Blog

Guide « Scope2 » du Greenhouse Gas Protocol

Nuages

Le Greenhouse Gas Protocol (organisme responsable de l’élaboration de normes internationales sur le calcul du bilan carbone, aussi appelé GHG-Protocol) est le cadre comptable le plus utilisé à l’international pour comprendre, quantifier et gérer les émissions de gaz à effet de serre. Le Greenhouse Gas Protocol est un partenariat multipartite d’entreprises, d’organisations non gouvernementales (ONG), de gouvernements et d’autres parties réunis par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD).

Pour communiquer facilement et en toute transparence sur les émissions et l’origine de l’électricité consommée, le World Resources Institute a publié en janvier 2015 une nouvelle version du guide Accounting Guidance Scope 2 du Greenhouse Gas Protocol.

GO, REC et I-REC sont recommandés

Ce guide comptable présente directement les garanties d’origine (GO), les REC et les I-REC comme les principaux outils permettant d’attester et de suivre l’électricité consommée produite à partir de sources renouvelables. Le guide « Scope 2 Guidance» du GHG Protocol apporte aux entreprises des éclaircissements qui ont le potentiel de transformer les pratiques d’achat de l’énergie dans le monde des entreprises.

Le « Scope 2 » du GHG-P englobe les émissions découlant de la consommation d’électricité, de chaleur ou de vapeur achetée. Les garanties d’origine sont présentées comme le système de traçabilité optimal des caractéristiques énergétiques. Grâce à ce système abouti et résultant d’un travail d’harmonisation de plus de 15 ans, les entreprises sont incitées à documenter leur consommation d’énergie produite à partir de sources renouvelables.

Les garanties d’origine réduisent l’empreinte carbone des entreprises, les aident à prendre conscience de l’origine de l’électricité consommée et signalent au marché que les entreprises préfèrent l’électricité provenant de sources d’énergie renouvelable. Au fil du temps, cette demande incontestable de solutions d’énergie à faible émission de carbone fera évoluer les comportements énergétiques.

Cela encouragera les entreprises à mesurer, gérer et communiquer les émissions de gaz à effet de serre découlant de leur consommation d’électricité et opérera la transition vers les sources renouvelables.

Changements majeurs dans la comptabilité et la communication des émissions liées à l’électricité (« Scope 2 »)

Pour la plupart des entreprises, le « Scope 2 » comprend une méthode fondée sur le marché et à défaut une méthode basée sur la situation géographique.

Les instruments servant de facteurs d’émissions dans la méthode fondée sur le marché doivent répondre aux critères de qualité du « Scope 2 ».

Les entreprises doivent déclarer les caractéristiques principales et le contexte politique de leurs instruments contractuels.

RE100 : communiquer sur la consommation d’électricité verte

Green City

RE100 est une initiative internationale et collaborative, portée par deux ONG, The Climate Group et le CDP, qui regroupe des entreprises influentes  engagées à consommer 100 % d’électricité renouvelable et afin de permettre une augmentation massive de la demande et de la fourniture d’énergies renouvelables. 93 entreprises RE100 ont pris publiquement l’engagement de passer de s’approvisionner à 100 % en électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelable.

L’initiative RE100 a publié un rapport technique intitulé « Making credible renewable electricity usage claims » (formuler des allégations crédibles en matière de consommation d’électricité renouvelable). Ce rapport technique est décrit comme « une immersion technique dans la transparence et la crédibilité des entreprises, auxquelles il explique comment décrire correctement leur [démarche de] consommation d’électricité renouvelable ». Les sociétés achètent de plus en plus d’électricité renouvelable afin de pouvoir affirmer qu’elles consomment de l’électricité entraînant peu ou pas d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et ainsi réduire leur empreinte carbone.

La plupart des sources/technologies d’électricité renouvelable, y compris l’énergie éolienne, solaire, géothermique, hydroélectrique, marine et autres, n’émettent pas directement de GES pour produire de l’électricité. La fourniture d’électricité renouvelable permet ainsi au consommateur d’affirmer qu’il consomme de l’électricité zéro carbone et de réduire par la même occasion la part de son empreinte carbone associée à l’achat d’électricité. Les émissions associées à l’achat d’électricité relèvent du « Scope 2 » de la norme du Greenhouse Gas Protocol destinée aux entreprises.

Des entreprises françaises comme La Poste et le Crédit Agricole ont déjà signé cet engagement.

La future politique européenne en matière d’ENR


La directive européenne relative aux énergies renouvelables

La directive 2009/28/CE relative aux énergies renouvelables a établi un cadre commun pour la promotion des sources d’énergie renouvelable dans l’Union européenne, en définissant des objectifs nationaux contraignants pour atteindre une part d’énergie renouvelable de 20 % de la consommation finale brute d’énergie et de 10 % de l’énergie produite à partir de sources renouvelables dans le secteur des transports d’ici 2020.

La directive confirme que les garanties d’origine servent uniquement à prouver que l’énergie a été produite à partir de sources renouvelables. Tous les États membres sont tenus de démontrer l’origine de l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables.

Cette directive définit un cadre homogène pour l’ensemble des pays de l’UE ainsi que des pays signataires de l’accord (Norvège, Suisse, Islande). Il assure des principes essentiels au développement de l’achat d’électricité d’origine renouvelable. Ainsi la directive précise bien que les garanties d’origine peuvent être vendues directement par le producteur au consommateur sans passer par le commercialisateur d’accès au réseau appelé par raccourci « fournisseur d’électricité » et que celle-ci sert à prouver l’origine de l’électricité consommée.

Considérant 52 de la directive 2009/28/EC:

« Les garanties d’origine, délivrées aux fins de la présente directive, serviraient uniquement à prouver au client final qu’une part ou une quantité déterminée d’énergie a été produite à partir de sources renouvelables. Une garantie d’origine peut être transférée d’un titulaire à un autre, indépendamment de l’énergie qu’elle concerne. Toutefois, pour qu’une unité d’électricité provenant de sources d’énergie renouvelables ne soit communiquée qu’une fois à un client final, il convient d’éviter le double comptage et la double communication des garanties d’origine. L’énergie produite à partir de sources renouvelables dont la garantie d’origine a été vendue séparément par le producteur ne devrait pas être présentée ou vendue au client final en tant qu’énergie produite à partir de sources renouvelables. Il est important de faire la distinction entre les certificats verts utilisés pour les régimes d’aide et les garanties d’origine.»

Directive sur les marchés de l’électricité

La directive sur les marchés de l’électricité (2009/72/CE) impose aux fournisseurs d’électricité européens de communiquer sur les émissions de CO2 et les déchets radioactifs produits par leurs combustibles. Le but de la déclaration de l’origine de l’électricité est de fournir aux consommateurs des informations utiles sur la production d’électricité leur permettant de prendre des décisions éclairées sur leur consommation qui ne reposent pas uniquement sur les prix de l’électricité. Les garanties d’origine favorisent le changement et respectent le droit d’information des consommateurs vis-à-vis des produits qu’ils achètent, soutenant ainsi l’Union dont l’attention porte de plus en plus sur le rôle des consommateurs dans le changement des comportements énergétiques.

La directive européenne relative à la RSE

Les États membres de l’Union européenne avaient jusqu’au 6 décembre 2016 pour se conformer à la directive 2014/95/UE en ce qui concerne la publication d’informations non financières et d’informations relatives à la diversité par les grandes entreprises et les groupes.

La directive

La directive précise la manière dont les grandes entreprises d’intérêt public doivent publier des informations sociales et environnementales dans leurs rapports annuels. Les nouvelles dispositions seront applicables aux entreprises d’intérêt public de plus de 500 salariés. Les entreprises d’intérêt public désignent notamment les entreprises cotées, les banques, les compagnies d’assurance ou les entreprises revêtant un intérêt public en raison de la nature de leur activité, de leur dimension ou de leur statut. Les petites et moyennes entreprises seront exemptées de la nouvelle obligation de déclaration. Dans l’Union Européenne, près de 6000 entreprises d’intérêt public seraient concernées par la directive.

L’information à déclarer inclut les politiques, principaux risques et résultats relatifs aux questions environnementales, sociales et de personnel, de respect des droits de l’homme, de lutte contre la corruption et de diversité de leurs conseils d’administration. Ces rapports permettront aux actionnaires et autres parties intéressées d’avoir une vision globale des performances de l’entreprise.

La réduction des émissions de CO2 et de l’empreinte carbone prend une place de plus en plus importante dans les politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Seule la publication régulière de la consommation d’énergie des entreprises permet aux parties intéressées d’évaluer les émissions de CO2 et l’engagement de réduction de l’empreinte carbone de ces entreprises. Une meilleure transparence énergétique fera évoluer les comportements énergétiques.

« Une transparence accrue grâce à la publication d’informations non financières obligera les grandes entreprises à rendre des comptes aux citoyens européens. Elle permettra aux investisseurs de récompenser les comportements socialement responsables des entreprises, favorisant ainsi une croissance durable, » a affirmé le ministre italien de l’Économie et des Finances Pier Carlo Padoan.

Les entreprises peuvent publier les informations non financières de la manière qui leur semble être la plus appropriée. Celles qui communiquent déjà sur les questions de RSE peuvent annexer les rapports existants au rapport annuel de gestion, à condition qu’ils correspondent au même exercice. Le rapport RSE doit également contenir au minimum les éléments exigés par la directive.

La directive préconise de recourir aux recommandations nationales et internationales, notamment au Pacte mondial des Nations Unies, à la norme ISO 26000 et au Code de développement durable allemand. Les entreprises non européennes peuvent être tenues de respecter la nouvelle directive lorsqu’elles font partie d’une chaîne logistique européenne ou vendent sur le marché européen.

Pour leur apporter des conseils supplémentaires et aider les entreprises à mettre ces dispositions en application, les co-législateurs ont chargé la Commission de rédiger des recommandations non contraignantes sur la méthodologie de publication des informations non financières.

La législation évolue dans le bon sens en Europe.

Le 30 novembre 2016, la Commission Européenne a présenté ses ambitions quant à un nouveau cadre réglementaire assurant la promotion du climat et des énergies renouvelables à l’horizon 2030. Le nouveau paquet législatif « énergie propre » sera adopté à la fin de l’année 2017.

Entre modifications et actualisations, la Commission Européenne revient sur ses objectifs définis en 2009. Ce projet de directive résoudra notamment, en son article 19, le processus de gestion des garanties d’origine émanant de moyens de production bénéficiant de subvention. Auparavant, le fonctionnement différait selon les pays. La plupart laissait le bénéfice des garanties d’origine au producteur mais ce n’était pas le cas de la France et de l’Allemagne. Un principe général semble être sur le point d’être adopté : les garanties d’origine seront transmises à l’Etat en cas de soutien financier destiné au producteur. L’Etat les mettra aux enchères, le montant de leur vente permettant de financer le soutien aux énergies renouvelables.

Objectifs de Développement Durable des Nations Unies

En septembre 2015, les dirigeants internationaux se sont réunis aux Nations Unies et ont adopté 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) en vue d’éradiquer la pauvreté, de garantir la prospérité pour tous et de protéger la planète. L’ensemble des dirigeants ont admis qu’un changement était nécessaire pour endiguer les effets négatifs au niveau mondial affectant les perspectives économiques, sociales et environnementales. Ces 17 objectifs comprennent 169 cibles et indicateurs visant à orienter les actions à entreprendre. Les États membres de l’ONU sont appelés à adapter leurs priorités et orientations politiques aux ODD.

Les ODD sont entrés en vigueur le 1er janvier 2016 et devront être atteints d’ici 2030. Ces objectifs ont également vocations à être reprise au niveau européen. C’est la raison pour laquelle un travail est mené à la Commission Européenne par une équipe dirigée par M. Falkenberg afin d’orienter les nouvelles politiques. Une note stratégique a été publiée à ce sujet.

Les ODD suivent et complètent les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui étaient souvent perçus comme trop restreints et ne prenaient pas en considération les causes profondes de la pauvreté, tout en ignorant notamment l’inégalité entre les sexes et le développement dans son ensemble.

Les ODD doivent être considérés dans leur intégralité, mais les entreprises accorderont probablement la priorité aux objectifs sur lesquels elles peuvent avoir le plus d’impact.

Food Azote
Illustration: J. Lokrantz / Azote

Comment atteindre l’ODD nº 7 : énergie propre et d’un coût abordable

L’objectif nº 7 vise à « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable. » La cible 7.2 indique expressément : « D’ici à 2030, accroître nettement la part de l’énergie renouvelable dans le bouquet énergétique mondial. »

Pour atteindre l’ODD nº 7, une entreprise peut établir l’origine de sa consommation d’électricité dans le monde entier grâce aux Garanties d’Origine en Europe, REC en Amérique du Nord et I-REC dans un nombre croissant de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Greenpeace compare les grands groupes du numérique en fonction de leur achat d’électricité verte

 

La dernière édition du rapport de Greenpeace, Clicking Clean, permet de faire l’état des lieux du mix de consommation électrique en 2016 des grands groupes du secteur des technologies de l’information. Le choix de l’ONG d’attacher une importance particulière à ce secteur est motivé par le fait qu’il représente déjà 7% de la consommation électrique mondiale avec une perspective de croissance forte. En effet, il est attendu que le nombre d’utilisateurs d’internet passe de 3 milliards à 4 milliards d’ici 2020. Si la consommation électrique des appareils à davantage tendance à baisser grâce à leur efficience, l’explosion de l’utilisation des réseaux sociaux et des vidéos en streaming exige de plus en plus de capacité de stockage des serveurs. En conséquence, la part relative des datacenters ne fait qu’augmenter.
On peut observer dans ce rapport la part d’énergie renouvelable utilisée par ces groupes, ainsi que celle des autres énergies, gaz, charbon, nucléaire. A travers un système de notation allant de A à F, Greenpeace complète l’analyse sur leurs politiques d’achat d’électricité.
On retrouve sans surprise Apple, Facebook et Google parmi les entreprises les plus engagées, celles-ci ayant une part importante d’énergie renouvelable dans leur mix de consommation. Ces trois entreprises, notées A, ce sont engagées à passer à de l’électricité de source renouvelable à 100% dans le monde d’ici 2020. Depuis Google a annoncé avoir atteint l’objectif en 2017.
Ce rapport est une preuve de l’importance du choix effectué en termes d’achat d’électricité aux yeux des parties prenantes de la société civile.  Les ONG mais également les régulateurs invitent à plus de transparence sur ce sujet. C’est d’ailleurs l’orientation que prend la proposition de la Commission Européenne dans sa proposition sur les énergies renouvelable pour 2030. La transparence est rendue obligatoire pour les fournisseurs d’électricité sur l’ensemble de l’Union Européenne.

EnregistrerEnregistrer

Les intérêts des énergies renouvelables pour la France ?

Les principaux intérêts des énergies renouvelables se résument en 4 points

Quatre points, qui montrent que l’électricité renouvelable améliore les trois piliers du développement durable : le social, l’environnemental et l’économique.
 L’électricité renouvelable c’est plus d’indépendance énergétique et moins de pollution mais également une industrie moins dangereuse pour l’homme et le développement d’une économie plus locale.

1. Plus d’indépendance énergétique et moins d’enjeux géopolitiques

Le bilan électrique français de 2013 expose le niveau de dépendance de la France vis à vis de ses importations de combustibles. L’électricité produite grâce aux combustibles fossiles et fissiles représente 81% de l’électricité produite. Or, la France importe l’essentiel du gaz, charbon, pétrole et uranium qu’elle utilise, et leurs indices de prix sont globalement à la hausse.
Tableau récapitulatif des importations énergétiques françaises pour la production électrique nationale (2013)
Combustible Quantité importée (Mtep) Part de la production électrique Taux d’importation Pays d’approvisionnement

Combustible Quantité importée (Mtep) Part de la production éléctrique Taux d’importation Pays d’approvisionnement
Uranium 99 73% 100% Canada, Australie, Niger, Kazakhstan, Namibie
Gaz 5 4% 98% Norvège, Pays-Bas, Russie, Algérie
Charbon 3 4% 99% USA, Australie, Colombie, Russie, Afrique du Sud
Pétrole 0,7 1% 99% Russie, Arabie Saoudite, Nigéria, Norvège, Algérie

sources : EDF, Ministère du développement durable, Connaissance des Énergies

Cela crée de véritables problèmes géopolitiques. L’approvisionnement en électricité de la France dépend en effet de peu de pays exportateurs.

Un taux d’indépendance énergétique plus faible qu’annoncé:

Le taux d’indépendance énergétique est « le rapport entre la production nationale d’énergies primaires (charbon, pétrole, gaz naturel, nucléaire, hydraulique, énergies renouvelables) et la consommation en énergie primaire, une année donnée » selon l’Insee.
Toujours selon l’Insee, la France affiche un taux d’indépendance énergétique de 53,5%. Comment ? En considérant que l’uranium n’est pas une ressource importée. Or, comme l’explique très bien Bernard Laponche, polytechnicien spécialiste en physique nucléaire :
« Le fait que l’uranium n’apparaisse pas (comme produit importé) conduit à considérer que la production primaire « nucléaire » est nationale. Avec une production primaire totale de 138,95 Mtep et une consommation primaire totale de 259,82, on trouve bien un taux d’indépendance énergétique de 53,5%. Mais l’uranium est totalement importé, comme l’est la quasi-totalité des trois combustibles fossiles, soit au total environ 90% de la consommation d’énergie primaire. Par conséquent, avec la définition précédente du taux d’indépendance, celui-ci n’est que de 9,1%. » L’uranium dans le mix énergétique français, Bernard Laponche
Augmenter la part d’électricité verte dans le mix électrique français permettrait de pallier ces problèmes. La France a en effet les moyens, grâce à la diversité de son territoire, de recourir à l’ensemble des énergies renouvelables pour produire de l’électricité verte locale sans craindre une éventuelle rupture d’approvisionnement.

2. Le défi de l’électricité verte : conserver une faible émission de CO2 et réduire les déchets nucléaires

Les énergies fossiles font peser un risque environnemental de grande ampleur, celui du dérèglement climatique. Cette « expérience géophysique involontaire de grande ampleur » selon la formule employée dès 1965, par le Science Advisory Committee du président des Etats-Unis est le résultat de la combustion en quelques décennies de réserves de carbone accumulées depuis plusieurs millions d’années. Cela a une action directe sur l’équilibre climatique. Le rapport (année) du GIEC de 2014 annonce une probable augmentation de la température de 4,8 degrés en 2100 avec d’importantes conséquences, pour la plupart déjà visibles (montée des eaux, tensions alimentaires, impact sur la production de richesse…).
La production d’électricité en France, en raison de l’importante part de l’électronucléaire, émet moins de dioxyde de carbone que chez ses pays voisins un kWh d’électricité produit en France a émis 83 g de C02 alors que la moyenne européenne (UE à 15) des émissions de CO2 est de 319 g CO2/kWh, soit environ 4 fois plus.
Mais la France surpasse largement ces derniers concernant la quantité de déchets nucléaires produits (11gr/MWh selon EDF) Le défi d’une transition énergétique verte est donc de conserver ce faible taux d’émission de GES tout en annulant la production de ces déchets. Deux conditions que les renouvelables peuvent remplir.

Un bilan carbone très favorable pour l’éolien et l’hydroélectrique

Grâce à cette analyse de cycle de vie (ACV) qui prend en compte le bilan carbone d’un moyen de production, de sa construction à son démantèlement, nous observons qu’un kWh produit par une éolienne émet 78 fois moins de CO2 pour la production de la même quantité d’électricité qu’une centrale charbon. Nous observons également que le débat du bilan carbone entre une éolienne, une centrale hydraulique et une centrale nucléaire n’a pas d’intérêt au regard des ordres de grandeurs.

Le photovoltaïque, un bilan carbone fortement dépendant du pays de production

Une étude conduite par PricewaterhouseCoopers (PwC) en décembre 2012 a montré que « Quelle que soit la technologie de panneau photovoltaïque, les quantités d’émissions de gaz à effet de serre générées sur l’ensemble du cycle de vie sont nettement inférieures à celles générées par la consommation d’énergie électrique du mix de l’Union pour la coordination du transport de l’électricité (UCTE) ».
A cela, les auteurs de l’étude ajoutent que « La localisation de la production a une influence importante sur les émissions de gaz à effet de serre liées à la phase de production des panneaux photovoltaïques. En effet, ces émissions peuvent varier d’un facteur 10 d’un pays à l’autre (c’est le cas pour la Chine dont le mix est composé à 78% de charbon et la France dont le mix est composé à 76% d’énergie nucléaire) ». Cela donne donc un avantage certain à la filière française, qui devrait ainsi valoriser le faible bilan carbone de sa production de panneaux PV.

Le traitement des déchets nucléaires

La filière électronucléaire française doit traiter les déchets qu’elle produit. De 1974 à 2010, l’hexagone a cumulé 1 320 000 m3 de déchets nucléaires, dont 90% sont des déchets à vie courte. Ces déchets sont stockés dans des sites répartis sur toute la France. L’État répertorie ainsi les sites de stockages, consultables sur le lien ci-dessous.
Les déchets les plus complexes à gérer sont ceux dit « HAVL » soit « haute activité vie longue ». Issus du cœur du réacteur, ils représentent près de 1200 tonnes par an en France, dont une partie est recyclée. Le reste est considéré comme « déchet ultime » et doit donc être stocké pour des durées très longues, plusieurs dizaines de milliers d’années.
Ce stockage est très complexe à mettre en place, étant donné que sur une telle période tout est à reconsidérer. Conditions géologiques, climatiques ou civilisationnelles, tout peut changer dans un tel laps de temps. Ces questions ont été soulevées lors de la mise en place un site de stockage en Finlande et résumées dans un documentaire qui questionne la possibilité d’éternité lorsque l’on considère l’évolution du monde que nous connaissons en 2000 ans.

3. L’électricité verte : un produit moins risqué

C’est un point fort des énergies renouvelables rarement mis en avant. En effet, on a tendance à omettre le caractère intrinsèquement risqué des énergies fossiles et fissiles.
Voici un tableau évaluant le nombre de mort engendré par la production d’électricité dans les pays de l’OCDE. Il s’agit de la moyenne engendrée par les accidents importants (5 morts et plus) engendrant des décès directs. Des bilans plus exhaustifs sont dressés et ceux-ci sont bien plus défavorables aux énergies fossiles et nucléaires. La faible fréquence des accidents nucléaires ne permet pas à cette statistique de prendre en compte le risque nucléaire. C’est pour cela qu’une analyse spécifique des accidents nucléaires majeurs est proposée.

Morts/TWh
Charbon 1,375
Fuel 1,156
Gaz naturel 0,745
Hydro 0,026

source : Origo sur la base d’un rapport de l’OCDE parut en 2010

Les accidents récurrents du nucléaire

Les accidents nucléaires sont les plus connus. Fukushima, Tchernobyl ou encore Kychtym et Three Miles Island sont des noms qui évoquent des catastrophes désastreuses pour l’homme et l’environnement.
Exemple le plus connu, l’impact humain de la catastrophe de Tchernobyl. Ainsi, un rapport de l’OMS et de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) paru en 2004 évalue à 4000 le nombre de décès imputables directement à l’accident. D’autres études comme celle de l’Académie des sciences de New York essayant de chiffrer l’impact global de l’accident avance un chiffre beaucoup plus important de 985 000 morts. Des échelles différentes qui montrent même dans la fourchette basse la dangerosité d’un tel évènement.
Plus récemment, un rapport de l’OMS évaluant les impacts de la catastrophe de Fukushima a montré une augmentation de 70% du risque de contracter un cancer de la thyroïde pour les habitants de la zone la plus proche de la centrale.
Les écosystèmes terrestres et marins ont également été touchés. En mars 2011, le ministère de la Science japonais a mesuré dans l’eau à la sortie de la centrale un taux d’iode radioactif 4 285 fois supérieur à la norme japonaise. Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima, évoque un coût de plus de 100 milliards d’euros (1/20ème du PIB français) pour décontaminer la zone.
De plus, les risques sont supportés par l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du combustible. Extraction, acheminement, enrichissement pour l’uranium, chaque étape comporte son lot de risques. En témoignent les accidents réguliers dans les mines d’uranium.
Mais n’oublions pas que les énergies fossiles aussi sont risquées, et cela concerne comme pour le nucléaire l’ensemble du cycle de vie du combustible, de la mine à la centrale thermique.

Un risque lourd pèse sur le pétrole

En témoigne le nombre élevé de marées noires recensées par le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). L’exemple récent le plus frappant est celui de l’explosion de la plateforme de forage Deepwater Horizon. Responsable de la plus grande marée noire que le golfe du Mexique ait jamais connu, BP a été condamné à de très lourdes amendes par la justice américaine. Un coût qui grève les comptes d’une entreprise pourtant solide, mais qui touche aussi de plein fouet la chaîne de sous-traitance impliquée (Halliburton pour le forage, et Transocean, le propriétaire de la plateforme Deepwater Horizon).

Le charbon, beaucoup d’accidents lors de l’exploitation et de nombreux risques indirects

Le charbon est une énergie fossile avec un bilan humain assez lourd, principalement supporté par les mineurs lors de l’extraction. Eboulement, inondation, inhalation de gaz toxiques, incendie et le très redouté « coup de grisou » (explosion d’un gaz composé essentiellement de méthane) sont le lot des mineurs de charbon. Les morts sont assez fréquents. En 2013, , on dénombre officiellement 1000 morts dans les mines en Chine.
A ces risques directs s’ajoute un risque méconnu, celui des maladies professionnelles. La plus courante est la silicose, contractée suite à la respiration des poussières de charbon. Plusieurs études estiment que le nombre de décès imputables à la silicose au niveau mondial serait 25 fois plus important que les décès directs.
Ainsi, en cumulant les différents types de risques que fait peser l’industrie charbonnière, il apparaît que le charbon est la source d’énergie la plus dangereuse pour la santé publique.
Récemment, le 13 Mai 2014, une explosion dans une mine du district tunisien de Soma a fait 282 morts, comme pour rappeler la dangerosité de cette énergie fossile.

Le gaz, dangereux lors du transport et de la distribution :

Bien qu’il existe des risques importants lors de l’extraction, les accidents liés au gaz touchent principalement le réseau d’approvisionnement et les gazoducs. Ainsi, en France, entre fin 2007 et début 2008, quatre accidents sur des conduites de gaz naturel ont eu lieu, provoquant 2 morts et une cinquantaine de blessés. Ce qui a conduit le gouvernement à réformer le cadre réglementaire pour les travaux à proximité des réseaux de gaz.
Plus important, l’explosion d’un gazoduc en à Ghislenghien, en Belgique, en 2004 a causé la mort de 24 personnes et fait 132 blessés.
Enfin, l’explosion d’une centrale thermique à gaz au Kosovo le 6 juin 2014, causant trois morts et de nombreux blessés vient rappeler que la transformation du gaz en électricité est aussi une étape dangereuse.
Au final, les risques des énergies fossiles, pèsent donc sur la biosphère aussi bien que sur les vies humaines.

4. L’industrie des renouvelables, un secteur industriel à fort capital humain non délocalisable

L’électricité est une marchandise difficile à transporter sur de longues distances. Une électricité verte est donc la garantie d’une économie locale.
De plus, comme le prouve de nombreuses études, le secteur industriel des EnR est un secteur à forte intensité de capital humain, avec une densité en emploi bien supérieure au secteur des énergies classiques. Ainsi, un million d’euros dépensé dans l’industrie du gaz assure l’équivalent de 3 emplois à plein temps alors que la même somme dépensée dans la branche de l’éolien terrestre permet à 13 personnes de travailler à plein temps. On constate donc une intensité en capital humain 4 fois supérieure pour l’éolien.