En marge de la COP 25 gouvernée par le Chili et qui s’est déroulée du 2 au 13 décembre en Espagne, l’Europe s’est montrée entreprenante. L’urgence climatique a été votée et mise sur papier à travers la rédaction d’un Pacte Vert visant à augmenter les actions et atteindre la neutralité carbone en 2050. Il a aussi été décidé que l’énergie nucléaire serait incluse dans le mix énergétique européen pour répondre aux enjeux climatiques. Enfin, la France sera encore plus au cœur du réseau électrique européen avec l’ouverture de nouvelles interconnexions.
Le Pacte Vert a pour objectif de développer une économie et une société durables et saines pour l’environnement, en prenant en compte tous les acteurs y compris les citoyens. Il présente une première feuille de route des différentes actions et règles à mettre en place. Concernant l’énergie, l’Europe rappelle que le réseau électrique doit être majoritairement alimenté par les énergies renouvelables, en complément d’une sortie rapide des énergies fossiles. L’Europe insiste par ailleurs sur l’importance du développement de l’éolien off-shore. Aussi, pour que chacun puisse avoir de l’énergie à prix abordable et en toute sécurité, le marché européen doit être entièrement intégré, interconnecté et digitalisé. Enfin, l’UE attend la révision des plans énergétiques et climatiques des pays membres d’ici la fin de l’année 2019. Ceux-ci doivent être ambitieux et répondre aux nouveaux objectifs européens. L’Europe se permettra de réviser ces plans s’ils ne les considèrent pas suffisants. Il faut savoir que la Pologne est pour le moment le seul pays à être en désaccord avec ce Pacte, elle qui a un mix de production dominé à plus de 76%[1] par le charbon.
Lors de la Conférence des Nations Unies, l’Europe s’est résignée à inclure le nucléaire dans la transition énergétique. En effet, le Parlement « estime que l’énergie nucléaire peut contribuer à atteindre les objectifs en matière de climat dès lors que c’est une énergie qui n’émet pas de gaz à effet de serre, et qu’elle peut également représenter une part non négligeable de la production électrique en Europe ; considère néanmoins qu’en raison des déchets qu’elle génère, cette énergie nécessite une stratégie à moyen et long terme qui tienne compte des avancées technologiques (laser, fusion, etc.) visant à améliorer la durabilité du secteur »[2]. Aucune feuille de route n’a été proposée à ce sujet pour le moment. De leur côté, les énergies renouvelables devront correspondre à 32% du mix d’ici 2030, mais le Parlement incite le Conseil et la Commission à prendre des mesures additionnelles.
A côté des différentes annonces, la Commission Européenne a accepté de subventionner une nouvelle interconnexion entre la France et l’Irlande, permettant à l’Irlande de ne plus être dépendante du Royaume-Uni. La mise en service est prévue pour 2026 et devrait coûter 930 millions d’euros, sachant que l’Europe participerait à hauteur de 530 millions d’euros. Cette nouvelle confirme la volonté de l’Europe à créer une « solidarité électrique », où aucun pays n’est mis de côté et qui devrait favoriser le développement des énergies renouvelables. En effet, chaque état membre doit augmenter sa capacité d’interconnexion à l’étranger pour atteindre au moins les 15% de sa puissance installée d’ici 2030. La France tient ici un rôle majeur : elle sera donc connectée à un septième pays et quatre autres interconnexions sont en projet et validées par l’UE – deux avec le Royaume-Unis, une avec l’Espagne et une avec l’Italie.
La France doit maintenant confirmer sa place forte en devenant l’un des principaux pays consommateurs d’électricité verte du continent.
[1] https://www.aib-net.org/sites/default/files/assets/facts/residual-mix/2018/AIB_2018_Residual_Mix_Results_1_4.pdf
[2] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2019-0079_FR.html