Fin mars, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié son dernier rapport mettant en exergue ses projections en termes d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées à la production d’énergie dans le monde. Bien que bon nombre de projets et planifications soit mis en place, les résultats ne sont pas très positifs.
Deux constats majeurs sont établis au sein de ce dossier ; l’augmentation de la demande d’énergie et les émissions carbone associées.
Plusieurs raisons préfigurent l’augmentation de la demande d’énergie. Tout d’abord, une forte progression de l’économie mondiale avec une hausse du PIB avoisinant les 3,7% en 2018. En second lieu, les conditions météorologiques, et des températures dérégulées auxquelles les populations ont dû faire face. La Chine, l’Inde et les Etats-Unis ont contribué pour 70% de la hausse de la demande en énergie.
Commençons par quelques chiffres afin d’illustrer cette demande ; 4,6%, 1,3% et 0,7% sont respectivement les augmentations des besoins liés au gaz, pétrole et charbon d’une année à l’autre. L’AIE nous annonce que cela représente le quart de la croissance de la demande mondiale de l’énergie !
En résulte une forte hausse des émissions CO2 associées à cette production d’énergie – 1,7% de plus pour atteindre un sommet historique de 33,1 Gt CO2 en 2018 – émanant principalement de la trop importante utilisation, encore aujourd’hui, du gaz et du charbon.
Parallèlement à l’augmentation des énergies fossiles, les énergies renouvelables ont tiré leur épingle du jeu mais pas en quantité suffisante. Elle représente 45% de la croissance 2018 des énergies produites.
La Chine, les Etats-Unis et l’Inde sont les plus grands consommateurs d’énergie. Mais qu’en est-il du vieux continent ? Une singularité du paysage énergétique et économique se dessine en Europe. A l’inverse des autres pays, la demande en énergie s’est décorrélée de la croissance économique. Malgré une croissance de 1,8%, la consommation d’énergie n’a augmenté que de 0,2% soit 2010 Mtep de plus.
Nous retenons deux commentaires de l’AIE :
« Alors que les émissions de tous les combustibles fossiles ont augmenté, le secteur de l’électricité a représenté près des deux tiers de la croissance des émissions […] La croissance de 560 Mt enregistrée l’an dernier était équivalente aux émissions totales de l’aviation internationale. »
« Les énergies renouvelables ont couvert près de 45% de la croissance de la production mondiale d’électricité et représentent désormais plus de 25% de la production mondiale. »
L’AIE soutient que les énergies renouvelables ont eu un impact non négligeable sur les émissions de CO2 liées à la production d’énergie. Il a été estimé que 215 Mt d’émissions ont été évitées par ce processus. Selon cette analyse, sans le passage aux énergies à faible émission carbone, « la croissance des émissions aurait été supérieure de 50%. ». En effet, la production d’électricité à partir de sources renouvelables a augmenté de plus de 7% en 2018, injectant 450 TWh supplémentaires dans les réseaux électriques mondiaux, soit la demande totale d’électricité du Brésil. L’augmentation de la production d’électricité par ce biais reste encore toutefois insuffisante pour suivre la progression de la demande.
L’Europe a connu une baisse de 1,3% des émissions liées à la production d’énergie notamment due la diminution de la consommation du charbon et du pétrole en Allemagne dans le secteur de l’électricité accompagnée d’une forte haute de la production d’électricité à partir de renouvelable.
Enfin, l’AIE confirme que l’utilisation des énergies renouvelables doit augmenter beaucoup plus rapidement pour être en mesure d’atteindre les objectifs climatiques à long terme et conclut en orientant vers les programmes permettant des scénarios plus durables.