RECS International a publié en août dernier une synthèse de ses recherches sur l’intérêt de diverses propositions revendiquant l’utilisation de blockchain afin de contribuer à la traçabilité de l’électricité. L’organisation a d’abord étudié les différents projets pour ensuite les questionner et en tirer des conclusions.
Le rapport souligne trois cas différents, un positif et deux alarmants :
Cas n°1 : Des projets proposant d’améliorer le fonctionnement des teneurs de registres.
Certains projets permettent à la traçabilité légale des Garanties d’Origine de s’améliorer. La blockchain permettrait une traçabilité de la production sur un pas de temps plus fréquent (journalier, horaire) ou sur une unité plus petite (de MWh à kWh), permettant de mettre en avant les petits producteurs. Ils ouvriraient la voie à de nouvelles conditions tarifaires basées sur la localisation d’une centrale sur le réseau ou son profil de production. Cela pourrait encourager une meilleure utilisation du réseau. Cette traçabilité permettrait enfin aux différents acteurs du marché de tenir leurs comptes plus régulièrement. Ils s’appuient donc sur le travail de coopération des États de l’Union européenne ayant mis en place un cadre légal pertinent pour l’améliorer en apportant des solutions techniques innovantes.
Cas n°2 : Des projets en parallèle du système actuel
Certains projets ignorent le système de traçabilité légal. Cela peut engendrer de la confusion chez le consommateur et remettre en cause le principe même de consommation d’électricité verte. En effet, une unité de production pourrait donc avoir plusieurs certifications différentes et être utilisée plusieurs fois (double ou triple comptage). Il n’y aurait aucun moyen d’éviter les doublons. Les consommateurs ne pourront pas savoir quel système est plus pertinent qu’un autre, et n’auront donc plus confiance aux différents certificats à cause d’un manque de standardisation. Ils s’éloigneront alors des énergies renouvelables. Enfin, certains projets oublient la notion d’utilisation et donc d’annulation d’un certificat. Ceux-ci proposent un schéma où un certificat peut être utilisé comme une cryptomonnaie, sans jamais être annulé.
Cas n°3 : Des projets peu fiables intrinsèquement
Certains projets de blockchains présentés comme alternative aux Garanties d’Origine pour la traçabilité de l’énergie ne sont pas aussi sécurisés que des blockchains publiques, comme le Bitcoin. Il s’agit de blockchains privées et au profit d’un nombre limité d’utilisateurs (un fournisseur d’électricité par exemple). Les données sont moins vérifiées, il y a moins de contrôle extérieur neutre. L’intérêt est donc moindre.
La popularité du concept de blockchain engendre la multiplication de propositions de la part d’entreprises. Il est important que tous les acteurs du marché restent vigilants concernant la réelle vocation de ces propositions et la robustesse des solutions proposées.