Le fonctionnement du marché de l’énergie européen est fortement influencé par les politiques énergétiques mises en place au niveau national. L’Europe de l’énergie, alors même que les racines de l’Union se trouvent dans la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier de 1951, est au point mort. Les subventions qu’accordent les États aux différentes composantes de leurs mix énergétiques sont donc d’une importance capitale. C’est d’après ce constat que la Commission a décidé de commanditer une étude sur les soutiens nationaux au marché de l’énergie, disponible ici.
- Des subventions importantes, dont profitent majoritairement les EnR :
Publié le 13 Octobre dernier, ce rapport nous apprend que les Etats Membres ont accordé 122 milliards d’euros de subventions à leurs secteurs énergétiques en 2012, dont le tiers est allé au soutien des énergies renouvelables. A la loupe, on peut noter que sur les 41 milliards d’euros de soutien aux EnR, 14,7 milliards sont allés au solaire, 11,4 milliards à l’éolien, dont 10,1 milliards pour l’éolien terrestre, 8,3 milliards à la biomasse et 5,1 milliards à l’hydroélectrique. Il est donc intéressant de noter que le soutien principal des Etats va au solaire, la technologie renouvelable commercialisée la plus chère (€100-115/MWh toujours selon le rapport).
Et si ces sommes paraissent colossales, il faut rappeler que même les technologies thermiques dites compétitives sont également subventionnées. Le rapport pointe ainsi un fort soutien au charbon (10,1 mds), au nucléaire (6,9 mds) et au gaz naturel (5,1 mds). On peut donc vraisemblablement questionner un soutien aussi important au charbon, équivalent à l’éolien terrestre, puisqu’il n’y a ni justification environnementale ni économique. Le charbon est en effet un gros émetteur de gaz à effet de serre (GES) considéré compétitif du fait du faible prix du combustible sur les marchés mondiaux.
- L’Allemagne, sans surprise le pays le plus dépensier :
L’Allemagne, largement engagée dans sa transition énergétique, la Energiewende, a alloué 25,4 milliards d’euros de subventions en 2012, principalement dans les économies d’énergie. Très loin devant le Royaume-Uni (13,2 mds), l’Italie et l’Espagne (10,3 milliards) et la France (7,2 milliards), l’hexagone étant particulièrement tourné vers le solaire et l’efficacité énergétique.
Compte tenu des montants élevés des subventions, il est aisé de comprendre à quel point les États sont puissants dans le façonnement de leurs politiques énergétiques, choisissant via leurs allocations les technologies qu’ils souhaitent voir se développer sur leurs territoires. Cependant, dans le contexte difficile d’une croissance atone, à l’heure où les finances publiques sont dans le rouge, il pourrait être judicieux de réfléchir à un autre mode de soutien pour les énergies renouvelables, comme le seraient les garanties d’origine.