Les intérêts des énergies renouvelables pour la France ?

eoliennes

Les principaux intérêts des énergies renouvelables se résument en 4 points

Quatre points, qui montrent que l’électricité renouvelable améliore les trois piliers du développement durable : le social, l’environnemental et l’économique.
 L’électricité renouvelable c’est plus d’indépendance énergétique et moins de pollution mais également une industrie moins dangereuse pour l’homme et le développement d’une économie plus locale.

1. Plus d’indépendance énergétique et moins d’enjeux géopolitiques

Le bilan électrique français de 2013 expose le niveau de dépendance de la France vis à vis de ses importations de combustibles. L’électricité produite grâce aux combustibles fossiles et fissiles représente 81% de l’électricité produite. Or, la France importe l’essentiel du gaz, charbon, pétrole et uranium qu’elle utilise, et leurs indices de prix sont globalement à la hausse.
Tableau récapitulatif des importations énergétiques françaises pour la production électrique nationale (2013)
Combustible Quantité importée (Mtep) Part de la production électrique Taux d’importation Pays d’approvisionnement

Combustible Quantité importée (Mtep) Part de la production éléctrique Taux d’importation Pays d’approvisionnement
Uranium 99 73% 100% Canada, Australie, Niger, Kazakhstan, Namibie
Gaz 5 4% 98% Norvège, Pays-Bas, Russie, Algérie
Charbon 3 4% 99% USA, Australie, Colombie, Russie, Afrique du Sud
Pétrole 0,7 1% 99% Russie, Arabie Saoudite, Nigéria, Norvège, Algérie

sources : EDF, Ministère du développement durable, Connaissance des Énergies

Cela crée de véritables problèmes géopolitiques. L’approvisionnement en électricité de la France dépend en effet de peu de pays exportateurs.

Un taux d’indépendance énergétique plus faible qu’annoncé:

Le taux d’indépendance énergétique est « le rapport entre la production nationale d’énergies primaires (charbon, pétrole, gaz naturel, nucléaire, hydraulique, énergies renouvelables) et la consommation en énergie primaire, une année donnée » selon l’Insee.
Toujours selon l’Insee, la France affiche un taux d’indépendance énergétique de 53,5%. Comment ? En considérant que l’uranium n’est pas une ressource importée. Or, comme l’explique très bien Bernard Laponche, polytechnicien spécialiste en physique nucléaire :
« Le fait que l’uranium n’apparaisse pas (comme produit importé) conduit à considérer que la production primaire « nucléaire » est nationale. Avec une production primaire totale de 138,95 Mtep et une consommation primaire totale de 259,82, on trouve bien un taux d’indépendance énergétique de 53,5%. Mais l’uranium est totalement importé, comme l’est la quasi-totalité des trois combustibles fossiles, soit au total environ 90% de la consommation d’énergie primaire. Par conséquent, avec la définition précédente du taux d’indépendance, celui-ci n’est que de 9,1%. » L’uranium dans le mix énergétique français, Bernard Laponche
Augmenter la part d’électricité verte dans le mix électrique français permettrait de pallier ces problèmes. La France a en effet les moyens, grâce à la diversité de son territoire, de recourir à l’ensemble des énergies renouvelables pour produire de l’électricité verte locale sans craindre une éventuelle rupture d’approvisionnement.

2. Le défi de l’électricité verte : conserver une faible émission de CO2 et réduire les déchets nucléaires

Les énergies fossiles font peser un risque environnemental de grande ampleur, celui du dérèglement climatique. Cette « expérience géophysique involontaire de grande ampleur » selon la formule employée dès 1965, par le Science Advisory Committee du président des Etats-Unis est le résultat de la combustion en quelques décennies de réserves de carbone accumulées depuis plusieurs millions d’années. Cela a une action directe sur l’équilibre climatique. Le rapport (année) du GIEC de 2014 annonce une probable augmentation de la température de 4,8 degrés en 2100 avec d’importantes conséquences, pour la plupart déjà visibles (montée des eaux, tensions alimentaires, impact sur la production de richesse…).
La production d’électricité en France, en raison de l’importante part de l’électronucléaire, émet moins de dioxyde de carbone que chez ses pays voisins un kWh d’électricité produit en France a émis 83 g de C02 alors que la moyenne européenne (UE à 15) des émissions de CO2 est de 319 g CO2/kWh, soit environ 4 fois plus.
Mais la France surpasse largement ces derniers concernant la quantité de déchets nucléaires produits (11gr/MWh selon EDF) Le défi d’une transition énergétique verte est donc de conserver ce faible taux d’émission de GES tout en annulant la production de ces déchets. Deux conditions que les renouvelables peuvent remplir.

Un bilan carbone très favorable pour l’éolien et l’hydroélectrique

Grâce à cette analyse de cycle de vie (ACV) qui prend en compte le bilan carbone d’un moyen de production, de sa construction à son démantèlement, nous observons qu’un kWh produit par une éolienne émet 78 fois moins de CO2 pour la production de la même quantité d’électricité qu’une centrale charbon. Nous observons également que le débat du bilan carbone entre une éolienne, une centrale hydraulique et une centrale nucléaire n’a pas d’intérêt au regard des ordres de grandeurs.

Le photovoltaïque, un bilan carbone fortement dépendant du pays de production

Une étude conduite par PricewaterhouseCoopers (PwC) en décembre 2012 a montré que « Quelle que soit la technologie de panneau photovoltaïque, les quantités d’émissions de gaz à effet de serre générées sur l’ensemble du cycle de vie sont nettement inférieures à celles générées par la consommation d’énergie électrique du mix de l’Union pour la coordination du transport de l’électricité (UCTE) ».
A cela, les auteurs de l’étude ajoutent que « La localisation de la production a une influence importante sur les émissions de gaz à effet de serre liées à la phase de production des panneaux photovoltaïques. En effet, ces émissions peuvent varier d’un facteur 10 d’un pays à l’autre (c’est le cas pour la Chine dont le mix est composé à 78% de charbon et la France dont le mix est composé à 76% d’énergie nucléaire) ». Cela donne donc un avantage certain à la filière française, qui devrait ainsi valoriser le faible bilan carbone de sa production de panneaux PV.

Le traitement des déchets nucléaires

La filière électronucléaire française doit traiter les déchets qu’elle produit. De 1974 à 2010, l’hexagone a cumulé 1 320 000 m3 de déchets nucléaires, dont 90% sont des déchets à vie courte. Ces déchets sont stockés dans des sites répartis sur toute la France. L’État répertorie ainsi les sites de stockages, consultables sur le lien ci-dessous.
Les déchets les plus complexes à gérer sont ceux dit « HAVL » soit « haute activité vie longue ». Issus du cœur du réacteur, ils représentent près de 1200 tonnes par an en France, dont une partie est recyclée. Le reste est considéré comme « déchet ultime » et doit donc être stocké pour des durées très longues, plusieurs dizaines de milliers d’années.
Ce stockage est très complexe à mettre en place, étant donné que sur une telle période tout est à reconsidérer. Conditions géologiques, climatiques ou civilisationnelles, tout peut changer dans un tel laps de temps. Ces questions ont été soulevées lors de la mise en place un site de stockage en Finlande et résumées dans un documentaire qui questionne la possibilité d’éternité lorsque l’on considère l’évolution du monde que nous connaissons en 2000 ans.

3. L’électricité verte : un produit moins risqué

C’est un point fort des énergies renouvelables rarement mis en avant. En effet, on a tendance à omettre le caractère intrinsèquement risqué des énergies fossiles et fissiles.
Voici un tableau évaluant le nombre de mort engendré par la production d’électricité dans les pays de l’OCDE. Il s’agit de la moyenne engendrée par les accidents importants (5 morts et plus) engendrant des décès directs. Des bilans plus exhaustifs sont dressés et ceux-ci sont bien plus défavorables aux énergies fossiles et nucléaires. La faible fréquence des accidents nucléaires ne permet pas à cette statistique de prendre en compte le risque nucléaire. C’est pour cela qu’une analyse spécifique des accidents nucléaires majeurs est proposée.

Morts/TWh
Charbon 1,375
Fuel 1,156
Gaz naturel 0,745
Hydro 0,026

source : Origo sur la base d’un rapport de l’OCDE parut en 2010

Les accidents récurrents du nucléaire

Les accidents nucléaires sont les plus connus. Fukushima, Tchernobyl ou encore Kychtym et Three Miles Island sont des noms qui évoquent des catastrophes désastreuses pour l’homme et l’environnement.
Exemple le plus connu, l’impact humain de la catastrophe de Tchernobyl. Ainsi, un rapport de l’OMS et de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) paru en 2004 évalue à 4000 le nombre de décès imputables directement à l’accident. D’autres études comme celle de l’Académie des sciences de New York essayant de chiffrer l’impact global de l’accident avance un chiffre beaucoup plus important de 985 000 morts. Des échelles différentes qui montrent même dans la fourchette basse la dangerosité d’un tel évènement.
Plus récemment, un rapport de l’OMS évaluant les impacts de la catastrophe de Fukushima a montré une augmentation de 70% du risque de contracter un cancer de la thyroïde pour les habitants de la zone la plus proche de la centrale.
Les écosystèmes terrestres et marins ont également été touchés. En mars 2011, le ministère de la Science japonais a mesuré dans l’eau à la sortie de la centrale un taux d’iode radioactif 4 285 fois supérieur à la norme japonaise. Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima, évoque un coût de plus de 100 milliards d’euros (1/20ème du PIB français) pour décontaminer la zone.
De plus, les risques sont supportés par l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du combustible. Extraction, acheminement, enrichissement pour l’uranium, chaque étape comporte son lot de risques. En témoignent les accidents réguliers dans les mines d’uranium.
Mais n’oublions pas que les énergies fossiles aussi sont risquées, et cela concerne comme pour le nucléaire l’ensemble du cycle de vie du combustible, de la mine à la centrale thermique.

Un risque lourd pèse sur le pétrole

En témoigne le nombre élevé de marées noires recensées par le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). L’exemple récent le plus frappant est celui de l’explosion de la plateforme de forage Deepwater Horizon. Responsable de la plus grande marée noire que le golfe du Mexique ait jamais connu, BP a été condamné à de très lourdes amendes par la justice américaine. Un coût qui grève les comptes d’une entreprise pourtant solide, mais qui touche aussi de plein fouet la chaîne de sous-traitance impliquée (Halliburton pour le forage, et Transocean, le propriétaire de la plateforme Deepwater Horizon).

Le charbon, beaucoup d’accidents lors de l’exploitation et de nombreux risques indirects

Le charbon est une énergie fossile avec un bilan humain assez lourd, principalement supporté par les mineurs lors de l’extraction. Eboulement, inondation, inhalation de gaz toxiques, incendie et le très redouté « coup de grisou » (explosion d’un gaz composé essentiellement de méthane) sont le lot des mineurs de charbon. Les morts sont assez fréquents. En 2013, , on dénombre officiellement 1000 morts dans les mines en Chine.
A ces risques directs s’ajoute un risque méconnu, celui des maladies professionnelles. La plus courante est la silicose, contractée suite à la respiration des poussières de charbon. Plusieurs études estiment que le nombre de décès imputables à la silicose au niveau mondial serait 25 fois plus important que les décès directs.
Ainsi, en cumulant les différents types de risques que fait peser l’industrie charbonnière, il apparaît que le charbon est la source d’énergie la plus dangereuse pour la santé publique.
Récemment, le 13 Mai 2014, une explosion dans une mine du district tunisien de Soma a fait 282 morts, comme pour rappeler la dangerosité de cette énergie fossile.

Le gaz, dangereux lors du transport et de la distribution :

Bien qu’il existe des risques importants lors de l’extraction, les accidents liés au gaz touchent principalement le réseau d’approvisionnement et les gazoducs. Ainsi, en France, entre fin 2007 et début 2008, quatre accidents sur des conduites de gaz naturel ont eu lieu, provoquant 2 morts et une cinquantaine de blessés. Ce qui a conduit le gouvernement à réformer le cadre réglementaire pour les travaux à proximité des réseaux de gaz.
Plus important, l’explosion d’un gazoduc en à Ghislenghien, en Belgique, en 2004 a causé la mort de 24 personnes et fait 132 blessés.
Enfin, l’explosion d’une centrale thermique à gaz au Kosovo le 6 juin 2014, causant trois morts et de nombreux blessés vient rappeler que la transformation du gaz en électricité est aussi une étape dangereuse.
Au final, les risques des énergies fossiles, pèsent donc sur la biosphère aussi bien que sur les vies humaines.

4. L’industrie des renouvelables, un secteur industriel à fort capital humain non délocalisable

L’électricité est une marchandise difficile à transporter sur de longues distances. Une électricité verte est donc la garantie d’une économie locale.
De plus, comme le prouve de nombreuses études, le secteur industriel des EnR est un secteur à forte intensité de capital humain, avec une densité en emploi bien supérieure au secteur des énergies classiques. Ainsi, un million d’euros dépensé dans l’industrie du gaz assure l’équivalent de 3 emplois à plein temps alors que la même somme dépensée dans la branche de l’éolien terrestre permet à 13 personnes de travailler à plein temps. On constate donc une intensité en capital humain 4 fois supérieure pour l’éolien.