L’Etat peine à trouver preneur pour ses Garanties d’Origine

Depuis maintenant près d’un an, l’Etat met aux enchères les Garanties d’Origine issues des producteurs d’électricité d’origine renouvelable bénéficiant de subventions. Après des débuts plutôt positifs, la démarche peine à faire ses preuves. Nous vous proposons un point sur l’évolution de ces enchères.

Rappelons avant tout que l’Etat a fait le choix de ne mettre aux enchères que la moitié des Garanties d’Origine à leur disposition. Les GO mises aux enchères correspondent à la production du mois n-3.

Vous trouverez ci-dessous un graphique représentant les quantités vendues et le pourcentage de GO non vendues par l’Etat pour chaque mois de production depuis mars 2019 lors des enchères.

Source : Origo

Nous remarquons que les premiers mois se sont bien vendus. Mais à partir du mois d’octobre 2019, la perte est conséquente, avec un pic à 86% et 84% pour les mois de décembre 2019 et mai 2020. En 2020, hormis les enchères pour la production des mois de janvier et février, chaque session a connu une perte non négligeable. Les enchères des GO de la production des mois de janvier et février 2020 font partie des plus rentables. Les acteurs du marché cherchaient de fait à couvrir au plus tôt leur approvisionnement en Garanties d’Origine pour l’année 2020.

Source : Origo

L’éolien onshore est de loin la technologie la plus vendue dans ces enchères. Plus de 15,5 TWh de ce type de GO ont trouvé preneur depuis la première session. L’éolien est la technologie de production qui se développe le plus depuis quelques années grâce aux subventions étatiques, expliquant l’abondance de l’offre.

Cette difficulté à vendre les GO mises à disposition s’explique essentiellement par la faible demande de la part des consommateurs français. Selon l’AIB, le taux d’utilisation de Garanties d’Origine rapporté à la consommation nationale d’électricité n’est que de 10% tandis que la moyenne au sein de l’Union Européenne est de 26%.

Par ailleurs, l’Etat impose à chaque session un prix plancher choisi arbitrairement. La plupart des acteurs du marché de gros préfèrent alors s’approvisionner directement auprès des producteurs afin de bénéficier de tarifs plus avantageux sur le marché de gré à gré. De fait, le prix moyen d’une GO vendue aux enchères lors de la dernière session était de 0.26€, ce qui est supérieur au prix du marché de gré à gré.

Il existe des solutions pour permettre à ce marché d’être plus dynamique en France. La réglementation devrait laisser le choix aux producteurs bénéficiant de subventions de garder ou non les GO propres à leur production. Cela inciterait les producteurs disposant de meilleures connaissances du marché que l’Etat à développer des offres commerciales. L’Etat pourrait alors récupérer une rémunération directement de la part des producteurs en contrepartie des GO non-cédées, et bénéficierait surtout à moyen terme des conséquences d’un marché plus dynamique sur le prix des GO qu’il lui resterait à vendre via les enchères.

La réglementation pourrait de plus imposer une traçabilité intégrale de chaque MWh consommé, appelé le « full disclosure ». Le principe est simple, chaque MWh consommé doit être adossé à un Garantie d’Origine, que celle-ci soit relative à des énergies renouvelables ou non. Cela s’applique déjà en Autriche, aux Pays-Bas et en Suisse. Ce serait un grand pas en avant pour la transparence du marché français de l’électricité verte.

L’Etat serait donc gagnant à proposer une règlementation plus élégante.


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