Le 23 Octobre 2014, les décideurs européens se sont réunis à Bruxelles pour envisager l’avenir du paquet énergie-climat. Adopté en 2008 en partie grâce à la pression de la France alors à la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne, ce dernier s’est traduit par le fameux « objectif 3 fois 20 pour 2020 » : 20% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique européen, -20% d’émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 et une amélioration de 20% de l’efficacité énergétique. Alors que les pays membres de l’UE font d’importants efforts et semblent sur la bonne voie pour atteindre ces objectifs, les décideurs doivent voir à plus long terme et décider quel sera le cœur de la stratégie « Energie-Climat » de l’UE à l’horizon 2030.
Le cadre qui est en train de se structurer reste sur la même longueur d’onde, et cherche à entrecroiser respect du climat et croissance économique en faisant la promotion d’une « économie bas carbone ». Pour assurer cette transition systémique, le projet s’appuie sur 4 piliers :
- Réduction des gaz à effet de serre d’au moins 40 % :
Le premier objectif de cette stratégie s’inscrit dans la droite ligne du premier seuil de -20% d’émissions de gaz à effet de serre pour 2020 et est une étape intermédiaire pour atteindre les -80% anticipés pour 2050. De plus, en fixant ainsi un objectif clairement établi et juridiquement contraignant, l’Union peut se placer en leader des négociations sur le climat et participer activement à la COP 21 à Paris.
- Amener la part des renouvelables à 27% :
L’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen est un symbole de ce double objectif économique et climatique. Cet objectif est contraignant non plus pour les Etats membres mais pour l’Union en elle-même.
- Porter l’efficacité énergétique à 27% :
Alors que la Commission proposait un objectif de 30% en vertu de la directive sur l’efficacité énergétique, le Conseil Européen préfère un objectif de 27% avec une possibilité de modification en 2020.
- Réformer le marché carbone européen :
Le marché carbone européen (EU ETS), véritable laboratoire empirique de la mise en place d’un outil de marché pour réguler les émissions de gaz à effet de serre, est régulièrement décrié pour son manque d’efficacité. Cela est pour simplifier le résultat d’un surplus massif de quotas carbone. De plus, les acteurs du marché ont besoin d’une visibilité à long terme, ce qui était jusqu’à présent une gageure.
L’UE se fixe donc comme objectif ambitieux de réformer et de renforcer cet outil précurseur de la lutte contre le changement climatique. Pour cela, la Commission va chercher à établir une réserve de stabilité lors de la prochaine phase du marché carbone, commençant en 2021. Cela permettra de juguler le surplus de quotas. De plus, le régulateur européen va accélérer la baisse de l’allocation de quotas de 1,74% à 2,2% par an à partir de 2021, garantissant ainsi une certaine tension sur le marché.