Les dernières données de l’AIB sur les mix résiduels européens de 2022 viennent d’être publiées. Comme chaque année, nous faisons le point sur la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en Europe et en France.
Rappelons qu’en 2021, le taux de consommation volontaire d’électricité renouvelable en France s’élevait à 12,58%. La moyenne européenne était, elle, de 29,60%.
Qu’en est-il pour l’année 2022 ?
Le point sur la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en Europe
Selon le dernier rapport de l’AIB, la consommation volontaire moyenne d’électricité d’origine renouvelable en Europe a continué de progresser en 2022, passant de 29,60% en 2021 à 32,80% l’année dernière.
Taux de consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable par pays – 2022
Notons que les quatre pays qui appliquent une traçabilité intégrale (full disclosure) au niveau de la consommation, à savoir l’Autriche, la Suisse, l’Irlande et les Pays-Bas figurent en haut du classement. Dans ces pays, chaque MWh consommé doit être tracé par une garantie d’origine. Nous remarquons que les GO nucléaires gagnent en popularité aux Pays-Bas.
Évolution de la consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable en France
De son côté, la France affiche un taux de consommation volontaire d’électricité d’origine renouvelable de 14,17%. Notre pays reste encore loin derrière la moyenne européenne et ses voisins grands consommateurs que sont que l’Allemagne, l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Italie.
Toutefois, ce taux de consommation a augmenté par rapport à celui de 2021 (12,58%), qui avait lui-même baissé par rapport à celui de 2020 (12,90%).
Il convient d’ailleurs de souligner que la consommation volontaire d’électricité renouvelable en France affiche une augmentation depuis 2015. Cela témoigne de l’attrait croissant des consommateurs pour les énergies renouvelables. Outre la récente crise énergétique, les consommateurs (en particulier les entreprises) prennent conscience de l’impact de la production d’électricité sur le réchauffement climatique. Ainsi, de plus en plus d’entreprises françaises se tournent vers les énergies renouvelables afin de réduire leur empreinte carbone.
Évolution du taux de consommation volontaire d’électricité
d’origine renouvelable en France
Attention cependant, l’augmentation de la demande est limitée et le marché européen des GO reste très long
L’AIB a récemment publié l’historique des émissions, utilisations et expirations de GO depuis 2019. Ces données permettent de faire un point sur les fondamentaux du marché européen.
Selon l’AIB, la demande (utilisations) a augmenté de 22 TWh en Europe entre le 1er avril 2022 et le 31 mars 2023. Si la demande sur la zone AIB continue d’augmenter régulièrement (+48 TWh), la demande « ex domain », c’est-à-dire provenant de pays Européen hors zone AIB, a baissé de 26 TWh.
L’offre (émissions) elle a baissé de 6 TWh, principalement en raison de la baisse de production hydraulique exceptionnelle cette année. Notons que la hausse des puissances installées éoliennes et photovoltaïques a permis de compenser quasiment intégralement le déficit hydraulique.
Finalement, il y a eu plus d’émissions (733 TWh) que d’utilisations (715 TWh) en un an. L’écart est de 18 TWh.
Au 1er avril 2023, le marché européen des GO est long d’au moins 93 TWh, ce qui est sensiblement la même situation qu’un an plus tôt au 1er avril 2022 (94 TWh) et également la même que deux ans plus tôt (90 TWh). Si les acteurs de marché avaient évité l’expiration de 19 TWh de GO au cours de l’année, la longueur serait d’au moins 112 TWh.
L’historique proposé par l’AIB étant limité à 2019 il est probable que la longueur dépasse en réalité largement les 100 TWh car le report de volume de GO non utilisées avant 2019 n’est pas pris en compte dans cet inventaire.
Il est important de se rappeler que le prix des GO a fortement augmenté depuis le début de l’année 2022. La crainte des consommateurs et fournisseurs de se retrouver à court de GO, ainsi que le besoin pour certains producteurs hydrauliques de racheter une partie de leur couverture, a propulsé les prix à 9€/MWh. Sur les fondamentaux cependant, l’AIB révèle a posteriori que rien n’a changé.
Source : Pour tout l’article, AIB : Residual Mixes 2022
Photo de Jose G. Ortega Castro