Alors que les chefs d’Etats et de gouvernements multiplient les déclarations en faveur de plus d’efforts dans la lutte contre le changement climatique, un rapport de l’OCDE montre qu’un long chemin reste à parcourir. Intitulé « Aligner les politiques pour une économie bas carbone » et paru au début du mois de Juin, ce rapport pointe de nombreuses incohérences entre les politiques publiques actuelles et les objectifs climats annoncés par les Etats.
En effet, si les discussions vont bon train sur la fixation d’un prix du carbone par exemple, qui devrait permettre d’internaliser les externalités négatives causées par les GES et défavoriser les projets et infrastructures carbo-intensifs ; d’autres mesures déjà en place ont l’effet inverse. Retour sur quelques unes d’entre elles.
Trop de subventions en faveur des énergies fossiles :
Les subventions et autres mesures fiscales en faveur des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) qui s’élèvent de 50 à 82 milliards d’euros par an pour les seuls pays de l’OCDE (rappelons qu’un récent rapport du FMI a estimé les subventions aux énergies fossiles a 650 milliards de dollars par an) sont ainsi pointées du doigt. Pourtant, comme le rapport le souligne, le niveau historiquement bas du cours du pétrole fait qu’aujourd’hui est le moment idéal pour repenser ses subventions.
Manque de R&D dans les technologies bas carbone :
Point moins souvent souligné, la baisse des dépenses liées à l’innovation dans le secteur énergétique est un frein au développement de technologies bas carbone. La part des dépenses des acteurs de l’énergie est ainsi passée de 11% à 4% entre 1980 et 2012 dans les pays membres de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Le rapport insiste sur le rôle que peuvent jouer les acteurs publics dans le développement des cleantechs en utilisant le levier de la commande publique par exemple (16% du PIB dans les pays de l’OCDE).
Des freins à l’investissement de long terme :
L’investissement dans les projets d’infrastructures bas carbone est une des clés de la transition énergétique. Or, un effet collatéral des règles prudentielles mises en place au sortir de la crise des subprimes dont la plus connue est Bâle III est de défavoriser les investissements de long terme dans les énergies renouvelables. Le risque est considéré comme trop élevé par les banques pour permettre l’octroi d’un prêt. Le rapport souligne qu’il n’est pas question ici de la pertinence des règles prudentielles mais de la nécessité d’accompagner les investisseurs pour surmonter ce genre d’obstacle.
En conclusion, les auteurs insistent sur le fait que la solution parfaite n’existe pas lorsque l’on parle de transition énergétique, mais que la cohérence des politiques publiques est essentielle. Ils appellent ainsi à une pluralité de solutions locales coordonnées au niveau le plus adéquat.