Les enchères de Garanties d’Origine mises en place par l’Etat en septembre 2019 ont connu leur première année civile complète en 2020. Les GO issues de la production d’un mois n’étant mises aux enchères que trois mois après, les enchères pour la production électrique de décembre ont eu lieu en mars 2020. C’est donc l’occasion de prendre du recul et d’analyser les résultats de 2020 pour établir des tendances et faire des retours critiques.
Pour rappel, l’Etat met aux enchères les GO issues de la production bénéficiant de subventions sous forme d’obligation d’achat ou de complément de rémunération. Jusqu’à présent, seul 50% de la production électrique de chaque installation a été mis aux enchères par l’Etat. Les volumes ont donc varié chaque mois entre 1,5 et 3,2 TWh. Sur les 25,1 TWh de GO mis en vente en 2020, 15,6 TWh ont trouvé preneur. Cela signifie que 62% des volumes mis en vente ont trouvé preneur mais surtout que seul 31% de la production électrique des installations a été valorisé par les enchères françaises de GO. Force est de constater que la consommation volontaire d’électricité de source renouvelable est encore très faible en France.
Les deux premiers mois de l’année ont connu un succès notable avec la vente de l’intégralité des volumes proposé. Cela s’explique notamment par le fait que les acteurs du marché ont cherché à s’approvisionner au plus vite pour couvrir la consommation anticipée de l’année 2020. Le taux de vente s’est ensuite fortement dégradé jusqu’à ce que l’Etat décide de réduire le prix de réserve afin qu’il soit davantage en ligne avec les prix pratiqués sur le marché de gré-à-gré.
Concernant les technologies, l’éolien est largement dominant avec 78% des GO vendues sur l’année. L’énergie éolienne est en effet en plein essor ces dernières années. Elle est la deuxième énergie renouvelable qui produit le plus d’électricité derrière l’hydraulique. Sachant que la majorité des barrages hydrauliques ne perçoit plus de subvention, l’éolien est donc l’énergie la plus disponible aux enchères.
Sur l’année 2020, l’Etat a vendu 15,6 TWh de GO pour un montant total de 2,8 millions d’euros, avec une moyenne unitaire de 0,18€/MWh. Depuis que l’Etat a pris la décision d’inonder le marché européen avec une offre potentielle pouvant dépasser 50 TWh par an, le prix spot des GO a considérablement chuté en Europe. Rappelons-nous qu’à la mi-année 2018, le prix unitaire d’une GO standard avait atteint 2,2€/MWh sur le marché de gré-à-gré.
Si la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable (10,9% en 2019) atteint en France ne serait-ce que la moyenne européenne (25,4% en 2019)[1], la France cesserait d’être exportatrice et le prix européen pourrait revenir à des niveaux au moins équivalents à 2018, avant l’annonce des enchères françaises. Une telle situation permet d’envisager que l’Etat récolte aux alentours de 125 millions d’euros pour la vente de ses GO, soit plus de 40 fois le montant actuel. Au-delà de l’intérêt financier direct pour l’Etat et le financement de la transition énergétique en France, atteindre un prix planché de la GO entre 2€ et 3€/MWh engendrera davantage de signaux d’investissements dans les énergies renouvelables en Europe, ce que freine la France actuellement.
Cette première année a donc été un bon exercice permettant l’implémentation et l’évolution d’un mécanisme prometteur. Néanmoins, il reste encore des améliorations à apporter afin qu’il porte ses fruits pour une transition énergétique du réseau électrique européen efficiente et durable.
[1] D’après des calculs d’Origo à partir des chiffres de l’AIB