L’année 2021 arrive bientôt à son terme. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a été mouvementée pour le marché des GO, notamment avec les montagnes russes des prix. Mais alors, que peut-on attendre du marché des Garanties d’Origine en 2022 ? La tendance à la hausse des prix de 2021 va-t-elle se confirmer ? Est-ce une année charnière pour le marché ? Focalisons-nous sur quelques points clefs.
La demande et le prix à la hausse ?
Voilà maintenant quelques mois que le prix des GO maintient un niveau élevé, que l’on n’avait pas vu depuis 2019. Mais encore faut-il que cela se concrétise en 2022.
A ce propos, nous observons une demande de plus en plus importante et un intérêt fort de nouveaux consommateurs à utiliser des GO pour couvrir leur consommation de 2022. Cette même tendance se fait ressentir dans les autres pays du monde, avec une augmentation de la demande et des prix plus ou moins accentuée en fonction de la zone géographique. Par exemple, les RECs en Amérique du Nord connaissent une forte hausse de la demande mais surtout des prix. Ceux-ci ont flambé au cours de l’année 2021 et se maintiennent autour de 5€/MWh pour des REC Eolien Green-e 2021, alors que nous aurions pensé à un essoufflement sur les derniers mois de l’année. Du côté du Royaume-Uni, les REGOs valent plus de 4 £/MWh en spot.
Néanmoins sur 2021, le marché est pour le moment incertain. Il est approvisionné par des volumes importants en provenance d’enchères organisées par les Etats italiens, portugais, français, croates et encore luxembourgeois. Etonnamment ces volumes trouvent preneurs jusqu’à présent. Est-ce tenable jusqu’à la fin de l’année ? Si le marché se retrouve short, alors les prix sur 2022 s’écrouleront.
D’un autre côté, l’engagement dans la démarche de consommation d’électricité verte en Europe et dans le monde s’accélère. Le fleurissement des offres vertes des fournisseurs d’électricité participe à cela. Mais surtout les grands groupes internationaux s’engagent à consommer 100% d’électricité d’origine renouvelable dans le monde, notamment à travers l’initiative RE100. L’initiative représente 342 multinationales à travers le monde.
L’Allemagne et la Norvège vont-elles chambouler le marché ?
Nous parlions le mois dernier d’une potentielle sortie du marché des GO de la Norvège, et des répercussions que cela pourrait avoir. Des premiers signes de réticence pour les GO Norvégiennes se font déjà ressentir. Si cela se confirme, les conséquences apparaîtront particulièrement en 2022. Mais l’Allemagne pourrait aussi chambouler le marché, d’une autre manière. En effet, elle reste le dernier gros acteur à ne pas émettre les GO des producteurs profitant d’aides étatiques, au sens de la directive européenne. Cette production représentait 220 TWh en 2020, soit environ 28% des émissions de GO en Europe la même année ! L’offre serait donc nettement supérieure qu’auparavant et creuserait l’écart avec la demande, avec pour conséquence une baisse des prix. Un retrait de la Norvège accompagnée d’une entrée supplémentaire de l’offre allemande ajouterait tout de même 71 TWh à l’offre actuelle.
Le full disclosure en France fera-t-il son effet ?
Nous l’attendions depuis un moment, le full disclosure à la production est entré en vigueur cet été et devrait être appliqué courant 2022. Pour rappel, cela signifie que chaque MWh produit, renouvelable ou non, sera tracé par une Garantie d’Origine. L’objectif est de rendre transparent le mix électrique français. Avant de savoir comment l’appliquer, certains fournisseurs proposent déjà l’inscription à des offres 100% nucléaires, tracées par des GO nucléaires. Faut-il s’attendre à une réception positive des Français à ce type d’offre ? Si oui, une succession de conséquences adviendrait.
L’utilisation massive de GO nucléaires aurait un impact sur le facteur d’émissions carbones du mix résiduel français, qui correspond au mix de consommation auquel on retire les imports et exports d’électricité ainsi que l’utilisation des GO. La part du fossile augmenterait dans le mix et le facteur d’émissions serait plus élevé. Le bilan carbone des grandes entreprises françaises sera donc alourdi. Celles-ci devront alors se tourner vers la consommation d’électricité verte. Ce serait de bon augure pour le marché des GO renouvelables et donc pour la transition énergétique.
Mais soyons clair, cela arrivera si EDF choisit de fournir une électricité 100% décarbonée à l’intégralité de ses clients en utilisant des GO renouvelables et nucléaires.
Enfin, le nouvel amendement de la REDII favorise l’installation du full disclosure pour les pays membres du marché des GO. Il est donc probable que d’autres grandes nations suivent le pas de la France (Allemagne, Espagne, Italie ?).
L’année 2022 peut être une année charnière dans l’histoire du marché des GO. La demande n’a jamais été aussi importante, les prix augmentent depuis quelques mois. Jusqu’où cette tendance peut-elle aller ? Sans oublier l’Allemagne, la Norvège et la France dont les nouvelles réglementations pourraient chambouler le marché.
Source : les chiffres avancés sont des calculs faits à partir des données de l’Association of Issuing Bodies (AIB), représentant l’ensemble des pays présents dans le marché des GO.