Depuis cinq mois maintenant, l’Etat français met aux enchères les Garanties d’Origine émanant de la production d’électricité des centrales bénéficiant de subventions, soit de l’obligation d’achat, soit du complément de rémunération. C’est ainsi que la DGEC a tenté de maximiser le profit de l’Etat en ayant une stratégie de mise en vente progressive des volumes produits. Cette stratégie est déployée par l’utilisation de deux leviers : le prix de référence et la mise sur le marché de volume à sa convenance.
Si le prix de référence a toujours été caché, il s’est révélé au cours des enchères relatives à la production du mois d’octobre 2019. Sur les 2 TWh mis en vente, seuls 800 GWh ont trouvé preneurs. Et ce pour la simple raison que les offres d’achat proposées en dessous de 0,10€/MWh n’ont pas été satisfaites. Pour ce qui est des volumes mis en vente jusqu’alors, l’Etat a systématiquement proposé que 50% des volumes produits, le reste étant donc valorisé à 0€ et non utilisé.
A ce stade, nous vous proposons un bilan de cette décision de mise aux enchères de Garanties d’Origine.
Sur les cinq sessions d’enchères concernant huit mois de production d’électricité, l’Etat a réalisé un gain de 4.9 millions d’euros pour un volume total vendu de 13 TWh. Cela représente donc un prix moyen de 0,37€/MWh. Le prix moyen diffère d’une technologie à l’autre : 0,50€/MWh pour le solaire, 0,38€/MWh pour l’éolien, 0,30€ pour l’hydraulique et 0,28€/MWh pour la biomasse. Nous pouvons voir une nette baisse des prix à partir du mois d’avril, mois qui s’est révélé en forte hausse par rapport au mois de mars.
La forte différence entre les mois de mars et d’avril s’explique par le mécanisme de soutien aux énergies renouvelables au Royaume-Uni. Les mécanismes du « non-UK FIT » et « non-UK CfD » font bénéficier aux fournisseurs anglais un remboursement de taxe en cas d’utilisation de certaines GO provenant d’autres Etats membres. Ils ont ainsi créé un appétit pour les GO françaises, en particulier pour le solaire et l’éolien, d’où l’atteinte de prix supérieur à 1€/MWh. Il ne s’agissait donc pas de préférence de technologie en soit. La raison expliquant l’intérêt des fournisseurs d’outre-manche fut que l’éolien et le solaire français étaient pour la plupart des installations de moins de 5 ans et d’une puissance installée inférieure à 5MW, critères d’éligibilité à l’exemption de taxe. Cet effet d’aubaine s’est fait moins ressentir pour finalement disparaître à la suite de l’annonce de l’Ofgem, le régulateur anglais, de ne pas reconnaître ces GO françaises comme éligibles aux mécanismes.
A partir du mois de juillet, le prix des GO françaises s’est aligné sur les prix européens tout en continuant à faire baisser ces derniers en raison de l’importante offre apportée au marché européen par l’Etat français.
En guise de bilan, nous pouvons souligner la bonne réalisation des enchères et les importants volumes qui ont été vendus. Le prix moyen de vente reste très bas et en baisse. Nous pouvons enfin constater que les prix d’achat proposés par les acteurs du marché sont désormais majoritairement en dessous du prix de réserve.