.

Malgré une capacité de production française amputée de 2400 MW par rapport à l’hiver 2013 – 2014, aucun déséquilibre entre l’offre et la demande ne devrait survenir dans les mois qui suivent. Cette perte de capacité de production est due essentiellement à l’arrêt de l’exploitation de centrales au fioul et au charbon qui ne répondent plus aux normes plus strictes de la dernière directive européenne sur les grandes installations de combustion. A cela s’ajoute également l’arrêt de certains réacteurs nucléaires les prochains mois. Au total, c’est donc bien avec 2400 MW en moins que RTE devra composer pour subvenir aux besoins hivernaux des français. D’autant que la Belgique, dont le parc nucléaire est en partie arrêté, devra sans doute faire appel à l’électricité française, ce que confirme la secrétaire d’Etat à l’Energie belge, Catherine Fonck en ayant « la confirmation chiffrée de l’existence d’un risque de pénurie à certains moments, dans certaines circonstances, si par exemple il n’y [avait] pas de vent».

  • Le black-out pour l’an prochain ?

Si RTE se veut rassurant pour cet hiver, ses prévisions sont beaucoup plus négatives pour les années prochaines. Ainsi, la filiale d’EDF met en avant le risque important de manque d’électricité en France dans le cas d’un hiver rude en 2015-2016 et 2016-2017. D’après le rapport, c’est une puissance d’environ 2000 MW (soit deux réacteurs nucléaires) qui pourrait faire défaut, avec le risque direct du black-out tant redouté.

Cependant, cette note peut réjouissante est à relativiser, puisque de nouveaux mécanismes devraient être en mesure, selon RTE, de combler ce déficit de puissance disponible. Ainsi, le développement des énergies renouvelables, la mise en service de l’EPR et le ralentissement de la croissance de la consommation électrique, grâce à une efficacité énergétique supérieure, sont capables de prendre le relais.

Adapter le réseau électrique aux énergies renouvelables : RTE annonce un investissement d’1 milliard d’euros par an pendant 20 ans.

Dans son schéma décennal de développement du réseau (disponible en résumé ici), Réseau de Transport d’Electricité (RTE), le gestionnaire du réseau électrique français, détaille les grands projets et orientations à venir dans les infrastructures électriques. Au final plus de 365 projets sont listés ici, nécessaires à la réalisation des objectifs de long terme visés par RTE.

Trois principaux objectifs sont mis en avant dans le rapport :

-Répondre aux ambitions des Schémas Régionaux Climat Air Énergie.

-Créer 4 GW de capacité d’accueil de production éolienne offshore supplémentaire et 10 GW de capacité d’interconnexion additionnelle.

-Sécuriser l’alimentation des territoires à la démographie dynamique.

Ainsi, il est clair que pour RTE les enjeux de la transition énergétique, représentés par les deux premiers objectifs, sont déterminants dans le choix des investissements réalisés. Les énergies renouvelables, du fait de leur intermittence, demandent une infrastructure bien plus connectée et dotée de nouveaux modes de gestion comme les smartgrids pour être correctement gérées. Etant donné que le nombre de centrales renouvelables augmente dans toute l’Europe, il faut donc renforcer les interconnexions à l’intérieur de l’hexagone mais aussi vis à vis de nos voisins, ce qu’explicite parfaitement le rapport :

« Le développement des énergies renouvelables entraîne une plus grande variabilité de la production et des flux d’électricité en Europe. Le renforcement des interconnexions est ainsi essentiel à la solidarité européenne. Il sécurise l’approvisionnement de la France comme de ses voisins »

Cette recherche constante d’adaptation, qui se fait désormais au niveau européen depuis l’émergence du projet Best Paths à Rome le 30 Octobre dernier (dont RTE est d’ailleurs partenaire), a cependant un coût. RTE estime dans son rapport ses investissements à environ 1 milliard d’euros chaque année entre 2015 et 2024 pour renforcer les interconnexions et adapter le réseau à l’afflux d’électricité verte.

Un train circulant sans aucune émission de CO2 ? C’est possible grâce aux garanties d’origine !

  • Un avantage environnemental discuté : tout dépend de l’électricité consommée 

Longtemps mis en avant pour permettre au train de se démarquer d’autres modes de transport, l’avantage environnemental du transport ferroviaire est désormais discuté. A priori, la propulsion électrique devrait pourtant donner un avantage certain aux trains. Puisque ces derniers ne consomment pas directement de ressources fossiles carbonées, ils devraient émettre beaucoup moins de CO2 qu’un bus.

Pourtant, dans un rapport publié en octobre dernier, la Cour des Comptes questionne cet avantage environnemental. Elle pointe deux facteurs essentiels qui déterminent la performance des trains en matière d’émissions de CO2 : l’occupation (plus il y a de voyageurs dans un train, plus les émissions par passager diminuent) et la source de l’électricité consommée. En effet, comme cela est souligné dans le rapport « les bonnes performances du TGV sur le territoire national s’expliquent en effet non pas par son efficacité énergétique intrinsèque, mais par le mode de production d’électricité en France. » Il faut rappeler que l’électricité délivrée en France, produite essentiellement par le nucléaire et l’hydroélectrique, est exceptionnellement peu carbonée (65 gCO2/kWh) par rapport à celle de nos voisins européens. Ainsi la propulsion électrique est « aussi propre » que peut l’être la production de l’électricité consommée.

Désormais, la SNCF s’approvisionne en partie sur les marchés européens, notamment pour assurer la fourniture électrique de ses trains en dehors de l’hexagone. Cela peut faire bondir l’émission de CO2 des trains fonctionnant avec de l’électricité produite à l’étranger (la moyenne européenne est de 372 gCO2/kWh). Dans ce cas là, l’avantage environnemental du train par rapport aux autres modes de transport est fortement discutable. C’est pour cela que d’autres compagnies européennes, confrontées aux mêmes questions, ont trouvé une réponse dans le mécanisme des garanties d’origine.

 

  • La GO offre l’avantage d’une consommation d’électricité neutre en carbone

La Garantie d’Origine est un document qui permet de prouver que l’électricité consommée est bien d’origine renouvelable et donc totalement neutre en termes d’émission de CO2. Ainsi, en acquérant ce document, le consommateur a la certitude que pour chacun des MWh qu’il a consommé, un MWh d’électricité renouvelable a été injectée dans le réseau. L’électricité verte est désormais tracée électroniquement du producteur au consommateur.

 

  • Benchmark européen : Deusch Bahn (Allemagne) et Nederlandse Spoorwegen (NS) (Pays-Bas) sont précurseurs

C’est grâce à ce mécanisme destiné à la promotion des énergies renouvelables que des compagnies européennes majeures sont en passe de faire circuler des trains neutres en carbone. Leur raisonnement est aussi volontariste que simple : en achetant des garanties d’origine, elles certifient l’origine renouvelable de leur électricité. Comme nous l’avons vu, la propulsion électrique est « aussi propre » que peut l’être la production de l’électricité consommée. Ici, la production est totalement propre et par conséquent la propulsion l’est aussi : le train circule désormais avec une empreinte carbone nulle !

Ainsi, aux Pays-Bas, NS s’est fixée comme objectif de faire du train un mode de transport neutre en carbone dès 2018. La Deutsche Bahn va également dans le même sens, ce qui prouve que cette démarche est possible même pour les compagnies les plus conséquentes.

 

L’harmonisation des garanties d’origine progresse au niveau européen grâce au format EECS

  • L’harmonisation, un passage obligé pour assurer l’avenir des garanties d’origine (GO) :

Rappelons le, la garantie d’origine est un certificat promu par une directive de l’Union Européenne de 2009 dite directive 2009/28/CE. Le but est simple : il s’agit de mettre en place un système d’échange des garanties d’origine à l’échelle del’Europe pour stimuler l’efficience allocative des investissements dans les énergies renouvelables. En d’autres mots, la Commission Européenne cherche à ce que l’on place les panneaux solaires là où il y a le plus de soleil et les éoliennes là où il y a plus de vent. Cela paraît évident, et pourtant la situation actuelle montre que c’est loin d’être le cas.

Pour que ces garanties d’origine circulent d’un pays à un autre,et que chacun les reconnaissent, il faut que ces dernières soient harmonisées. Il est donc nécessaire de mettre en place un standard européen, véritable passeport européen des garanties d’origine et de l’électricité verte.

  • L’EECS, le passeport européen des garanties d’origine en expansion :

Mis en place par l’AIB (Association of Issuing Bodies), le standard EECS vise à harmoniser les garanties d’origine grâce à un certain nombre de critères que ces dernières doivent respecter. Force est de constater que ce standard d’harmonisation est un succès puisque les acteurs économiques et institutionnels de plus en plus de pays reconnaissent. Ainsi, 12 pays se conforment aux standards EECS sur le marché des garanties d’origine. Suite à un meeting le 13 Octobre dernier, le réseau AIB a annoncé que l’Irlande, la Grèce et l’Espagne ont démarré les procédures pour devenir membres du réseau EECS et pouvoir échanger librement les garanties d’origine. Ces 3 nouveaux membres portent donc à 15 le nombre de pays acceptant le format harmonisé. Le passeport européen de l’électricité verte est donc en pleine expansion et prouve la confiance des acteurs du marché dans le mécanisme des garanties d’origine.

 

La CRE préconise une hausse de la CSPE de 3 euros par an

Le régulateur français de l’énergie et de l’électricité, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), prévoit une forte hausse de la Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE), la taxe dont chaque consommateur français s’acquitte lorsqu’il règle sa facture d’électricité. La CSPE est une taxe qui permet de rémunérer un pool de charges supportées par EDF, comprenant les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables, les surcoûts de production et d’achat d’électricité dans les zones non interconnectées (ZNI), la rémunération versée par EDF aux installations de cogénération dans le cadre des contrats transitoires de rémunération de la capacité (prise en compte à compter de l’exercice 2014) et les coûts liés aux dispositions sociales (tarif de première nécessité notamment). Au total, les charges prévisionnelles de la CSPE pour l’année 2014 sont estimées à 6,2 Milliards d’euros par la CRE.

  • Une hausse continue de la CSPE qui va se poursuivre :

Porté par le soutien aux renouvelables, qui représentera 63,7 % des charges de la CSPE en 2015, la CSPE a fortement augmenté ces dernières années et compte tenu de la hausse du nombre d’installations renouvelables bénéficiant des aides publiques, la tendance n’est pas prête de s’inverser. Ainsi, entre 2013 et 2015, la facture risque de s’alourdir de plus de 20%, passant de 5,3 Md€ en 2013 à 6,3Md€. L’augmentation des charges entre 2013 et 2015 s’explique en grande partie par le développement des filières photovoltaïque et éolienne (environ 25% de l’écart chacune), qui représentent respectivement 40 % et 15% des charges prévisionnelles au titre de 2015 (soit respectivement 2,5 Md€ et 1 Md€). Pour supporter ces nouvelles infrastructures, la CRE préconise d’augmenter la CSPE de 3 euros par an, un montant très élevé mais nécessaire.

A plus long terme, la CRE prévoit que le montant de la CSPE devrait doubler entre son niveau de 2013 (€13,5/MWh) et 2025 (€30/MWh) pour couvrir entièrement la hausse des charges de service public supportées par EDF. Au total, la CSPE devrait atteindre plus de 11 Md€ en 2025. Répercutée sur le consommateur, cela devrait aboutir à une hausse significative de la facture d’électricité des Français et représenter plus de 20% de cette dernière selon la CRE.

Dans un rapport publié en Octobre et consacré à la CSPE, la CRE cherche donc des solutions à l’avenir pour maîtriser cette hausse des charges. Pour elle, il est essentiel de revoir les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables. La CRE propose ainsi de remplacer le tarif d’achat par la mise en place d’un complément de rémunération, telle que prévu par les lignes directrices de la Commission Européenne en matière d’aides d’Etat. Les énergies renouvelables devenant de plus en plus compétitives, il est désormais envisageable de mettre en place des soutiens moins importants comme le seraient par exemple les garanties d’origine.

Les Etats Membres de l’UE ont dépensé 122 milliards d’euros pour financer leurs politiques énergétiques en 2012

Le fonctionnement du marché de l’énergie européen est fortement influencé par les politiques énergétiques mises en place au niveau national. L’Europe de l’énergie, alors même que les racines de l’Union se trouvent dans la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier de 1951, est au point mort. Les subventions qu’accordent les États aux différentes composantes de leurs mix énergétiques sont donc d’une importance capitale. C’est d’après ce constat que la Commission a décidé de commanditer une étude sur les soutiens nationaux au marché de l’énergie, disponible ici.

  • Des subventions importantes, dont profitent majoritairement les EnR :

Publié le 13 Octobre dernier, ce rapport nous apprend que les Etats Membres ont accordé 122 milliards d’euros de subventions à leurs secteurs énergétiques en 2012, dont le tiers est allé au soutien des énergies renouvelables. A la loupe, on peut noter que sur les 41 milliards d’euros de soutien aux EnR, 14,7 milliards sont allés au solaire, 11,4 milliards à l’éolien, dont 10,1 milliards pour l’éolien terrestre, 8,3 milliards à la biomasse et 5,1 milliards à l’hydroélectrique. Il est donc intéressant de noter que le soutien principal des Etats va au solaire, la technologie renouvelable commercialisée la plus chère (€100-115/MWh toujours selon le rapport).

Et si ces sommes paraissent colossales, il faut rappeler que même les technologies thermiques dites compétitives sont également subventionnées. Le rapport pointe ainsi un fort soutien au charbon (10,1 mds), au nucléaire (6,9 mds) et au gaz naturel (5,1 mds). On peut donc vraisemblablement questionner un soutien aussi important au charbon, équivalent à l’éolien terrestre, puisqu’il n’y a ni justification environnementale ni économique. Le charbon est en effet un gros émetteur de gaz à effet de serre (GES) considéré compétitif du fait du faible prix du combustible sur les marchés mondiaux.

  • L’Allemagne, sans surprise le pays le plus dépensier :

L’Allemagne, largement engagée dans sa transition énergétique, la Energiewende, a alloué 25,4 milliards d’euros de subventions en 2012, principalement dans les économies d’énergie. Très loin devant le Royaume-Uni (13,2 mds), l’Italie et l’Espagne (10,3 milliards) et la France (7,2 milliards), l’hexagone étant particulièrement tourné vers le solaire et l’efficacité énergétique.

Compte tenu des montants élevés des subventions, il est aisé de comprendre à quel point les États sont puissants dans le façonnement de leurs politiques énergétiques, choisissant via leurs allocations les technologies qu’ils souhaitent voir se développer sur leurs territoires. Cependant, dans le contexte difficile d’une croissance atone, à l’heure où les finances publiques sont dans le rouge, il pourrait être judicieux de réfléchir à un autre mode de soutien pour les énergies renouvelables, comme le seraient les garanties d’origine.